Ce 26 août : chute mondiale des bourses et reprise européenne endommagée ?

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Une des plus importantes conférences annuelles au monde, la réunion annuelle des banques centrales, nommée Economic Policy Symposium ou plus communément Jackson Hole, se déroulera du 26 au 28 août 2021. Très attendue par les marchés, cette réunion devrait permettre aux banques centrales de fixer le cap pour la fin de la reprise économique mondiale.

Ce 26 août : chute mondiale des bourses et reprise européenne endommagée ?

Ce 26 août à Jackson Hole, lieu de rencontre des financiers mondiaux sous la houlette de la Banque centrale américaine (la Fed). Jay Powell, son patron, y jouera gros jeu. Il devrait annoncer que la Fed soutiendra moins le Trésor US, en achetant moins de ses bons, donc en réduisant le Quantitative Easing. Mais il doit bien le faire, pour éviter un plongeon boursier et un ralentissement mondial, qui touchera notamment la zone euro. Mais pourquoi donc cette reprise américaine est-elle si fragile ?

Oui, un tantrum menace les marchés de la dette à long terme, avec les États-Unis comme épicentre, si Jay Powell ne mesure pas ses mots, pour annoncer la normalisation, très graduelle, de la politique monétaire américaine. Et pourtant, voilà des semaines que des responsables de la Fed en parlent à tour de rôle, avec certes des nuances, pour préparer le terrain. Mais on ne sait jamais…

Un Tantrum ? Une colère. Oui, c’est ce qui angoisse les marchés (et donc aussi Jay Powell) : une colère, comme celle d’un enfant, comme celle qu’avait piquée les marchés financiers quand Ben Bernanke avait annoncé en mai 2013, pourtant très prudemment, qu’il envisageait de réduire ses achats (tapering, réduction, effilochage) dans les prochaines réunions de la Fed. Il avait à l’époque de bonnes raisons pour agir ainsi : une amélioration continue de l’économie, après la crise des subprimes qui avait fait craindre un 1929 en pire et un réveil timide de l’inflation. Tout cela lui donnait de la légitimité et du temps, pour agir graduellement. Mais, à ce moment-là, les marchés ne l’entendent pas du tout de cette oreille : ils veulent que le quantitative easing continue ! C’est le taper tantrum : la colère de la réduction ! Les taux longs montent brusquement, les bourses baissent, une onde de choc se répand et secoue le monde financier. Quelle surprise ! Quelle leçon !

Un Taper Tantrum puissance 10 ? C’est bien le risque d’explosion aujourd’hui, avec la masse de bons du trésor que détient la Fed : près de la moitié du PIB américain, contre 25% en 2013, quand Bernanke parlait ! Et pourtant, le PIB est reparti à un niveau supérieur à celui d’avant le COVID-19, et pourtant le taux de chômage est plus faible qu’alors, à 5,4% aujourd’hui contre 7,5%, mais le taux d’inflation sous-jacente (hors nourriture et énergie, volatiles) est bien plus fort, à 3,7% contre 1,4% à l’époque. Donc il faut agir.

Et le plafond de la dette publique américaine autorisée est dépassé, comme en 2013 ! C’est plus dangereux aujourd’hui quand elle atteint plus de 128% du PIB américain, contre 101% en 2013, puis la bourse a profité de ces taux bas pour doubler ! A l’époque déjà le Congrès ne voulait pas monter le plafond de la dette et menaçait les États-Unis de défaut. En 2013, la Fed avait pris la menace au sérieux et fait une réunion spéciale « au cas où ». Depuis, nous vivons sous la menace du défaut américain. Surtout, la situation est plus dangereuse aujourd’hui où l’opposition politique entre Républicains et Démocrates est bien plus violente et échappe à des craintes financières et économiques en cas de défaut, sachant que la bourse est sur un nuage.

On nous dira que la dette américaine qui monte se place sans problème à 1,3%, au tiers de l’inflation ! La dette et l’inflation font baisser les taux : rien de mieux que la dette américaine ! Le Variant Delta, émanation du COVID-19, explique cet incroyable rêve où se trouve la finance américaine : la montée de l’inflation américaine ne fait pas monter les taux d’intérêt, avec l’idée que la pandémie pourrait s’aggraver et qu’il n’y a pas de meilleur placement sans risque. L’inflation est alors vue comme « transitoire », dans une économie qui ne peut que mieux remonter, car elle peut le plus s’endetter.

Mais comment les marchés vont-ils réagir, en pleine crise afghane, qui est un échec analytique sans égal (sans parler de ses aspects humains), quand Jay Powell dira qu’il envisage d’acheter chaque mois moins de 120 milliards de dollars ? Ceci au moment même où un programme de plus d’1 trillion de dollars de dépenses a été voté, plus un autre de 3 trillions se prépare : s’endetter plus, moins cher parce qu’on est jugé plus sûr n’a de sens que si on l’est, sûr de son jugement notamment.

Dans ce contexte de montée des risques globaux, la Banque Centrale Européenne n’a aucun choix que de s’endetter plus et doit l’expliquer, pour renforcer la croissance et faire de la zone euro une zone sûre, tout étant relatif bien sûr. Il n’est pas certain qu’elle convaincra rapidement de ces nouvelles réalités géopolitiques, dans une Europe plus endettée qui ne se renforce pas assez. Plus tôt et plus forts seront ses messages, mieux ce sera. Les marchés chercheront peut être alors un peu plus analytique et constant dans la démarche : ici ?


Atlantico

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