Le vrai discours de Jean-Claude Juncker à Strasbourg

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 Le vrai discours de Jean-Claude Juncker à Strasbourg

Dicté par lui, avant d’être (complètement) réécrit par ses services

 

Responsables européens !

Responsables de quoi, je voudrais bien le savoir, ou bien irresponsables ?

 

Comment va donc finir cette fantastique aventure européenne ? Permettez-moi de vous dire ce que j’ai sur le cœur, quand j’approche de la fin de mon dernier mandat, le plus long, le plus pénible, le plus désespérant surtout. Encore quelques mois, et je serai de retour dans les brumes du Luxembourg, entouré peut-être de celles de l’Europe. Est-ce bien ce que nous voulons ? Regardons autour de nous.

Regardons le Brexit. C’est une catastrophe pour le Royaume Uni d’abord. Mais il l’a voulue. Alors, au lieu de le reconnaître et de voir comment s’en sortir au mieux, lui et nous, il cherche à nous pourrir la vie, sur le continent. Pour prouver qu’il a eu bien raison. Et nous, nous nous battons comme des chiffonniers pour voir débarquer chez l’un plus de banquiers que chez l’autre, avec aussi plus de ces fonctionnaires européens basés à Londres. Mais on pourra difficilement les payer, sans compter les retraités !

Regardons la Catalogne. Quelques indépendantistes veulent quitter l’Espagne, mais pas l’euro, alors qu’ils savent très bien que c’est impossible. L’Espagne voit le bout du tunnel… et ils veulent la faire reculer ! Et ceci donne des idées à des Flamands qui ne supportent plus ces francophones de Wallons. Et voilà que des Basques se réveillent, en attendant les Corses, puis les Ecossais !

Regardons les pays de l’Est. Grâce à l’Europe, ils sont sortis du joug soviétique. Leur situation économique et sociale en est devenue méconnaissable. Mais au lieu d’en profiter et de se rapprocher encore plus de nous, ils veulent renforcer leur souveraineté récente, contre nous ! C’est fou ce qui se passe en Pologne, en Hongrie, en Tchéquie : la nostalgie des démocraties populaires ?

Regardons comment la Russie nous regarde, elle qui se rapproche de la Turquie et de l’Arabie Saoudite, et s’installe en Crimée. Regardons la Chine, qui achète des ports en Grèce et en Italie, des perles technologiques en Allemagne et touristiques en France, en attendant de nous insérer dans ses relations, amicales bien sûr, par voies ferroviaires et navales interposées.

Regardons ce qui se passe avec notre allié historique, et sauveteur, les Etats-Unis. Ils se recroquevillent chez eux, tout en voulant rester aussi influents. Mais si on ne veut plus acheter les produits de vos amis et moins encore recevoir, former et employer leurs enfants, ils le sont de moins en moins ! Ils vont voir ailleurs, et la Chine leur ouvre ses bras ! La logique de Donald Trump peut échapper aux cartésiens qui sont encore dans cette salle.

Regardons alors la pendule, pour savoir combien de temps tout ceci tiendra. Avouons que ceci dépend de l’Allemagne et d’Angela Merkel, un peu de ses amis du Nord, du jeune Macron, et peut-être aussi de certains qui, au Sud, se mettent à comprendre.

Regardons la Banque centrale européenne avec Mario Draghi. Il tient la barre et des discours ! Surtout, il achète chaque mois pour 60 milliards d’euros de bons du trésor que nous produisons, avec nos déficits publics. Aussi longtemps qu’il le fera, tout ce beau monde s’imaginera qu’il n’a pas de problème et peut continuer. Mais bientôt ce sera 30 !

Regardons la Grèce qui émet un peu de dette, et se croit guérie ! Puis Chypre. Et Malte et l’Irlande s’opposent à l’Allemagne dans sa « prétention » à collecter des impôts sur ce que Google gagne sur son propre sol ! Courageux ou profiteurs ? Pendant ce temps, la révolution technologique avance, détruit les emplois anciens et menace ceux qui ne veulent pas se réformer, changer, apprendre.

Réveillons-nous ! Faudra-t-il attendre les missiles de Corée du Nord qui vont rendre Trump plus fou encore ? Avec le krach boursier qui suivra ?

Réveillons-nous ! Autrement cela risque d’être bien tard. Réveillons-nous ! Car l’Europe dispose encore, et je dis bien « encore », des moyens, des courages, des cerveaux, des bras, et aussi des sous, pour avancer dans ce monde qui change si vite, sous nos yeux. Aujourd’hui, suite à ce qui se passe avec Donald Trump, ce sont nos valeurs qui sont en jeu, celles que nous avons apportées au monde. Et c’est bien autre chose que la TVA de l’un, la taxe Google de l’autre ou le Glyphosate du troisième !

Réveillons-nous ! Mais… il est six heures à Bruxelles ! Je n’ai pas beaucoup dormi. Allons, j’arrête mon vieux dictaphone.