Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris vont ce soir s’achever et entrer au plus haut dans nos mémoires. Faudra-t-il attendre 2124, les prochains Jeux ici, ou 2028, Los Angeles, pour en tirer les leçons ? Ou commencer notre (psy)chanalyse ? Essayons.
Ensemble : obligatoire. La devise olympique a été complétée depuis 2021, à raison. Il ne s’agit plus « seulement » d’aller « plus vite, plus haut, plus fort » (Citius, Altius, Fortius) comme à l’origine, mais d’aller « Ensemble » (Communiter). Il a fallu du temps, depuis 1896, pour reconnaître que la compétition, ou la concurrence, ne peuvent exister sans un sentiment communautaire qui permet de les faire naître et grandir, sans explosion. La concurrence sépare, voire antagonise, les participants, mais, seule, elle ne permet pas le progrès. Elle fait « courir avec » pour courir plus vite et, pour que les progrès soient plus importants et les records battus, il faut que la communauté soit plus vaste et plus soudée pour les permettre, les deux étant liés. A-t-on bien compris ce message contradictoire, qui est la clef d’un podium autant sportif qu’économique : compétition oui, pour progresser, mais dans la coopération, pour progresser ensemble ?
Trêve : toujours illusoire. C’était la belle idée de cesser de se battre pendant les jeux, pour qu’ils aient lieu et pouvoir y assister. Mais, déjà chez les Grecs, la trêve (olympique) n’avait jamais fait poser toutes les armes à terre. Elle se réduisait souvent à un simple sauf conduit, pour que les athlètes puissent atteindre Olympie. En fait, JO et guerres ont toujours cohabité : Berlin 1936 de triste mémoire, les JO de Berlin de 1916 ayant, déjà, été annulés pour raison de guerre, JO de Munich en 1972 avec l’assassinat de 11 athlètes israéliens par des terroristes palestiniens. La création en juillet 2000 du Centre international pour la trêve olympique n’a rien changé. Pour preuve, en 2022, la Russie envahit l’Ukraine quatre jours après la fin des JO de Pékin, Poutine ayant assisté à l’ouverture. Ceci a entraîné une sanction, supposée terrible : la guerre empêche le pays attaquant de défiler sous son drapeau. Si le joueur obtient l’or, nul n’entendra son hymne national. Pourtant la guerre dure : il ne faut pas rêver à des sanctions, surtout morales, pour l’arrêter.
Concentration : une grande leçon. Avant le départ, les joueurs entrent en eux-mêmes. Ils intègrent tous les paramètres : vent, chaleur, ambiance, capacités et moral des concurrents… en les pondérant. Certes, le jeu politique est plus complexe dans la mesure où il se déroule sur plusieurs terrains, mais avec un seul objectif : gagner. Ainsi, le quinquennat présidentiel est une course sur cinq ans, avec plusieurs étapes imprévisibles. Une course de concentrations successives ?
Minutie : tout compte, grand ou petit, pour réussir. Rien n’est secondaire, car on ne sait jamais ce qu’il en adviendra. Quand le prix de l’essence monte, puis que la vitesse passe de 80 à 70 kilomètres/heure, même pour de bonnes raisons puisqu’il s’agit de réduire le nombre d’accidents, les provinces grondent et les Gilets jaunissent. La majorité ne sait comment réagir, faute de comprendre l’enchaînement, et tous les concurrents en profitent.
Conscience : tous les handicapés ne sont pas présents aux Jeux. On en voit d’autres, ailleurs, avec des cannes, des béquilles, des fauteuils roulants ou des déambulateurs, devant des escaliers ou des trottoirs trop hauts, attendant d’être aidés pour entrer dans un train ou un car. Ne parlons pas de métro. Inutile d’écouter ceux qui parlent de tous les efforts faits pour les handicapés : eux, ils savent où ils ne vont plus. Ils savent aussi, sans s’en réjouir, qu’avec le temps ils seront plus nombreux. Les jeux paralympiques nous avertissent, avec le sourire, pour nous ouvrir les yeux.
Persévérance : la leçon. On ne devient jamais meilleur que les autres sans vouloir être meilleur que soi-même. Il s’agit de faire mieux que ce que l’on a fait, de voir ce que font les autres, non pour critiquer et envier, mais pour s’améliorer. Et améliorer : ce que fait chacun sera connu de tous. Tous seront tiraillés, mais avanceront.
Ces JO qui devaient se dérouler sans public, attirer bandits et snippers, ruiner l’image de la France selon certains politiques et experts, ont été un grand succès. Grâce aux compétiteurs bien sûr, au public, aux Français aussi. Il reste à nous souhaiter que cette flamme ne s’arrête pas. A nous ? Oui, car ceci dépendra de nous.