Le 5 janvier, je serai le 47ème Président des États-Unis d’Amérique. Mais de quoi suis-je le nom, pour que ce soit enfin clair ? Le mieux est de dire que c’est un acronyme-programme : TT.R.U.M.PP !
T pour Taxer et Technologie
Je veux taxer les importations, toutes mais pas toutes autant. I am a tariff man. Bien sûr, je veux le faire pour protéger les entrepreneurs américains. Ça fera monter les prix internes et écornera le pouvoir d’achat des ménages, mais un temps seulement. Les innovations, les gains de productivité et la production sur plus grande échelle feront vite disparaître ces hausses. En même temps, ça renforcera les entreprises dans la concurrence mondiale, où le premier ici le sera partout. C’est l’arme des nouvelles technologies : the winner takes it all.
Ensuite, augmenter les droits de douane me permettra de les diminuer au cas par cas par pays, après discussions bien sûr. Taxer pour diviser : l’art du deal ! Je vais menacer de taxer de 60% les produits chinois et de 10% à 20% ces européens qui se vantent d’être le premier marché du monde. Je vais m’occuper des socialistes anglais et allemands, histoire de fracturer plus l’Europe. Puis de Macron.
T aussi pour : Technologie. Pourquoi donc croyez-vous que Musk m’a rejoint, en cotisant à ma campagne, avec ses copains de la Tech ? Il sera chargé de faire exploser les Agences qui freinent tout et nous ruinent. Le Bitcoin saute à 100000$ : le patron de la SEC (Securities Exchange Commission) qui poursuivait en justice les cryptomonnaies vient de démissionner, avant que je le vire. Et ça paiera les baisses d’impôts !
R pour Rapatrier
Les « experts » viennent de se rendre compte qu’importer, c’est dépendre du vendeur : bravo ! Il fait des profits, même après « discussion » avec nous sur les prix (l’art du deal), en plus il bénéficie de nos idées pour améliorer ses/nos produits ! Le Chinois m’exporte son travail peu qualifié et importe de chez moi, gratuit, mon meilleur savoir-faire, pour qu’il fasse au mieux ce que je lui achète ! Il devient plus efficace et prospère. C’est lui qui nous tiendra, sauf si on s’en « découple » (decupling) pour « dérisquer » (derisking).
C’est la meilleure façon de nous protéger de ces fournisseurs (surtout chinois) qui nous tuent. Rapatrions donc les productions qui sont pour nous stratégiques, puis allons conquérir les marchés mondiaux. Je choisirai les technologies les plus avancées et les installerai chez moi, dans mes États amis, sans trop de taxes ni de règles. Je ferai venir, si nécessaire, des migrants ingénieurs (mais aucun autre) et subventionnerai le tout, à l’abri de mes droits de douane. Pour exporter chez moi, ces chers Chinois me feront alors des rabais, réduiront leurs marges et leurs investissements. Ils iront déverser leurs surplus chez ces Européens qui se tuent à avancer, au milieu de leurs protections salariales et écologiques. Du billard à trois bandes !
U pour Ulcération
Les Américains n’en peuvent plus de nos dirigeants actuels. Ces journalistes et ces administratifs aux idées compliquées ne vivent pas dans notre monde. Ils ne parlent pas comme nous. Ils veulent faire notre bonheur malgré nous. Ils partiront, pour qu’on ait la « libre parole » !
M pour Manufacturer
Je veux refaire des États-Unis la puissance industrielle la plus avancée du monde, comme il y a cinquante ans. Je parle de l’industrie au sens large, de tout ce qui transforme les choses pour mieux vivre, manger, boire, se vêtir, bouger, se distraire… C’est la base, industrie et services, de notre vie. Bien sûr, je sais que les services sont dominants pour dessiner ce que nous voulons et qui nous entoure, mais c’est l’industrie qui le produit. A nous, avec elle et l’IA, de rendre l’Amérique grande, pour guider le monde.
P pour Pacifier et Populiste
Bien sûr, je veux la paix en Afghanistan, comme je l’avais promis et comme Biden l’a raté, plus la paix à Gaza et en Ukraine, que je réussirai. Mais pour faire la paix, il faut faire peur. La guerre devient aujourd’hui cyber, avec drones, dômes de fer, plus fake news. C’est bien pourquoi il faut que nous cessions d’être le financier gratuit de la sûreté des voies maritimes, de l’OTAN, de l’ONU. Nous payons pour tous. Nos alliés nous disent à peine merci, nos ennemis en profitent. C’est fini ! Tous sont en train de comprendre que nous voulons reprendre notre place dans le monde, la première.
Je veux être le techno-populiste mondial : on n’est pas Grand, si on est Gentil.