COVID-19 : les marchés financiers sont moins inquiets que les savants

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Nous comptons plus de 25 millions de personnes atteintes du coronavirus sur le globe. Jean-Paul Betbeze revient aujourd'hui sur l'état des bourses américaines.

COVID-19 : les marchés financiers sont moins inquiets que les savants

On compte plus de 25 millions de personnes atteintes dans le monde et 850 000 décès et, chaque jour, entre 200 et 270 000 personnes infectées. Par pays, les États-Unis sont toujours les plus touchés, avec plus de 6,1 millions de cas, suivis du Brésil avec 3,8 millions de cas et de l’Inde avec 3,5 millions. Ces chiffres sont évidemment liés à la taille des pays, mais aussi aux règles sanitaires et comportementales qu’ils affichent. Et ils ne sont malheureusement pas les seuls.

 

 

1 millions de cas de plus par jour le 1er décembre 2020 ! C’est ainsi que les prévisions statistiques donnent des résultats très différents selon l’altitude de chacun et celui-ci est le pire. Aujourd’hui, en partant d’un modèle sur le nombre de malades nouveau présenté par Worldometer, supposé autour de 150 000, il serait de 210 000 à la fin de cette année si les masques sont bien portés partout. En revanche, s’ils sont portés comme actuellement, c’est-à-dire de manière approximative, ce chiffre passerait à 300 000. Ce serait pire si la vigilance se réduisait : un million de cas apparaîtrait chaque jour ! Avec ces chiffres, catastrophiques, on se rend bien compte qu’il n’y a aucune raison de baisser la garde. Ainsi, la progression aux États-Unis, même plus faible, est toujours inquiétante. Surtout, les nouveaux lieux d’expansion du virus, non seulement l’Amérique latine avec le Brésil et le Mexique et maintenant l’Afrique avec l’Afrique du Sud et l’Inde montrent que ces chiffres ne sont pas nécessairement théoriques.

 

Pour les bourses, les choses ne sont pas aussi dramatiques. Le Nasdaq continue sur son avancée : il se situe à 35,9% au-dessus de son niveau de début d’année. L’indice de Shanghai suit, avec une progression de 11,9% qui reflète la reprise qui se confirme de mois en mois en Chine. Les interrogations demeurent en Allemagne et au Japon et le Cac 40 est toujours à la traîne, victime de ses valeurs pétrolières et bancaires. Elles furent sa gloire, mais aujourd’hui son handicap. Ce qui est intéressant est de voir la remontée du Dow Jones, qui vient de retrouver son niveau de début d’année, alors que l’activité économique n’est quand même pas flambante !

 

 

En fait, il semble bien que les bourses américaines surtout ont pris ces derniers jours (jeudi et vendredi dernier) le côté positif du message de Jérôme Powell, le Président de la Banque Centrale Américaine. A Jackson Hole, pour la grande réunion des banquiers centraux, il dit qu’il maintiendra très longtemps les taux d’intérêt à court terme très bas, jusqu’au moment où l’inflation atteindra 2% en moyenne, nous n’y sommes pas ! D’autant qu’il veut un plein emploi, même dans les communautés les plus fragiles : nous y sommes moins encore !

 

En revanche, si Jérôme Powell envoie des messages positifs pour la bourse, il peut inquiéter les marchés obligataires. En effet, les rémunérations des bons du trésor sont partout très faibles, autour de l’inflation. Elles sont négatives en termes réels aux États-Unis et elles sont négatives en termes réels en Allemagne et en France. Alors, si Jérôme Powell convainc les marchés que son objectif est d’atteindre 2% d’inflation à moyen terme en moyenne, ils comprendront qu’il laissera monter les taux d’inflation au-delà, par exemple vers 2,5 ou 3%. Dans cette situation les placements obligataires seront perdants, ce qui poussera, parfois rapidement les détenteurs d’obligations à s’en défaire, pour engranger leurs profits. Il faudra donc regarder de près la remontée des taux obligataires à 10 ans, qui vient juste de commencer le 28 août, juste après le discours de Jérôme Powell qui a pu alerter.

 

 

Dans ce contexte, rien ne change pour l’or qui est toujours vécu comme la valeur refuge. Le baril de Brent lui augmente très légèrement, près de 46$ le baril, les autres matières premières sont toujours sous pression.

 

 

Dans ce contexte aussi, où la croissance américaine est toujours faible et où la politique monétaire a décidé de faire tout son possible pour la soutenir avec des taux d’intérêt très bas, le dollar inquiète par rapport au franc suisse bien sûr et même un peu par rapport à l’euro qui bénéficie du sursaut né de l’accord de fin juillet. En revanche, les monnaies des pays émergents sont toujours très nettement sous pression pour des raisons économiques, sanitaires et évidemment géopolitiques.

 

 

Au total, la crise sanitaire continue, la crise économique se poursuit et tous les regards se portent sur la situation politique américaine à 100 jours des présidentielles. Avec des sondages de plus en plus serrés en faveur de Joe Biden dont l’avance de 14% il y a quelques jours passe à 7%, mais ce qui lui donnerait quand même 298 voix de grands électeurs contre 119 à Donald Trump, sachant qu’il en faut 270. Pour les sondages donc, même si la marge se réduit et que rien ne dit que les prévisions en termes de vote ne seront pas remises en jeu, on peut penser que les marchés financiers intègrent, avec Biden, une poursuite adoucie de Trump vis-à-vis de la Chine et plus de liens avec les alliés. Mais la question majeure est celle posée par Jérôme Powell le 27 août sur l’inflation, avec et contre le virus : qu’attendre de son revirement sur l’inflation, en mettant le plein emploi comme objectif à ce point en avant ?


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