Pourquoi ? C’est tout simple : parce que l’emploi ira mieux fin 2016. La fameuse « courbe du chômage » qui doit s’inverser pour légitimer mon retour devant les électeurs l’aura fait, surtout en faveur des jeunes. Donc je me représente.
Pourquoi le chômage aura baissé entre maintenant et fin 2016 ? C’est tout simple : parce que, depuis des mois j’ai secrètement mis en œuvre le théorème du Chancelier (allemand) Schmidt, « les profits d’aujourd’hui sont l’investissement de demain et l’emploi d’après-demain ». Bien sûr, ma démarche a été cachée, avec parfois des mouvements qui ont pu surprendre (je pense aux chers Montebourg et Hamon qui n’ont pas compris le rôle de leurres que je leur ai attribué !). Mais en réalité, depuis mon élection, toutes mes vraies décisions s’inscrivent dans cette logique ternaire : profits, investissement, emploi.
Par quoi j’ai commencé ? Tout simple : par plus de profits grâce à la baisse des charges, impôts d’abord – mais j’ai commencé par administrer la preuve que la hausse des impôts ne marchait pas ! On a vu ! Le CICE a permis le revirement. C’est une réduction des charges des entreprises pour qu’elles puissent accroître leurs profits. Elle commence par un (complexe) crédit d’impôt, car l’Etat était trop en déficit pour opérer une vraie baisse… et je ne voulais pas faire de cadeaux tout de suite ! Et encore, pour faire passer la pilule, j’ai beaucoup parlé (Montebourg plus encore !) d’engagements d’emplois de la part des patrons. Certains accords ont été signés, d’autres non. Si l’emploi va mieux, on dira que le compte y est. Puis l’allongement des durées de cotisation à la retraite a été voté, conditionné à des mesures de pénibilité suffisamment… pénibles pour ne pas être mises en œuvre. La loi Macron va assouplir l’emploi, faciliter le travail du dimanche et surtout aider à distribuer des actions gratuites, tandis que la taxe de 75 % pour les salariés millionnaires aura disparu. Peu à peu, les symboles de mon premier quinquennat s’estompent. Un paysage moderne s’ouvre. Il devient plus facile aux entreprises, plus concurrentiel pour les activités « réglementées », sans oublier les simplifications administratives qui s’annoncent.
Par quoi je continue ? C’est encore tout simple : par le profit qui vient de la stabilisation des salaires, même si c’est plus « compliqué » à expliquer. Je parle alors de « dialogue social ». Le SMIC ne connaît plus de « coup de pouce » et suit les prix. Le nombre de demandeurs d’emploi de plus de 50 ans augmente de plus de 10 % sur un an, grâce à ces « départs négociés » que je laisse faire. Les salariés de PME connaissent une vraie modération salariale qui épouse la décélération de l’inflation : comme les patrons de PME ont des problèmes, ils ne sont pas laxistes ! C’est bien. Les jeunes et les nouveaux embauchés, notamment peu ou pas diplômés dans des secteurs en panne, sont victimes de l’ « effet noria » : les salariés qui partent sont bien mieux payés qu’eux. A emploi constant, la masse salariale baisse, ce qui permet de baisser les prix et/ou d’augmenter les marges. Je pousse alors des mesures d’apprentissage et de formation interne. Incorrigibles, les grandes entreprises augmentent toujours les salaires. De quasi-indexations y demeurent, qui n’intègrent pas du tout la baisse rapide de l’inflation. Vraiment, le débat social français n’est pas allemand, et ceci m’inquiète pour la suite.
Et après ? Investissements financiers et concentrations : pas simple. Les profits remontent avec l’euro faible, qui soutient l’export et les taux d’intérêt très bas, qui stimulent l’investissement. C’est le moment où les entreprises désendettées doivent « acheter » les autres. L’emploi chute à court terme, mais si on veut être plus fort, il ne faut plus mégoter. Ce n’est plus à Florange que ça se passe : tout le monde a compris.
Surtout : investissement industriel et vraie reprise ! Les industriels français augmentent leurs investissements pour 2015. C’est soudain et rapide, pour ne pas perdre de parts de marché dans la reprise. J’attends pour applaudir.
Et l’emploi ? Pas facile du tout. Il est toujours en retard et c’est aujourd’hui plus compliqué que du temps de Schmidt. Il faut que la reprise soit là, les profits plus forts, la flexibilité plus grande. La crise pèse, surtout la révolution technologique. « L’emploi d’après-demain » peut devenir « l’emploi ailleurs » : c’est mon risque. « Innover plus pour employer plus » : c’est donc mon nouveau slogan.