France : le plan secret pour sortir de la crise

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Allons-nous dans le mur ou bien, derrière toutes ces décisions, ces cris et ses couacs de chaque jour, y a-t-il une logique (secrète) pour sortir de cette crise ? Telle est bien la question. La France est en récession et tout le monde s’inquiète. Les dirigeants politiques, Président Hollande en tête, sont au plus bas dans les sondages. Les ménages français consomment moins et leur moral chute encore. Les entrepreneurs replient la toile : ils licencient et réduisent leurs investissements. Bruxelles nous donne deux ans de plus pour entrer dans le rang, puisque nous ne respectons pas nos promesses jusqu’à présent, et elle ajoute des conseils qui nous énervent. Le FMI y va aussi de ses remarques : il faut plus de réformes encore, un État moins dépensier et arrêtons avec les impôts ! On connaît la chanson. C’est la même, depuis des années. Et si elle commençait, doucement, à être jouée par François Hollande ?

MUR

En même temps en effet, les partenaires sociaux signent un premier accord de modération, en attendant la suite sur la formation. Les marchés financiers nous font confiance sans problème et nous prêtent à 20 ans. Les annonces de réformes s’ajoutent les unes aux autres : retraites (moins et plus tard), dépenses publiques (moins), marché du travail (plus souple)… A chaque semaine son rapport, avec les énervements qui vont avec. Bien sûr on ne peut éviter les erreurs et les tensions, amateurisme ou ballons d’essai, jeu d’essai et d’erreurs dans lequel des ministres et les parlementaires jouent plus ou moins bien leurs partitions, à moins que ce ne soit leurs carrières. Ce qui est sûr c’est que les impôts ont fait le plein, après le quotient familial et les hausses de TVA déjà annoncées. Nous sommes au bout. Leurs effets négatifs : moindre goût du risque, moindre embauche, travail noir, l’emportent clairement sur les avantages politiques, aller vite en besogne en disant qu’on « réduit les inégalités ». Reste donc le plus difficile : les réformes privées, la dépense publique.

Comment dessiner un futur possible pour la France ? D’abord mener effectivement les réformes dans le secteur privé qui feront repartir la profitabilité des entreprises sous trois ans en assouplissant le marché du travail. Nous attendons le futur patron du Medef. Ensuite figer la dépense publique en euros courants. En troisième lieu réduire le hors bilan de l’Etat, autrement dit les retraites de la fonction publique. D’autres mesures vont intervenir pour réduire le coût de la santé et la dépense des collectivités locales, histoire de compléter le tableau.

Courbe en J : ces mesures commencent par être récessives avant de produire leurs effets positifs, puisqu’elles inquiètent et pèsent sur les revenus – avant de les faire croître. Il faut toujours attendre deux à trois ans pour que la dette publique recule, notre épée de Damoclès à tous. Alors les entreprises se remettent à investir puis à embaucher, tandis que la puissance publique continuera son régime. Inutile de rêver à un miracle, ce sera long et pénible – mais ça peut passer. Nous allons vivre avec un chômage élevé : l’objet crucial des négociations doit être d’accroître les capacités des salariés pour ne pas les déclasser, d’autant qu’on repousse l’âge de la retraite. Garantir le salaire, c’est en réalité maintenir la compétence.

Combien de temps avant les résultats ? Attendons jusqu’en 2016 pour que les pièces du puzzle se rassemblent et fassent leur effet… Tiens quatre ans après 2012, un an avant la fin du quinquennat de François Hollande. Comme le hasard fait (bien ?) les choses !