Après le Capitole, Trump à l’assaut de la Fed

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 Après le Capitole, Trump à l’assaut de la Fed

1 voix de plus pour la baisse des taux… si Powell part ! La Fed, la Banque centrale (fédérale) des États-Unis, plus précisément son Président Joe Powell, résiste à Trump qui lui demande de baisser ses taux, vite et beaucoup. Elle avance le fallacieux prétexte qu’elle est constitutionnellement indépendante. Trump a dû cesser de menacer Powell de limogeage pour incompétence, ce qui ne l’empêche pas de critiquer ce too late Joe, qui baisse ses taux trop tard. Il s’accroche et achèvera son mandat de Président le 31 janvier 2026. 1 pour la baisse donc, mais pas tout de suite. La Maison Blanche a publié mi-août, pour le remplacer, une liste de 11 candidats. Ambiance.

1+1 = 2 voix pour cette baisse. Voilà que Adriana Kluger démissionne avant la fin de son mandat, pour rejoindre son poste à l’université, on peut la comprendre. Un poste d’intérim se libère donc pour trois mois, risqué sauf s’il est pris par quelqu’un qui pense être choisi pour un mandat complet. Voilà qui va à Stephen Miran, à la tête du Conseil des conseillers économiques du Président : il sera très vraisemblablement renommé par lui pour cinq ans. Mais le Congrès américain, côté Démocrate, s’inquiète pour l’indépendance de la Fed avec cette nomination de quelqu’un (encore) rattaché à la Maison Blanche. N’empêche, il est élu le 16 septembre… par 48 voix contre 47… juste assez tôt pour voter, le 17 (!), la première baisse des taux de 25 points de base depuis le 18 décembre 2024. Mais il se distingue, en votant, seul, pour une baisse de 50 points de base, suivie de deux selon lui, pour atteindre 2% contre 4,25-4,5% avant le vote. Ambiance.

1+1+1 = 3 voix ? Car Donald Trump veut se débarrasser de Lisa Cook, pour fausse déclaration dans sa demande de crédit immobilier. Elle votera quand même, suite à une décision de la Cour suprême qui la réinstalle jusqu’en janvier pour l’écouter. La Cour décidera après. Ambiance.

1+1+1+2 = 5 voix ? Déjà, le 30 juillet, avant ces mouvements, deux Gouverneurs, fait rarissime, Michelle Bowman et Christopher Walter, s’opposent au maintien des taux, demandent une baisse de 25 points de base et veulent continuer. Pour rejoindre l’opposition ? Ambiance.

Powell techniquement minoritaire ? Stephen Miran arrive, avec un imposant bagage quand, le 22 septembre 2025, ce désormais Gouverneur fait sa conférence au prestigieux Economic Club de New York. Déjà, dans la présentation de sa candidature au Congrès, il avait dit qu’il n’y a « pas eu d’augmentation détectable des droits de douane à la suite de l’instauration de droits de douane », ce qui le différenciait de la profession. Il est bien plus offensif dans sa conférence. Il s’y dit plus inquiet sur la conjoncture, au vu notamment des données sur l’emploi. Il juge la politique de la Fed restrictive, sinon dangereuse, devant son incapacité à prendre en compte les changements de politique en cours. En fermant les frontières, on pourrait dire que Donald Trump freine l’activité et qu’en montant les tarifs douaniers il fait monter l’inflation, sauf s’il dérégule beaucoup dans le logement, les banques, les cryptomonnaies et baisse les impôts, et sauf si les taux d’intérêt baissent vite et beaucoup. Autrement, ce retard de baisse de la Fed aura l’effet inverse : au lieu d’aider aux changements en cours, il les freine. Ambiance politique.

Stephen Miran fera-t-il fléchir les responsables de la Fed (et aussi de la BCE) en étant à ce point divergent ? Certes, dit-il, il n’y a pas de moyen parfait pour déterminer une politique monétaire, surtout en plein emploi (cas américain), d’autant plus qu’elle repose sur des données inobservables, comme la croissance potentielle ou ce taux d’intérêt neutre, qui équilibre épargne et investissement. Des batteries de calculs essaient bien de les mesurer, mais elles prennent toujours du temps. La Fed qui dit décider en fonction des données, pour assurer sa crédibilité et son impartialité, court donc toujours alors le risque d’être en retard (behind the curve). Et si elle allait plus vite en besogne ? Ambiance studieuse.

Stephen Miran continue : pourquoi s’occuper du climat, de démographie, d’allocation du capital ou de sécurité urbaine ? Pourquoi ne pas plutôt réfléchir aux conséquences des choix politiques, dans ce monde qui change ? Miran ouvre la porte de la Fed à Trump, ajoutant que la politique monétaire doit tenir compte des baisses de la réglementation, des impôts et de l’immigration. Miran, c’est du Trump à long terme.