Trump Président ?

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Pourquoi pas, si la tension monte encore entre Etats-Unis et Chine ? Alors, comment les marchés financiers vont-ils y répondre, eux qui s’angoissent sur la date d’augmentation de 0,25 % des taux américains ? Alors, comment Trump va-t-il en parler, lui qui s’occupe seulement du Mexique en matière internationale ?

 Trump Président ?

Illustration : Matthew Gordon

 

La tension entre Etats-Unis et Chine va monter. Les Etats-Unis croissent de 2,4 %. La Chine ralentit, mais à 6 %. Si rien ne change, les deux PIB se rencontrent en 2030. 15 ans, c’est demain. En plus, les Etats-Unis sont inquiets. Ils ne comprennent pas ce qui leur arrive, depuis cette Grande crise de 2008. Ils ont fait tout ce qu’ils pouvaient, augmentant le déficit budgétaire et surtout abaissant les taux courts et longs. Mais rien ne vient. Plus exactement, rien ne vient comme d’habitude. Certes, il y a plus de croissance, mais moitié moins qu’en sortie d’une récession « traditionnelle ». Certes, ils sont en quasi plein emploi, mais sans augmentation de salaire, ni inflation. Qu’est-ce donc qui freine les Etats-Unis : leurs problèmes ou la Chine ?

Et comment donc comprendre cette Chine ? Elle ralentit, on ne sait de combien, mais la vraie question est : pourquoi ? Pourquoi, après ces décennies de croissance à 7 %, se met-elle à ralentir ? La faillite du système ? Non : elle dit qu’elle le veut ! Elle veut passer d’une économie qui croît par l’exportation à une économie qui croît par la demande interne. Mais alors, c’est qu’elle veut arrêter « l’arrangement » antérieur avec les Etats-Unis, qui consistait à leur vendre pas cher puis à recycler en bons du trésor américain l’excédent commercial qui en résultait ? Mais alors, c’est qu’elle ne veut plus travailler pour être payée très tard, en dollars, avec un taux d’intérêt faible ?

Que veut alors cette Chine ? Dans sa région, cet « arrangement » américain lui coûte de plus en plus. Elle y perd en compétitivité en se liant au dollar. Surtout, il l’affaiblit dans sa campagne de leader des émergents, les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Donc, si la Chine décide d’organiser sa croissance autour de la demande interne tout en étant moins dépendante des Etats-Unis, il lui faut à la fois des restructurations internes pour réussir, et des relais pour s’étendre ailleurs, en y achetant des sociétés, pour réussir sans drames sociaux. Une autre demande interne, une autre finance externe.

Cette nouvelle Chine conteste l’empire américain. Acheter moins de bons du trésor américain et plus d’entreprises hors de Chine, les Etats-Unis n’aiment pas : le Yuan baisse. Et la réponse chinoise est toute prête : le FMI veut un Yuan plus flexible et plus international pour le faire entrer, aux côtés du dollar, de l’euro, du Yen et de la Livre, dans le panier de devises qu’il gère, les DTS (Droits de Tirage Spéciaux) ! C’est pire ! Cette Chine qui change et « obéit » au FMI contrarie ce qui fait la force des Etats-Unis. Eux se soucient peu de leur commerce extérieur. Ils préfèrent exporter des dollars pour acheter des entreprises, ce qui accroît leurs actifs, et exporter leur passif, alias leur déficit budgétaire sous forme de bons du trésor en dollars. La Chine se soucie de son commerce extérieur, de sa base industrielle et sociale en fait, et baisse le Yuan pour la maintenir. Elle va acheter moins de bons du trésor américain, voire puiser dans ses réserves, et acheter plus d’entreprises.

Etats-Unis contre Chine : un dollar plus fort, des taux longs américains plus élevés. La croissance américaine est en jeu. Ce que veut la Chine ne peut rester impuni, même si la Chine répète qu’elle n’est pas agressive. Elle ajoute qu’elle est prête à prendre ses responsabilités mondiales. Quelle provocation ! Clinton et Biden : trop doux, trop policés, ces Démocrates ! Les sorties de Donald Trump auraient dû le sortir ! Elles le poussent en haut des sondages : c’est un signe.

Pour contrer la Chine, les Etats-Unis veulent sinon Trump au moins du Trump. Continuant sur sa lancée, Donald Trump va-t-il contrer directement la Chine et sa monnaie, l’accusant de manipuler le Yuan ? Va-t-il augmenter la pression commencée par Obama contre ses « espionnages industriels » ? Va-t-il vouloir réduire l’indépendance de la Fed ? Par temps de paix, la force américaine est celle du dollar – mais il ne faut pas en abuser. Il y aura donc de la nervosité dans l’air. L’euro va monter, les taux longs allemands baisser. Profitons-en ici, où Trump n’est pas candidat, pour réformer plus et inquiéter moins.

 

Voir sur ce sujet 2030 : la Chine dépasse les Etats-Unis !, le Zoom du 3 septembre.

 

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