Toc, toc ! Qui est-ce ? C’est l’inflation

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 Toc, toc ! Qui est-ce ? C’est l’inflation

 

Nous : Qui est-ce ?

L’inf. : L’inflation, puis-je entrer ?

N : Oui, mais ce ne sera pas facile !

L’inf. : Pas facile ? Les prix ont monté de 0,9% en zone euro sur un an en janvier. Nous ne sommes plus à -0,3%, comme en décembre !

N : Mais en France, c’est 0,4% en février, pas 0,6% comme en janvier. Ici, les prix décélèrent !

L’inf. : Regardez donc ailleurs, aux États-Unis ! Ils ont 1,4% d’inflation et dépensent tout ce qu’ils peuvent, pour aller vers plus de 2%. Les taux d’intérêt à long terme ont compris : ils sont à 1,5% pour l’emprunt à 10 ans, contre 1% début janvier. Et Jerome Powell, le patron de la Banque centrale américaine, dit que c’est bon signe : la machine économique tourne mieux, dit-il ! Et Janet Yellen, la patronne du Trésor, dit qu’il faut dépenser big, au moins 1 700 milliards de dollars pour lutter contre le chômage ! Et Joe Biden, le Président veut un salaire minimum horaire à 15 dollars, alors qu’il varie de 7 à 11 selon les États ! Ils veulent tous plus d’inflation ! Plus de moi !

N : Mais si les taux montent, vous allez ruiner ceux qui ont acheté des obligations à long terme il y a quelques mois !

L’inf. : Ruiner : n’exagérons rien. Appauvrir seulement, et ils le savent. Ils vendent leurs obligations et achètent des actions. Et ce n’est pas moi qui suis en cause ! J’ai bien ri quand j’ai lu le Bulletin de votre Agence France Trésor de janvier : « L’OAT 0,50% au 25 mai 2072  est la première à rencontrer une demande aussi soutenue de la part de l’ensemble des investisseurs. En effet, plus de 400 investisseurs finaux ont souscrit à l’opération pour une demande totale record pour cette maturité de 75 milliards d’euros, ce qui illustre l’appétit désormais établi de certains investisseurs pour des titres de maturité longue – en dépit d’une forte baisse du rendement de ces titres ».

N : C’est ce que je vous dis : on se rue pour placer à 50 ans à 0,5% !

L’inf.: Bien sûr, mais si, dans 10 ans, les taux à 40 ans passent à 1%, ceux de cette belle obligation de 50 ans qui aura 40 ans à vivre, elle qui valait 100 en janvier vaudra 84 et même à 59 s’ils passent à 2% ! Je lis la Lettre Vernimmen ! Et 2%, c’est l’objectif d’inflation de la BCE, dans moins de dix ans !

N : Quoi, vous me dites qu’on veut ici endormir l’épargne en l’endormant sur l’inflation !

L’inf.: Oui. Ecoutez les « analyses » qu’on entend partout : « la zone euro est plus touchée que les États-Unis par le virus, elle se relève plus lentement, avec beaucoup de chômage, avec des soutiens budgétaires et monétaires plus limités ». Donc : « ne vous inquiétez pas sur l’inflation » et Christine Lagarde ajoute que, si nécessaire, elle achètera plus d’obligations. Donc : achetez en ! Et, là-bas, l’inflation va vers 2,5%, Powell a dit : « dans 3 ans», le malin.

N : Malin ou menteur ?

L’inf.: Quelle différence ? S’il dit que « j’arrive vite », moi, l’inflation, les taux s’envolent et la bourse s’effondre. 3 ans, pour les marchés financiers, c’est l’éternité !

N : OK, le couple Yellen-Powell ment ou charme. Mais nous ne sommes pas aux US !

L’inf.: Mais Internet et les réseaux sont partout, plus vifs que ces « vieux médias » comme la radio ou la télévision. Et, eux, annoncent ma venue !

N : Ce serait donc la nouvelle d’une inflation bien accueillie aux États-Unis mais pas présente, qui nous ennuiera ici, alors qu’elle n’y sera pas bien accueillie, pour la bonne raison qu’elle n’est pas du tout présente !

L’inf.: Oui, sauf si c’est pire…

N : Que voulez-vous dire ?

L’inf.: Qu’ils savent bien, Yellen et Powell, ce qu’ils font, que ça les arrange pour sortir de crise au plus vite par rapport à la Chine et, que, peut-être, ça ne les ennuie pas trop si ça vous ennuie plus !

N : La concurrence par la montée de l’inflation !

L’inf.: Oui, c’est nouveau. Avant, on essayait d’être moins cher. Maintenant, plus cher, c’est pour dire qu’on va mieux ! Regardez Biden-Yellen-Powell : ils veulent plus de demande et de production chez eux, avec leurs aides et crédits, l’augmentation des bas salaires, le renforcement des chaînes américaines de production, plus la préférence nationale d’achat du fameux Buy American Act, plus les vaccins. Donc je serai plus là, moi, inflation, et le dollar baissera, pour qu’ils exportent.

N : Et notre épargne COVID-19 ira là-bas !

L’inf.: Oui.

N : Mais que fait-on pour t’avoir, toi, inflation ?

L’inf.: Facile : j’entre quand il y a plus de croissance, donc plus de profit, d’agilité, moins de règles, de normes…

N : Sors !