Tea time chez la Reine d’Angleterre, avec David Cameron

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 Tea time chez la Reine d’Angleterre, avec David Cameron

La Reine : Prime Minister, vous m’inquiétez avec votre Référendum sur le Brexit. Quelle idée avez-vous donc eue là ?

David Cameron : Majesté, sachez que je le regrette amèrement, ce Référendum. C’est la plus grande erreur de ma vie. Mais, si vous me le permettez, je vais vous dire pourquoi elle peut devenir un grand succès ! A blessing in disguise comme on dit ici, une bénédiction déguisée, « un mal pour un bien », comme disent les mangeurs de grenouilles !

LR : Oh really! Expliquez-moi, please.

DC : Majesté, j’ai pensé au Référendum pour coincer certains de mes amis conservateurs qui m’embêtaient fortement. Je pensais ainsi leur faire peur et les faire taire, avec l’appui des socialistes (hé oui !), mais aussi des alliés de la zone euro auxquels j’aurais fait, là aussi, très peur. Mais cela n’a pas marché comme prévu. Oui, les jeunes, conservateurs ou socialistes, veulent que votre Royaume reste dans l’union européenne, Majesté. Mais les vieux conservateurs, et aussi beaucoup de PME, se sont mis dans l’idée que nous aurions plus de croissance en s’éloignant des règles sociales de Bruxelles, un fardeau c’est vrai, et en négociant seuls avec tous les autres : les autres européens que nous aurions quittés, les chinois, les américains. Ils ont fait renaître un rêve du passé, celui d’Elisabeth Ire, votre Majesté.

LR : J’apprécie la comparaison… Mais nous sommes aujourd’hui avec Elisabeth II, et en grand risque. Vous avez vu que les Européens ont fait tout ce qu’ils ont pu (et je ne pensais pas qu’ils iraient si loin) pour vous aider. Mais voilà maintenant que tout le monde est plus inquiet, ici et ailleurs. Vous avez vu que, si le Brexit passe, les Ecossais veulent un nouveau référendum d’indépendance et les Gallois commencent à y penser. Au fond, derrière le Brexit, il y a un risque pour le Royaume… Uni.

DC : J’en suis pleinement convaincu, Majesté, et je vais m’attacher de toutes mes forces à réparer mon erreur. D’abord, les jeunes sont chaque jour plus nombreux pour l’Europe. Les conservateurs hostiles patinent. J’ai, je crois, la majorité des électeurs avec moi. Certes, la croissance anglaise, pardon Majesté, la croissance du Royaume-Uni a fléchi, comme la Livre Sterling, mais le point bas est passé. Les marchés financiers me rejoignent et tous les autres pays européens aussi. Vous avez vu ce qu’a dit Obama et toutes les grandes consciences économiques et politiques de ce monde. Même la Chine veut qu’on reste ! Je me demande si nous pourrions demander au Pape…

LR : Au Pape ! Vous oubliez que vous parlez au Chef suprême de l’Eglise d’Angleterre ! Vous critiquiez tout à l’heure Elisabeth Ire, et maintenant c’est Henri VIII ! Devenez-vous républicain ?

DC : Je suis désolé de cette idée stupide, Majesté !

LR : Je mesure bien, à cette proposition papale, l’étendue de votre désarroi. Mais comment donc allez-vous retourner la situation ?

DC : Well, dès que nous aurons la majorité, je ferai d’abord partir tous les traîtres de mon parti. Une vraie purge ! L’ancien maire de Londres, mon ami d’Eton Boris Johnson, y passera le premier ! Ensuite, les socialistes ne vont pas en profiter, parce qu’ils sont décidemment trop mous. De jeunes conservateurs vont venir, plus libéraux et européens. On pèsera plus à Bruxelles. Et les pays de l’Union Européenne vont reconnaître l’aide que je leur ai apportée. Il n’y aura plus de référendum de cette nature pendant dix ans, aux Pays-Bas, en Autriche, en Italie ou ailleurs. Ce Brexit refusé va renforcer l’Union Européenne ! Et je vais avoir de précieux alliés.

LR : Qui donc ?

DC : Angela Merkel va apprécier ce soutien que je lui apporte, contre son extrême droite qui déteste Draghi, et maintenant les migrants. Surtout, François Hollande va me remercier. Il voit ce que je fais contre l’extrême droite chez lui, une certaine Mme Le Pen qui veut sortir de l’euro, en tout cas le renégocier. Même chose contre son extrême gauche, un certain Mélenchon, qui veut lui revoir les Traités dans un sens « plus social » ! Revoir les Traités, je suis bien placé pour savoir qu’ils rêvent !

LR : Prime Minister, vous maniez le paradoxe. Et vous n’allez pas me dire que vous avez fait tout cela pour aider les Allemands et François Hollande !

DC : Non, bien sûr : il me faut réparer et chercher, en même temps, à me faire aider par tous ceux à qui ceci profitera le plus. Ils n’oublieront pas ! J’ai conscience de mon erreur, Majesté. C’est la dernière.

LR : J’y veillerai.

 

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