Résolution pour 2014 : le profit d’aujourd’hui, demain et après-demain fera en France l’investissement et l’emploi si nous commençons, aujourd’hui, un vrai dialogue social dans l’entreprise.

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Les voeux du Président pour 2014 vont-ils assez loin ? 2013 en France est l’année d’une croissance faible parce qu’en tôle ondulée. Un premier trimestre en baisse (-0,1 %), un deuxième fort (+0,6 %), un troisième en baisse (-0,1 %), un quatrième fort (+ 0,4 %) : voilà de vraies montagnes russes ! Au total, ceci nous donne un modeste 0,3 %, du fait de tous ces cahots. Mais pourquoi donc ? Parce que les ménages et plus encore les entrepreneurs ne savent pas de quoi demain sera fait, notamment dans le domaine fiscal. Plus d’impôt demain, ou pas, mais lequel, mais comment, mais plus tard… Il n’en faut pas plus pour arrêter la machine à investir et à embaucher, pour pousser chacun à faire plus attention et les entreprises à s’inquiéter de leur autofinancement. Elles vont alors modérer leurs projets d’investissement et donc voir leur demande de crédit acceptée : pas de crédit crunch, c'est un investissement auto-réduit ! C’est ainsi un équilibre de sous croissance qui se profile, un équilibre de sous-confiance. C’est grave.

2014 investissement

2014 ne pourra être plus forte que si l’investissement privé repart, et les prévisions de l’Insee sont inquiétantes à cet égard. L’Institut annonce en effet que l’investissement devrait escorter la croissance de la valeur ajoutée l’an prochain, mais sans plus. C’est là tout le problème. Le lien entre croissance et investissement est ainsi distendu parce que les entrepreneurs ne se portent pas assez vers l’investissement, autrement dit vers la prise de risque. Et ils ne s’y portent pas par manque de profit. Le taux de marge des entreprises s’inscrit ainsi, au troisième trimestre 2013, à son plus bas niveau depuis 1985 : 27,7 %. Et avec un taux d’investissement maintenu à 19 %, c’est le taux d’autofinancement qui plonge à 58,5 %, presque 10 % de moins qu’en 2012 ! On ne peut pas dire que les entrepreneurs sont frileux : la vérité, c’est que l’économie est froide !

Pour en sortir, il faut donc renforcer notre logiciel. La fameuse économie de l’offre est la seule option qui s’offre, mais dans un contexte qui change. En effet, au nord, en Allemagne, c’est bien la compétitivité hors coût qui joue, avec des salaires qui augmentent seulement avec la productivité du travail, le tout avec des efforts de formation. Et au sud, en Espagne, c’est bien la baisse des coûts salariaux qui a permis la remontée des exportations et surtout des marges, puis la baisse du chômage, en attendant une forte reprise de l’investissement. La France est donc coincée entre la compétitivité hors coût qui monte au nord de la zone euro et la compétitivité coût qui monte au sud. Il nous faut donc combiner recherche de la compétitivité coût et de la compétitivité hors coût.

La solution française : modération salariale, profitabilité, investissement et formation. La France doit s’inscrire dans une trajectoire plus longue pour renouer avec la reprise, une trajectoire de montée conjointe des marges et des formations, de modération salariale et de garantie d’emploi. Les mesures sociales à l’allemande doivent être adaptées ici : elles ne peuvent être aussi dures en matière d’incitation à l’emploi et de contrôle du chômage. En complément, elles doivent être bien plus courageuses et participatives en matière de formation. Modération salariale contre formation : c’est la seule nouvelle base de notre pacte social, pour une vraie reprise. Le Président Hollande n’est pas allé jusque là, c’est pourtant là qu’on l’attend, et que les entreprises doivent s’engager.