Source : BCE
Quand Monsieur Draghi s’inquiète de la croissance de la zone euro, il fait baisser l’euro. Quand il précise qu’il fera « tout ce qu’il faut » pour maintenir son existence, y compris recourir à des mesures exceptionnelles, comme l’ont fait les Etats-Unis, il fait baisser l’euro. Et quand il ajoute qu’il envisage d’accroître le total du bilan de la banque centrale européenne d’un autre trilliard, il fait encore baisser l’euro. Bien sûr, jamais il ne dira que c’est ce qu’il cherche, soulignant immédiatement après que la faiblesse de l’euro lui permet d’exporter plus de biens et de services et d’importer davantage d’inflation…
Dans cette correction baissière de la monnaie de la zone, Mario Draghi se trouve en fait face au seul dollar, puisque notre monde est en réalité bi-monétaire : dollar et monnaies liées (Yuan et Livre sterling) d’un côté, euro et monnaies liées (le Franc suisse en général, même s’ils cherche à ne pas trop s’aligner) d’un autre. On voit bien d’ailleurs, dans le tableau, que les baisses du dollar, de la livre et du Yuan sont proches : CQFD.
En revanche, face à cette politique de glissade mesurée, qui compense en fait la montée de l’euro quand les Etats-Unis faisaient baisser le dollar pour se sortir, eux, d’affaire, il y a deux camps haussiers par rapport à l’euro :
- celui du yen japonais qui chute par rapport à toutes les monnaies, dans un effort désespéré pour se sortir d’affaire,
- celui des « petites monnaies » de la région Europe qui baissent plus encore que l’euro, ne pouvant pas prendre le risque d’une perte de compétitivité monétaire, avec le danger que ceci implique pour le coût de leur propre financement.
Quand la deuxième monnaie du monde, l’euro, décide de normaliser sa position par rapport au dollar et à ses suiveurs, tous, Chine comprise… comprennent. Et ceci correspond à plus de 2/3 de ses échanges. Les voisins de la région Europe suivent moins et en bénéficient, en devenant plus compétitifs – pour l’heure. Et le Japon joue très gros jeu, contre tous.