Présidentielle : les bons du trésor s’inquiètent, pas les actions

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Marine Le Pen puis Emmanuel Macron : les sondages pour l’élection présidentielle française prennent de plus en plus l’allure d’une course poursuite entre candidats, non seulement pour être premier et deuxième au premier tour, mais aussi pour bénéficier des reports de voix des autres au suivant. Le malheur est que tout est interdépendant.

 

Ainsi, on peut penser que Marine Le Pen pourrait arriver légèrement en tête par rapport à Emmanuel Macron : 24% contre 23% des intentions de vote. Mais on voit aussi que la bataille entre François Fillon (18,5%) et Emmanuel Macron peut rendre difficiles les reports de voix en faveur de ce dernier. D’un autre côté, les relations peuvent être tendues entre Benoît Hamon (9% des intentions) et Jean-Luc Mélenchon, rendant là aussi les reports compliqués. Ainsi, « le groupe de quatre » qui émerge des sondages rend l’issue difficile à prévoir, d’autant que s’avancent les élections législatives, sans lesquelles rien ne sera possible. On peut en effet imaginer un(e) Président(e) avec ou sans majorité à l’Assemblée, la solidité de cette majorité étant elle-même sujette à caution. Les bookmakers anglais se posent moins de problèmes : ils voient Emmanuel Macron à 1,7/1,8 contre 1 et Marine Le Pen à 3,75 contre 1. Mais ils voyaient le Brexit refusé à 90%, la veille du Référendum !

Les marchés financiers répondent, eux, en permanence. Assez étrangement, ils montrent de l’inquiétude pour les bons du trésor, pas pour les actions. Ainsi le CAC 40 monte régulièrement, au-delà de 5 100 aujourd’hui, contre un point bas à 4 000 fin juin 2016 : +27,5%. Surprise, le CAC PME est actuellement à 1 200 contre 900 fin juin : +33% ! On aurait pu penser que le CAC 40, avec ses grandes valeurs mondiales, protègerait plus des inquiétudes que les PME cotées, plus petites : il n’en est rien – pour l’heure.

En revanche, le taux d’intérêt pour le dix ans français s’établit à 0,96% et à 0,2% pour le dix ans allemand. L’écart est de 76 points de base, un maximum depuis six mois. Il était monté à 72 points de base avec les « craintes » d’une élection de Marine Le Pen, puis s’était calmé – avec la remontée d’Emmanuel Macron. Mais aujourd’hui, avec la légère baisse des intentions en sa faveur et la montée régulière de Jean-Luc Mélenchon, le programme de ce dernier inquiète et plus encore l’importance des sentiments hostiles à l’euro (Marine Le Pen plus Jean-Luc Mélenchon). C’est bien pourquoi les détenteurs de bons du trésor, surtout étrangers, les vendent et achètent des bons allemands. C’est vécu par eux comme l’assurance la moins chère en cas d’explosion de l’euro. Les actions des valeurs françaises, jusqu’à présent, ne bougent pas – mais ont cessé leur montée. Les obligations publiques françaises ont déjà commencé à rebrousser chemin.