Payer autant, baisser les salaires cachés et embaucher plus ? La voie de l’apprentissage/formation permanente

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Contre le chômage réel, on n’a pas tout essayé. Combiner apprentissage et formation permanente, c’est réduire le prix total du travail en diminuant les trois risques pris par l’employeur et l’employé : « que ça ne marche pas », « que ça marche moins » ou « que ça ne marche plus ». Réduire ces trois risques, c’est réduire ces trois salaires cachés dont on ne parle pas et qui inquiètent salariés et entrepreneurs. L’apprentissage/formation, avec la mise en selle de jeunes qui doutent, c’est réduire le risque à l’entrée de l’entreprise, celui où « ça ne marche pas ». Contre le « ça marche moins » des 25-55 qui s’inquiètent de leur futur et le « ça ne marche plus » des seniors qui glissent et sont priés de partir, l’apprentissage/formation réduit le risque interne à l’entreprise. C’est celui des tensions sociales, de la sous-productivité, des procès. Lutter contre le chômage des seniors qui se désespèrent, c’est réduire le risque externe à l’entreprise.

 Payer autant, baisser les salaires cachés et embaucher plus ? La voie de l’apprentissage/formation permanente

Contre le chômage statistique, on a tout essayé. Il touche un Français ou une Française sur dix, un jeune de 15 à 24 ans sur quatre, un senior de plus de 50 ans sur quinze. Diminuer le chômage statistique global, c’est pousser à la pré-retraite en attendant que vienne le « compte pénibilité ». Diminuer le chômage statistique privé, c’est créer des emplois publics comme l’« emploi d’avenir » où le jeune non qualifié est censé se former avec une aide d’Etat égale à 75 % du SMIC pendant 3 ans. Croire diminuer le chômage en le répartissant avec les fameuses 35 heures, c’est augmenter le coût horaire – on connaît le résultat. Enfin, baisser le prix de l’emploi par les baisses de charges, c’est le faire payer par ceux en emploi.

Aujourd’hui diminuer ce chômage statistique n’est même plus possible. On interroge alors le niveau du salaire, y compris du SMIC, mais sans dire que l’entreprise est la seule structure qui entretient et peut augmenter l’emploi parce qu’elle l’adapte en permanence aux besoins et à la concurrence. Baisser le salaire pourrait bloquer les rapports sociaux et arrêter cette transformation. Le contraire de ce qu’on cherche.

Comment agir, sachant que le chômage risque de « mal » baisser avec l’amélioration économique en cours ? Il baisse « bien » du côté des jeunes où le taux d’emploi des 15-24 ans est de 37,1 %. Mais le cœur de l’emploi est menacé, celui des 25-49 ans, où le taux d’emploi s’inscrit à 88,9 % fin 2013 contre 89 % au troisième trimestre 2013. Il faut arrêter cette glissade devant une croissance molle, des entrepreneurs inquiets face à des marges insuffisantes dans un marché du travail toujours rigide. Enfin, à 62,1 % fin 2013, le taux d’emploi des seniors doit être augmenté. Ils ne doivent pas faire les frais d’un effet d’éviction, licenciement négocié ou « contrat de génération », où le « vieux » qui part forme le « jeune » qui vient.

Comment pousser les jeunes vers le privé, consolider l’activité entre 25 et 55 ans et s’occuper plus des seniors avec cette retraite qui s’éloigne ? En abaissant le coût total du travail par la baisse de son coût d’adéquation aux besoins, cette composante jamais mentionnée du prix : l’apprentissage/formation généralisé. Employer, c’est « employer pour », dans une économie toujours plus concurrentielle et instable. La réponse patronale de réduire le coût du travail à l’embauche et de faciliter les licenciements, donc d’abaisser le coût du travail à l’entrée et à la sortie de l’entreprise, ne pourra jamais suffire sans apprentissage et formation permanente. Eux deux permettent de réduire le prix d’entrée du jeune dans l’entreprise parce qu’il la connaît et la comprend mieux. Ils permettent aux salariés de s’adapter et changer d’activité face à la concurrence et aux sauts technologiques et d’appréhender sans angoisse le recul de l’âge de la retraite. Les réformes du marché du travail seront plus faciles, puisque les inquiétudes auront baissé.

Baisser le chômage en voulant baisser son prix évident, le salaire, c’est oublier le risque croissant de l’emploi dans la durée. Seul l’apprentissage/formation permet de le réduire, et le chômage avec.