C’est ce qu’on attend tous. Avec le risque de se faire asperger. Mais c’est si agréable d’attendre, pour en profiter, avant qu’elle ne sorte de la bouteille !
De fait, la croissance est partout, avec le plein emploi, et l’inflation n’est nulle part. Les Etats-Unis mènent la danse, avec une croissance à 3%, un taux de chômage à 4,1% et une inflation d’ensemble à 2,2%. L’Allemagne est à 2,1% de croissance, avec un taux de chômage à 3,6% et une inflation à 1,6%.
Les raisons abondent, derrière ce calme inflationniste des premiers de cordée économique : poids psychologique de la crise passée – qui inquiète encore, révolution technologique en cours – qui menace les emplois moyennement qualifiés, influence des politiques monétaires accommodantes – qui balisent le futur en souhaitant 2% d’inflation, mais pas plus. Le tout sans oublier la concurrence internationale qui frappe à toutes les portes – même si les Etats-Unis se mettent à fermer les leurs.
L’inflation est donc en retard ! La preuve, c’est que les taux à long terme des premiers de cordée sont très bas : 2,3% aux Etats-Unis, soit un taux réel à 0,3%, 0,4% en Allemagne, soit un taux réel à -1,2% ! Et les bourses adorent, battant tous leurs records historiques.
Mais un moment viendra où la pression américaine sera plus forte devant la pénurie d’emplois, alors que l’Allemagne bénéficie encore de la main d’œuvre abondante et pas chère des pays de l’Est. Les Etats-Unis poussent encore la machine économique, en baissant les impôts sur les entreprises et, dans une moindre mesure, sur les salaires. Les profits vont y monter encore, donc la bourse, donc les salaires.
Jusqu’au moment où ces hausses se verront, chez les charpentiers – commencé, dans l’automobile ou dans la restauration – pas encore, sachant que la banque et la finance sont déjà reparties.
Il faudra alors des trésors de diplomatie à Jerome Powell, successeur de Janet Yellen, pour calmer les esprits. Mais les taux longs auront vite compris – de grimper, la bourse aussi – de descendre. Champagne !