Les États-Unis, épicentre des crises bancaires et financières ?

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 Les États-Unis, épicentre des crises bancaires et financières ?

L’histoire va-t-elle continuer ? Elle commence avec les subprimes de 2007, jusqu’à cette traînée de poudre, partie il y a un mois de la Silicon Valley Bank. Elle la fait fermer en une semaine, va au Crédit Suisse, soldé à UBS fin mars, et inquiète la Deutsche Bank !

Certes, toutes les crises bancaires et financières ne viennent pas des États-Unis, mais les plus importantes oui, puissances du pays et du dollar aidant (ou n’aidant pas), plus l’imagination pour trouver plus de rentabilité. La recette est toujours la même, pour obtenir une crise bancaire et financière : une immense soif de profit, qui se lance dans un terrain neuf et peu surveillé, avec des présentations attirantes assorties de promesses de garanties, si les choses tournent très mal. Quoi de mieux que les États-Unis?

Ainsi, l’histoire des subprimes de 2007 est-elle des plus classiques, emplie de modernité, pour qu’on puisse jurer que : « cette fois, c’est différent ! ». Le classique, c’est financer le logement. Mais ceci rapporte d’autant moins que c’est peu risqué, comme le veut la finance. Alors, pour épicer la rentabilité, il faut moins de capital et des taux plus élevés, donc plus de risque. Ces taux sont acceptés, côté emprunteur, par une population prête à tout pour se loger, avec des revenus faibles et un emploi fragile et, côté prêteur, on fabrique des garanties de plus en plus solides ! C’est là la vraie nouveauté : le gain du risque sans le risque, car réparti par tout un système d’assurances et de travaux mathématiques qui créent des produits financiers « obscurs » dits : « structurés ». L’argent arrive avec les promesses, les dettes montent, les logements sont vendus, jusqu’aux premiers craquements des retards de paiement.

« Cette fois, ce n’est pas différent ! ». On a beau prévenir que faire des crédits à des clients américains insolvables ou construire en Espagne des logements de vacances à des kilomètres de la mer est fou, rien n’y fait. La première preuve de la bulle, c’est qu’elle gonfle, cumulant les bonnes raisons pour continuer, la deuxième c’est qu’elle explose, coinçant ceux qui n’ont pu s’en dégager ou qui y ont cru. C’est alors qu’il faut l’aide de la banque centrale pour fermer, soutenir ou marier banques et assurances à la peine, avec des torrents de liquidité en achetant des bons du trésor, jusqu’à ce qu’un certain calme revienne. Mais 2007 ne s’arrête pas là. Ces bons, il faudra les vendre ou ne pas les renouveler quand ils viendront à échéance, ce qui fera monter les taux à long terme et pèsera sur la croissance. Il faut donc espérer qu’elle sera suffisamment forte.

Mais rien n’est sûr, tant cette crise laisse de séquelles. Pour la soutenir, rien de mieux alors que de pousser la vague d’innovations technologiques qui arrive, surtout aux États-Unis, à partir des liquidités qui restent et cherchent à fructifier. Les conditions d’une autre bulle mondiale sont réunies : argent (comme toujours) plus Internet (une innovation). Cette bulle va se développer, plus que les précédentes, avec des milliards pour les gagnants et des Iphones pour tous. En plus, elle va donner naissance à une nouvelle vague d’innovations, donc à une bulle de bulle : non plus électroniser les paiements, mais les monnaies ! Le Bitcoin devient la cryptomonnaie phare du groupe, aussi importante que mystérieuse. Toujours plus difficile à créer, on assure qu’il n’y en aura pas plus de 21 millions, sachant que 20 ont déjà été produites (« minées »), sans pouvoir en connaître la valeur « finale », beaucoup étant thésaurisées. Où, pourquoi, que se passera-t-il lorsqu’« on » nous dira qu’il n’y en aura plus d’autres ? Mystères. Vient alors une nouvelle fête, avec les stablecoins. « Stables » comme le dollar, d’où leur nom, mais qui veulent rapporter plus que lui, plus que les Fed-funds donc, d’où leur attrait. Le profit sans le risque, on connaît la chanson. Mais, quand la liquidité créée pour arrêter les incendies de 2007 doit être épongée pour lutter, par la hausse des taux, contre l’inflation quelle crée en… 2021, les stablecoins doivent trouver des placements plus rentables, donc risqués ! Les petites banques inquiètent, les entreprises de la tech souffrent, la Silicon Valley Bank meurt, les stablecoins ne livrent plus la rentabilité promise et meurent : Signature Bank. Les bulles éclatent, les taux courts et longs montent.

Surveiller ce terrain de jeu qui s’approche ? Mais, nous ne sommes pas en Chine !