La bourse : toujours plus haut, avant de chuter ?

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 La bourse : toujours plus haut, avant de chuter ?

 

6896 le vendredi 13 août ! Le CAC 40 s’approche de son maximum : 6922, le 4 septembre 2000. Mais c’était avant de plonger à 2650 en mars 2003 : l’abîme est proche de la cime ! Mais il remonte à 6100 en juin 2007, pour replonger à 2700 en mars 2009 avec la crise des subprimes américains. Puis il remonte mais reglisse, avec la crise des dettes publiques des pays du sud de la zone euro. Puis il se reprend jusqu’au COVID-19, qui le fait toucher 3750 en mars 2020, au pire (boursier) de la pandémie. Depuis, malgré quelques hésitations, il grimpe. Pourquoi ? Jusqu’où ?

Pourquoi ? Parce qu’une politique monétaire « non conventionnelle » a évité le pire aux États-Unis, et donc partout ailleurs, sous le nom de Quantitative Easing. Ben Bernanke, alors Président de la Banque centrale américaine (la Fed) et qui, par bonheur, avait fait sa thèse sur la crise de 1929 et sur les erreurs de la Fed d’alors, décide de ne pas les répéter ! Il achète les bons du trésor émis par le gouvernement américain, en liaison avec le creusement rapide du déficit budgétaire, de façon à éviter la peur de la déflation, terrible mélange de baisses de l’activité et des prix. Il innove plus encore, en disant aux marchés financiers ce qu’il va faire.

Pourquoi ? Pour rebâtir la confiance grâce à 4 mots : Quantitative Easing, Forward Guidance. Easing : facilitation,Quantitative : par l’achat d’une quantité (importante) de bons du trésor, Forward Guidance : en guidant les marchés sur les achats futurs de la Banque centrale, de façon à atteindre l’inflation à 2%. Les marchés financiers américains, donc les entrepreneurs ne seront plus surpris. Ils « voient » baisser les taux à long terme et remonter les profits, pour investir. La bourse américaine aime, d’autant que les GAFA profitent de ce COVID-19 qui développe le e-commerce, le télétravail, l’intelligence artificielle et stimule la productivité… des meilleurs. Les ménages comprennent le message, achètent des titres et un logement. Les bourses américaines montent : la Banque centrale américaine le veut et les préviendra de ce qu’elle fera ! La Banque centrale européenne ne peut que suivre, elle qui a davantage de problèmes. Elle copie cette stratégie, pour la dépasser ! Le bilan de la BCE (Banque Centrale Européenne) atteint 70% du PIB de la zone euro, contre 40% pour celui de la Banque Centrale américaine (la Fed) par rapport au PIB américain ! Donc les bourses européennes grimpent, avec le CAC 40 !

Jusqu’où, aux États-Unis ? Jusqu’au moment, très proche, où la Fed va annoncer, puis mener, la réduction du Quantitative Easing. Jusqu’à présent, certains excès boursiers n’ont pas suffi à calmer son enthousiasme. Pas suffi, les montagnes russes de Gameshop, de Tesla ou du Bitcoin. La bourse américaine se reprend chaque fois de ses peurs et remonte. Pas assez d’inquiétude non plus avec les hausses d’impôts annoncées par Joe Biden : pas pour tout de suite et le Congrès est là pour les raboter. Pas encore assez d’inquiétudes avec la Chine : si elle décide de corriger elle-même ses « excès capitalistes », en sanctionnant Alibaba ou Didi le Uber chinois, c’est bon pour New-York ! Les marchés ne croient pas non plus à une forte montée des tensions mondiales : Taïwan, Téhéran et Kaboul sont loin. Ce qui les préoccupe, c’est le Tapering, l’effilochage, du Quantitative Easing. Quand la Fed, qui achète pour 120 milliards de dollars par mois, va annoncer que ce sera moins. Mais quand et de combien, selon quel calendrier, au moment où le déficit budgétaire américain explose !

Jusqu’où en zone euro ? La BCE n’est pas indépendante de la Fed. On entend ses responsables            préparer le terrain. On dit que Jérome Powell annoncera ce 26 août, à Jackson Hole, la réduction du Quantitive Easing, sachant que Jens Weideman, le patron de la Buba, avertit, le 8 août, que l’inflation pourrait repartir ici plus vite ! Pour lui, le P initial de PEPP (Pandemic Emergency Purchase Program, le Programme d’Achat d’Urgence Pandémique de la BCE) ne signifie pas « Permanent » ! Aux États-Unis, ceux qui veulent normaliser bientôt l’ont sans doute emporté, l’essentiel sera le rythme. En zone euro, entre ceux qui répètent que la hausse de l’inflation est transitoire et ceux qui n’y croient pas, le débat promet.

Et la bourse ? Ces hauts et bas, ces débats, devraient l’alerter, la freiner. Pas vraiment ! En tout cas elle ne pourra pas plaider la surprise, ce qui ne l’empêchera pas de se plaindre après !