France, où sont tes économistes ?

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 France, où sont tes économistes ?

Déjà cette question ! Oui, nous voilà en pré-présidentielle, dissolution oblige, après le discours de Michel Barnier. Ceci nous force à une approche plus financière et économique, sous le poids de la dette et du déficit, avec le budget à voter. Cette réalité sera source de conflits, au-delà des dosages proposés par le Premier ministre. Pourtant, les économistes ne sont pas très présents. Ils semblent enfouis sous la politique très quotidienne que nous vivons. Elle ne leur laisse pas beaucoup de place au Parlement. Ceci sans oublier Ukraine, Gaza, Liban et élections américaines. Donc le programme du Premier Ministre mérite attention.

Évidemment, aucun économiste n’oublie la situation. Mais c’est difficile de partir du réel pour trouver des solutions concrètes à expliquer, faire accepter, voter et appliquer ! Notre situation est une reprise fragile, autour de 1%, avec des consommateurs inquiets, des entrepreneurs qui attendent pour investir et déstockent, ce qui fait que l’élément le plus tonique pour expliquer la croissance actuelle est paradoxalement le commerce extérieur ! Dans la morosité de l’économie, nous importons moins et les entrepreneurs font tous leurs efforts pour trouver des marchés extérieurs. Tant pis pour la rentabilité !

A l’extrême gauche, on entendra des économistes dire que le niveau de la dette publique française n’importe pas tant, puisqu’elle se finance, même un peu plus cher. Il ne faudrait donc pas écouter les marchés et réduire la dépense publique, au risque de faire plonger l’économie dans la récession. Le mieux serait d’augmenter les impôts sur les « riches », avec des hausses de leurs taux marginaux d’imposition. Ces hausses pourraient être granulaires grâce à la multiplication des tranches d’imposition (jusqu’à 14 pour La France Insoumise, avec… 90% pour la dernière). Elles transfèreraient l’épargne « excédentaire » des plus aisés vers la puissance publique. Ceci modèrerait d’autant ses besoins de financement et lui permettrait de poursuivre sa tâche. Le ralentissement français en serait faible, permettant à l’économie et à la société de trouver d’autres équilibres. D’autres économistes (beaucoup en fait) ajoutent que l’Union européenne devrait assouplir sa politique budgétaire, jugée trop contraignante, pour soutenir l’investissement et aider l’Europe dans la révolution technologique en cours, appuyant le Rapport Draghi, qui n’en demandait pas tant !

En revanche, on n’entendra pas beaucoup d’économistes dire qu’il faudrait plutôt soutenir la croissance en renforçant la rentabilité des entreprises. Ils ajoutent que le déficit budgétaire français est, depuis 40 ans, la conséquence d’une économie qui cède du terrain en compétitivité, productivité et innovation par rapport à ses concurrentes. C’étaient l’Allemagne, avec un Franc trop fort par rapport au Deutsche Mark quand elle entre dans l’euro, plus les dumpings américain et chinois, mais pas que cela ! Conséquence : les entreprises souffrent en France, investissent ailleurs, les épargnants aussi. La rentabilité des entreprises est ici plus faible que celle des allemandes et américaines. Elle vient d’ailleurs encore de baisser : c’est la vraie source de nos difficultés.

Mais ces économistes seront dits « de droite ». On préfèrera parler de besoins à satisfaire et d’embauches publiques que d’augmenter le nombre d’années de travail pour la retraite, compte tenu des déficits des comptes sociaux à réduire et de l’allongement de la durée de vie. Mais il se trouve que le déficit va vers 160 milliards cette année et plus l’an prochain, sauf économies. Nous allons emprunter 270 milliards en 2025, 160 pour boucler le budget et 110 pour prolonger la dette accumulée : 3250 milliards. Quand on parle d’augmenter « l’impôt sur les riches », on oublie que 10 ou 15 milliards ne sont pas à la taille du problème, plus un risque de frein pour investir en France, des entrepreneurs et des épargnants. Comme les quelques milliards sur les « grosses entreprises ». Mais il faut bien faire un peu de politique !

La relance par la consommation, imputée à Keynes, serait Le miracle. Or il n’a jamais dit cela, sauf en cas de dépression, avec dévaluation, inflation et « euthanasie des rentiers » à la clef. Oublié ! Impossible ! Keynes nous parle toujours d’investissement privé, dans une vision à long terme. Le travestir, c’est oublier la concurrence internationale et nos retards d’innovation. Économistes, et nous, soyons lucides et courageux !