Après 1929… 2029 ?

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 Après 1929… 2029 ?

« L’histoire ne se répète pas, elle bégaie »

Aurait dit Karl Marx. « Un peuple qui oublie son passé, est condamné à le revivre », a sûrement dit Winston Churchill. Nous avons donc le choix des références pour nous préparer au centenaire de la Grande crise. Non pour la fêter bien sûr, mais pour à la fois comprendre ce qui s’est passé, en quoi ce qui survient diffère d’alors, comment nous en protéger, pour éviter le pire et surtout pour en sortir. Avec quelques leçons pour le futur qui s’approche.

 

1929 est une bulle boursière américaine qui explose

Voilà des années que montait le Dow Jones, faisant penser à presque tous qu’il ne s’arrêterait pas. Des Américains s’endettaient pour acheter des titres, dans l’espoir de les revendre, plus-value faite, prolongeant l’euphorie qu’ils créaient. Mais « on sait » que les arbres ne montent pas au ciel, même si des théories arrivaient, et arrivent toujours, pour expliquer que l’évolution présente est « normale », les conditions ayant changé.

Pourtant, dès le début de 1929, la croissance s’essouffle, les résultats des entreprises baissent, ce qui n’empêche pas la bourse de monter, les prêts « aidant ». Ceci durera jusqu’au terrible Black Friday (vendredi noir) du 24 octobre 1929, où le Dow Jones perd 23%, début d’une baisse qui va gommer près de 90% des valeurs boursières, avec leur cortège de faillites, de chômage et de misère. La crise devient alors mondiale, avec ses conséquences sociales et surtout politiques, jusqu’à la guerre. 1929 entre dans les mémoires, mais pas plus.

 

Cette fois-ci ne sera pas différente

Il n’y a que la bourse qui rend compte des inquiétudes, même si on l’admet toujours après. Elle intègre des sentiments opposés, n’ayant pas beaucoup de naïvetés sur ce qui motive les intervenants : le profit futur, de façon à créer une tendance haussière d’abord, autoentretenue, avant de se renverser un jour, brutalement mais plus tard, fortune faite pour ceux qui sont partis, pertes pour les autres. Or voilà que la bourse américaine ne monte plus en 2025, après 10 ans de hausse. Le Dow Jones, qui était à 17000 en 2015, a touché 45 000 début 2025, pour se trouver à 42 000, en attendant. Quoi ?

On ne veut pas voir que cette montée boursière est toujours alimentée par la Banque centrale américaine qui détient encore 15% de la dette publique et maintient bas les taux des bons du trésor, même si cette dette publique ne cesse de monter. Il y a 17 ans, il  s’agissait d’éviter la catastrophe, devant la crise des subprimes de 2008, ces crédits à l’immobilier qui avaient soutenu la bourse. Ici, la Banque centrale européenne détient encore le tiers de la dette publique de la zone euro. Le Whatever it takes de Draghi en 2012 sert toujours.

 

Pour une bulle, il faut du crédit, de l’oubli et du rêve

Aujourd’hui, les statistiques américaines annoncent 105 000 « départs » de l’emploi en avril 2025, après 275 0b00 en mars et 170 000 en février, une rupture depuis 2024, mais les embauches sont fortes ! Comment comprendre, sans la vigueur du capitalisme local ?

L’opération de coupes dans les dépenses publiques était claironnée, avec DOGE, le Department Of Governement Efficiency du célèbre Elon Musk à la tronçonneuse. Même lui doit l’admettre : il avait promis 2000 milliards d’économies, puis 1000, il en est à 160. Comment comprendre, sans même les avocats ?

Pas de surprise si les sondages montrent une montée de l’inquiétude des ménages, qui se reflète chez les entrepreneurs, d’autant que Trump menace ses alliés d’au moins 10% de hausse de droits de douane à l’importation et de 30% pour la Chine. Moins de consommation, donc de croissance, et plus d’inflation : c’est bien le risque qui pèse sur les États-Unis, qui ne cessent d’acheter chinois, pour se vêtir ou s’équiper : il n’y a pas moins cher. C’est un retournement des anticipations qui se joue : MAGA était vu comme un Eldorado sans nuages, ils viennent.

 

Donner de nouvelles perspectives ?

Il ne suffit pas de parler des risques chinois sans dessiner de futurs si l’on veut vraiment sortir de la passe actuelle. Nous quittons la pyramide d’après-guerre, USA-$-FMI, celle qui organisait la protection de tous, pour entrer en terres inconnues, où cette protection devrait être partagée. En combien ? Il ne sert à rien de parler du « déclin de l’empire américain » sans évoquer les troubles, puis les deals qui nous sont promis !

Pendant ce temps, la Russie prépare des manœuvres  aux abords des états baltes. Ce sera différent cette fois, promis.