Fêter Noël, ensemble !

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 Fêter Noël, ensemble !

Bien sûr qu’il le faudrait : car Noël est LA fête mondiale. C’est en effet, ou à peu près, le moment où les jours se mettent à rallonger dans notre hémisphère : le solstice d’hiver. C’est la fête de la lumière chez les Zoroastriens d’Iran, celles du « Soleil invaincu » des Romains, de la Nativité du Christ et des Lumières, un peu avant, à Lyon. Noël, qu’il soit religieux ou païen, voire primitif, symbolise l’espoir avec, ici, la fin de la plus longue nuit de l’année.

Acceptons donc l’augure de jours plus longs, symboles de plus de bonheur ! Il s’agira partout de ramener la paix, la bienveillance et la sagesse. Les lieux de nos attentes ne manquent pas, en effet : Ukraine, Israël-Gaza, peut-être Guyana-Venezuela, sans oublier les autres batailles au Moyen-Orient ou en Afrique sub-saharienne, ni les inquiétudes et les misères que l’on trouve partout.

Car ce qui est un besoin si évident pour tous, vivre longtemps sainement et en sécurité, n’est nulle part satisfait. Les rivalités et les embûches l’emportent toujours sur la recherche du seul bien commun : la Paix dans un monde vivable. Les difficultés pour conclure la COP28, à Dubaï, viennent de nous en donner un bel exemple : appeler à la fin des énergies fossiles dans ce lieu qui en vit excessivement bien, c’est appeler à Dry January dans une cave, où celui qui invite est le seul qui peut en payer les frais ! Il y aura donc des avancées, un freinage du pétrole et de plus fortes critiques du charbon, pendant que fondront les glaciers. Le compromis trouvé dira qu’il faut « transitionner vers une sortie des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, d’une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action dans cette décennie cruciale ». Et pendant que l’on « transitionne », on attendra plus longtemps la neige en montagne, dans des stations toujours plus hautes. On craindra les sècheresses ici, les inondations là, sans se mettre d’accord, en France ou en Europe, pour prendre des mesures « vertes » faute de puissance politique suffisante, c’est-à-dire sans s’endetter assez pour investir et compenser plus ce qu’implique cette transition massive et sans exemple historique.

Pour fêter ensemble, il faut être préparés aux changements, de produits, de secteur, d’activité et non reculer leur date d’arrivée officielle. « Avant », ils se passaient « par le bas », avec des faillites et du chômage d’un côté, des investissements et des embauches ailleurs, avec friches et mouvements de population à la clef, mais sans l’écho des réseaux sociaux. Les révolutions de la vapeur, puis de l’électricité se passaient dans une douleur silencieuse. Aujourd’hui on freine avec les fermetures et, « en même temps » pour le moment, on se félicite des « gigafactories » pour des batteries, le tout avec indemnités chômage d’un côté et subventions de l’autre. Ceci durera jusqu’au moment où des écologistes radicaux découvriront que ces nouvelles usines polluent elles aussi et réduisent la terre agricole, sans compter l’eau ou le plomb qui leur seront nécessaires.

Noël est une fête d’espoir dans un avenir incertain car hostile, faute de savoir les effets de ce que nous avons fait, entre notre nombre, croissant, et notre solidarité, hésitante. Bref, il est à craindre que les journées de contestation ne s’allongent.

Noël, dira-t-on alors, doit-il être interdit, « cancellé », comme symbole panthéiste ou source de faux espoirs ? Ou est-ce au contraire un signe revigorant, inspiration de ce que nous pourrions faire ensemble, au lieu de nous opposer en permanence ? Le risque est que nous savons bien que nous ne sommes « ni ange, ni bête », mais que nous savons surtout que l’ange nous ennuie, que la harpe paradisiaque nous assomme.

Bref, il nous faut reconnaître les catastrophes actuelles comme les effets conjoints de nos succès et de nos erreurs. En même temps, et c’est encore plus grave, les forces qui empêchent d’avancer ensemble sont en train de s’unir pour, au moins, freiner les progrès économiques et sociaux. Or freiner est toujours plus facile. Conserver ce qui existe a toujours plus de soutiens que bousculer pour aller vers l’inconnu. Évidemment, ceci ne peut pas durer : vivre mieux et plus longtemps gagne toujours, les forces de la vie bousculant les frontières. Noël nous le dit clairement, puisque les auberges étaient fermées à Bethléem et qu’il fallait passer outre, entre âne et bœuf, avec risques de maladies nosocomiales à la clef. Noël, au fond, est toujours un pari.