Cours à l’École de guerre : pourquoi et comment attaquer ?

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Ceci est le plan détaillé du cours à l’École de guerre du pays X (nom gardé secret) qui vient d’être donné.

 Cours à l’École de guerre : pourquoi et comment attaquer ?

Les raisons de la guerre

La décision d’entrer en guerre est toujours la décision suprême des dirigeants d’un pays, quelle que soit la procédure qui les a fait choisir : élections (plus ou moins contestées) ou coup d’état. L’entrée en guerre est, toujours, un acte de force, à la fois interne qui implique le peuple du pays qui la déclare et, bien sûr, externe, contre l’attaqué. Les raisons sont (évidemment) toujours légitimes : il s’agit de défendre les intérêts vitaux du pays qui se juge menacé dans son existence même, que ce soit dans sa population ou dans une autre, liée à elle par la géographie, la culture, la religion, la langue ou son honneur. On peut penser aux Sudètes en Tchécoslovaquie en 1933 avec Hitler, marquant le début de la seconde guerre mondiale, ou à l’Ukraine, la Transnistrie (Moldavie), l’Abkhazie (Géorgie) avec Poutine de nos jours, sans oublier les Pays Baltes ou la guerre de 1870. La guerre engage les vies, militaires et civiles, des attaquants et des attaqués, c’est bien pourquoi la décision est prise au plus haut niveau.

 

Les préparations de la guerre

On comprend donc, compte tenu de ses coûts humains et financiers, comme de ses enjeux stratégiques, qu’aucune guerre ne se lance sans préparations. Sans préparations militaires bien sûr, mais avant tout économiques et financières, et plus encore médiatiques et idéologiques. Il n’y a pas de déclaration de guerre sans de multiples études, rapports, livres, conférences et articles, dont la confluence apparaît toujours après. La guerre se fait par surprise pour ses lieux, jours et heures en termes militaires, mais jamais au hasard. Il y a toujours des leurres sur les diverses frappes, pas sur celles qui sont choisies : toutes se préparent, ne serait-ce que parce qu’il faut convaincre la population de leur bien-fondé.

1870 est le malheureux contre-exemple de ce propos. Le Parlement français déclare le 19 juillet 1870 la guerre à la Prusse, vexé du mal compris « il n’a plus rien d’autre à dire » du roi Guillaume Ier à l’ambassadeur de France. Le Chancelier Bismarck, bien au fait lui de la supériorité militaire prussienne, poursuit dans la ruse qu’il a montée : la fameuse « dépêche d’Ems ». De nombreuses défaites française s’ensuivent, jusqu’à celle de Sedan, la capitulation du 2 septembre 1870, la fin de l’Empire et la proclamation de la République le 4 septembre 1870. Cette guerre n’aurait jamais dû être déclarée : quand on cède à la provocation, on cède tout.

 

La vérité, première victime

On ment en temps de guerre, très en avance, toujours et c’est de bonne… guerre, mais pas sur les raisons de la mener, en tout cas les principales. La guerre se fait dans le brouillard (Clausewitz), dans le mensonge, avec des espions simples ou doubles installés depuis longtemps, par l’utilisation d’amis devenus « idiots utiles », par leurs papiers et analyses de soutien, écrits de bonne foi bien sûr. En temps de pré-guerre et de guerre, on ne sait jamais ni ne comprend tout : tout change tout le temps. Le hasard est roi à court terme. Il ne faut donc être surpris par rien, pour réagir.

Entrer en guerre, c’est connaître au mieux l’ennemi, se préparer à mentir, à tuer, et à mourir, ce qu’on ne dit plus. Préparer la guerre se fait très en amont, sans le proclamer. Il faut réfléchir à ce que l’on veut et, autant, à ce que peut et veut l’adversaire. Gagner, c’est faire perdre : la guerre est affaire de courage et de réflexion au service du pays. C’est donc aussi une exigence, pour commenter les événements, en les déformant.

 

Les armes médiatiques

On connaît les armes terrestres, aériennes, hypersoniques, marines et sous-marines, plus les drones. Chacune vient avec ses avantages et ses limites, donc avec ses propres armes médiatiques, pour vanter les uns et taire les autres. Connaître leurs limites n’est pas s’en défier, c’est se donner les moyens de les utiliser au mieux et de répondre aux critiques qui ne vont pas manquer. Les médias sont le théâtre décisif des combats, impossible de penser l’après-guerre ou l’après-régime sans organiser l’avant, surtout si la guerre doit être courte.

 

Une guerre ne vient jamais seule

La paix est là pour la préparer ! Depuis 1945, de nouvelles armes attendent, les « tensions » s’ajoutent, les « changements de régime » s’impatientent. Jamais la guerre ne fut autant la politique par d’autres moyens.