Vœu 1 : Janet (Yellen) réussit son coup. Dans le monde, la croissance reprend, suite aux remèdes de cheval des Etats-Unis – dont ils ont été les premiers à bénéficier. Les voilà vers 3,5 % de croissance, prêts à hausser leurs taux courts en milieu d’année, avec plein de précautions pour que leurs taux longs ne réagissent pas trop. Quand on retourne à la normale, il faut le faire par paliers, disent les plongeurs. Autrement, si les taux longs se détendent trop vite, la bourse chute, les pays émergents souffrent, l’Europe retombe en récession. Donc Janet va parler, masser et hausser doucement, sans réactions trop fortes. Merci Janet d’avoir utilisé le mot « patience » pour gagner du temps !
Vœu 2 : Xi Jinping amortit le coup. La Chine est au courant de la manœuvre de Janet et s’y prépare. Elle, ce n’est pas un choc de taux d’intérêt qu’elle craint mais plutôt un choc de change. Si les taux américains montent, le Yuan suit… car il est collé au dollar (c’est secret). S’il monte, ceci n’aidera pas le pays dans sa région, face à la Corée et surtout au Japon avec sa politique de baisse forcenée du yen. Certes, le Japon prend des risques majeurs en faisant chuter sa monnaie, entretemps il « ennuie » tout le monde. La Chine doit en effet délocaliser ses activités plus vite vers le centre du pays et le Vietnam, ce qui ne l’arrange pas. La Corée va au Mexique, moins cher que la Chine. Ce que va faire la Chine, c’est donc exporter sa monnaie, autrement dit la faire baisser en achetant tout ce qu’elle peut en Europe : ports, routes, usines, startups, marques… et en Afrique : terres et mines. Ce qui est pris sera pris et personne ne pourra trop rien dire.
Vœu 3 : Poutine détourne le coup. Au début, il a été très surpris de la réaction (évidemment non concertée…) des exportateurs de pétrole, des marchés financiers et des politiques occidentaux. En quelques jours, le prix du pétrole s’est effondré, comme le rouble, menaçant son économie. Il décide donc d’aller voir ailleurs – la Chine lui tend les bras – et de calmer le jeu avec l’Ukraine tout en criant très fort, histoire de ne pas perdre la face. Peu à peu la Russie va mieux, sans retrouver sa forme d’antan.
Vœu 4 : Cameron encaisse le coup. Le Royaume-Uni est coincé. Sa monnaie va monter, puisqu’elle est liée au dollar (c’est secret aussi) et qu’elle est un réceptacle de choix pour « épargnants » russes, chinois… qui arrivent (eux) à se loger dans Londres. Sa spécialisation bancaire et financière sera davantage sous pression, avec les bonus et les salaires d’un côté, les régulateurs de l’autre, les policiers d’un troisième. Il va falloir continuer à jouer flexibilité et ouverture. Ce sera plus compliqué qu’avant, mais les Anglais sont habiles.
Vœu 5 : Abe rejoue un coup, et ça tient. Le Japon est un kamikaze monétaire. Jamais on n’a vu un tel désir de faire remonter l’inflation en faisant baisser la monnaie, non pas au risque de faire frémir les imperturbables japonais, mais d’énerver les Coréens et plus encore les Chinois. On lit même des études où, s’il continue à ce rythme, le Japon redeviendrait monétairement plus compétitif que la Chine, sans compter ses capacités de recherche et sa productivité ! Pas la peine de rêver : il suffit de souhaiter qu’Abe poursuive sa politique sans tout casser. C’est beaucoup.
Vœu 6 : Mario fait le coup du « whatever it takes » et achète vraiment des bons du trésor. Il franchit le Rubicon, les marchés adorent, les Allemands ne le crucifient pas. La zone euro a tout subi : ses crises internes et la politique monétaire des autres (USA et Japon pour ne pas les nommer). Elle commence à s’ébrouer. Son ajustement va se poursuivre en se faisant aux us et coutumes d’une zone monétaire où on ne peut dévaluer la monnaie qu’on n’a plus. Grèce, Espagne, Portugal… vont porter longtemps les stigmates de leurs erreurs. L’Italie est inquiète : elle ne croissait pas avant l’euro et décroît avec. Elle qui est au bord de la déflation – sinon dedans. La Grèce joue le clepsydre… Une année de gagnée !
Vœu 7 : la France nous fait un coup : elle aime moins la politique et plus les chiffres ! Elle se distrait moins, en attendant les élections présidentielles, avec les chamailleries des communales puis les découpages des régionales. Tout ceci a ses limites si la croissance est trop faible, si la déflation s’installe et si l’emploi ne repart pas. Regarder la courbe du chômage pour savoir si, oui ou non, François Hollande va se représenter, c’est quand même oublier les chômeurs. La France se dit alors que c’est un grand pays, avec des patrons et des salariés de qualité, des chercheurs et beaucoup de capacités et d’énergies, mais qu’elle s’épuise dans un Etat pléthorique, avec des règles folles. Dans les PME, dans les régions, c’est toujours plus compliqué, voire désespérant. Le politique n’a plus d’argent, qu’il le dise donc ! Les entreprises doivent avancer pour oser, exporter, embaucher : elles le font. Mais il leur faut moins d’impôt, moins de textes et de (principe de) précaution ! Le réel atterrit chez nous…
Bonne année.