Chère banquière, j’ai peur des faillites américaine et française !

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 Chère banquière, j’ai peur des faillites américaine et française !

Le Client : Cher Banquière, je vous appelle parce que je viens d’écouter la radio. Elle parle de faillites aux États-Unis et en France, tant la dette publique monte dans ces deux pays.

La Banquière : Vous n’êtes pas le premier à me contacter à ce sujet ! Oui, la dette française ne cesse de monter avec les grèves ici, et là-bas, les Républicains au Congrès américain envisagent un défaut sur la dette publique. C’est donc… préoccupant.

Le Client : Préoccupant, vous aussi vous avez entendu ! Alors, vous n’avez pas peur ? Et qu’est-ce que je fais de mon épargne en assurance vie ?

La Banquière : Procédons par ordre. Les Républicains, américains je précise, pour ne pas confondre avec ceux d’ici, jouent à leur jeu favori et idiot : celui de « la poule mouillée ». Ils menacent Biden de faillite, s’il ne réduit pas ses dépenses. L’administration ne paiera plus ses fonctionnaires. S’il cède un peu, ils ont gagné. Un peu seulement, parce qu’ils ne pensent qu’à la Présidentielle qui vient dans un an et demi. Ils ont déjà dix candidats chez eux : donc il est exclu qu’ils se préparent à avoir un élu qui gérerait la faillite qu’ils auraient provoquée ! C’est du cinéma !

Le Client : Et ici ?

La Banquière : C’est presque pareil : il faut faire reculer Emmanuel Macron sur les retraites, bout d’article par bout d’article, pour que sa réforme ne rapporte rien. Alors son parti sera mort et personne n’osera plus se lancer dans une autre réforme avant des années, quand on verra que les déficits montent partout.

Le Client : Donc c’est la faillite !

La Banquière : Dans dix ans, ce sera la baisse des retraites. On regrettera, mais ce sera trop tard : les retraités vendront leur appartement ou leurs titres pour se payer leur maison de retraite ou leur EHPAD.

Le Client : Mais c’est une horreur !

La Banquière : Je sais. Alors il y aura des avantages fiscaux pour acheter les chambres ou pour payer le loyer, « avantages » si l’on peut dire, puisqu’il faudra les régler seulement en bons du trésor français.

Le Client : Mais c’est illégal !

La Banquière : Aujourd’hui oui, mais dans dix ans, si nous creusons encore ce triple déficit, du budget, des comptes extérieurs et de la retraite ? Est-ce que la Banque centrale européenne sera aussi compréhensive ? Est-ce que d’autres pays de la zone euro, comme les Pays-Bas, seuls aujourd’hui, ne vont pas dire qu’ils en ont assez de payer pour la France, en s’endettant eux à des taux plus élevés du fait du risque qu’elle fait peser sur eux.

Le Client : Un risque, lequel ?

La Banquière : Celui de la montée des taux longs qui pourrait faire tomber l’Italie, puis la France, autrement dit, faire exploser la zone euro.

Le Client : Vous voyez que vous y pensez et même que c’est plus sérieux que ce qui se passe aux USA !

La Banquière : Ce n’est pas tout à fait la même logique. Les Républicains veulent faire caler Biden sous la pression directe des marchés financiers et du risque dollar. Les Insoumis veulent faire caler Macron sous la pression indirecte des autres marchés financiers européens et du risque euro.

Le Client : C’est plus dangereux ici !

La Banquière : Oui, car c’est indirect, donc lent, et que les députés Insoumis n’ont rien à perdre : pas d’argent. Ils veulent que les riches payent, tandis que les Républicains américains ne veulent surtout pas plus d’impôts, c’est même le contraire. Donc le « jeu » va s’arrêter plus vite là-bas !

Le Client : Parce que nous avons, avec la retraite par répartition, un amortisseur qui s’use depuis des années, réduit les excédents de ses caisses et augmente ses dettes, plus l’amortisseur européen par capitalisation, qui serait moins patient ?

La Banquière : Les Pays-Bas ne sont pas forcés d’acheter nos bons.

Le Client : C’est donc plus dangereux ici qu’aux USA !

La Banquière : Oui, la retraite s’y appelle : « droit à la paresse » et les contraintes pour stabiliser la dette publique : « carcan de Bruxelles ». Mais sur le dernier emprunt du trésor français, qui a drainé 5 milliards le 7 février à 3,1%, jusqu’au 25 mai 2054, 30 ans, 12% viennent d’ici et 23% des Pays-Bas : on comprend qu’ils s’inquiètent plus que nous !

Le Client : Mais on ne nous dit rien !

La Banquière : Ici on compte les manifestants.

Le Client : Bon : je garde des bons d’état pour ma retraite, j’achète des actions américaines et j’investis dans les pays à retraite par capitalisation !

La Banquière : Pas ce que veulent Macron et Mélenchon !

Le Client : C’est ce qu’ils me font faire !