Bitcoin, Nasdaq et CAC 40 : quand éclatent les bulles

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 Bitcoin, Nasdaq et CAC 40 : quand éclatent les bulles

Rien de tel que de monter « hardiment » les taux d’intérêt, pour lutter « avec vigueur » contre l’inflation, tout en disant que tout sera fait pour éviter une récession, pour inquiéter les marchés… C’est alors que chutent les valeurs qui avaient le plus monté, un phénomène rétrospectivement qualifié « d’éclatement de bulles » et qui fonctionne par familles.

C’est ce qui est arrivé au bitcoin (BTC), chef de la famille des « cryptomonnaies ». Il cote actuellement 20000 dollars. Nous ne sommes donc plus à son maximum de 67800 dollars en novembre 2021, ni même aux 47000 de ce début d’année (-57%). Et encore, cette baisse doit-elle être comparée à celle de 70% depuis le début de l’année, de l’Ether, deuxième capitalisation du secteur, pour ne pas parler ici d’effondrements et de disparitions des autres. Le « poids » total de ces « cryptos », leur capitalisation boursière, est passé d’un maximum de 2900 milliards de dollars en novembre 2021 à 930 actuellement. Les gros maigrissent, les maigres meurent !

Ce devait donc être au Nasdaq (USNDX), fameux indice américain des valeurs technologiques, d’entrer dans cette danse. Il est à 11700 environ, soit une baisse de 30% par rapport à son point haut (16700) et de 27% par rapport au début d’année (16000). Enfin, pour clore ici ce martyrologue, le CAC 40 (FR40) à près de 6000 points, contre 7370 à son maximum le 5 janvier (-19%), juste après 7170 en début d’année (-17%). En fait, les marchés des crypto-monnaies ont connu leur plus haut en 2021 et précédé les autres dans leur baisse, commencée en janvier 2022.

Comme toujours, l’éclatement mondial des bulles commence par ce qui était jugé « excessif » (mais pas pour tous !) : les « cryptomonnaies ». Ce début montre qu’elles étaient d’autant plus fragiles qu’elles n’étaient pas monnaies : elles n’étaient pas des réserves de valeur, donc pas propices non plus à des transactions avec leur instabilité forte et imprévisible. En plus, elles sont dévoreuses d’électricité, lentes, ouvertes à des transferts illégaux ou à des vols, sans vraie surveillance, ni régulation. C’est notamment le cas aux États-Unis, où elles se trouvent face à une montée des taux qui met à mal leurs business models – pour autant qu’elles en aient, hors d’être des « actifs spéculatifs », ce qui dit tout. Bien sûr, ces monnaies ont leurs fans, attirés par leurs mouvements incessants qui leur permettraient de vite s’enrichir, avec les prévisions d’ « experts ». Mais, avec les modèles de Trading Economics pour le bitcoin, on entend parler (le 14 juillet) de 19446 dollars en fin du troisième trimestre et de 14238 dollars dans un an, soyons précis !

La réalité n’étant pas un modèle, nombre d’ « entreprises » du secteur ferment ou souffrent, comme Terra, Three Arrows Capital, Compass Mining, Volt… La liste est longue de cours boursiers qui ont perdu 80%, sachant que nombre d’entre celles qui restent avouent quelque difficulté à rembourser leurs déposants, en oubliant celles qui ont reconnu qu’elles ne pourront le faire. Plus importants, compte tenu des effets sociaux et politiques de ces crises, sont les risques qu’il y a à sortir du lien avec le dollar au Salvador et ou avec le Franc-CFA en République Centre-Africaine, en se rapprochant du bitcoin. Certes dollar et euro sont sans doute trop forts pour des pays aussi pauvres, mais on ne peut exclure les influences russes ou chinoises derrière ces choix : des approches plus graduées et régionales seraient bien meilleures. Les cryptomonnaies sont donc, en plus, hackées par des forces politiques !

La bulle du Nasdaq ne pouvait que suivre, avec les corrections des vedettes qui en font l’essentiel. Depuis le début de l’année, Apple, Microsoft, Alphabet ont perdu 20%, Amazon plus de 30% et Facebook (Meta) plus de 50%. Les valorisations autour de 20 fois les profits résistent mal aux inquiétudes qui se forment sur la récession, les marchés d’actions « pensant » que les titres qui ont le plus monté sont les plus fragiles, leurs détenteurs les vendant pour prendre au plus tôt leur plus-value.

Bien sûr, comme toujours, on alignera les bonnes raisons derrière cette cascade de baisses : taux trop bas trop longtemps, Covid, Ukraine, Chine… Mais c’est dire que ceci va durer, pesant sur la croissance dans un contexte géopolitique menaçant. Quand éclatent les bulles, ce n’est pas de champagne qu’il s’agit. En sommes-nous conscients, à la Chambre des députés comme dans notre vie courante ?