76 000 centenaires en France en 2040 : c’est pour bientôt !

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 76 000 centenaires en France en 2040 : c’est pour bientôt !

L’Insee est formel : il y aura ici, en 2030, 30 000 centenaires, en attendant 210 000 en 2070, soit entre 100 000 et 600 000 selon leurs prévisions. Bien mieux que les voisins ! Les centenaires sont à plus de 80% des femmes, le pourcentage d’hommes augmentant lentement, d’un pourcent avec le temps. De plus en plus, ces centenaires se réunissent entre eux, physiquement dans des maisons de retraite ou par zoom ou teams. Ils se racontent leurs souvenirs et parlent de leurs idées d’alors.

« 100-2070 » : est le nom du club des centenaires en 2070. Il regroupe celles (surtout) et ceux (quelques-uns) nés avant 1970. Il se réunira en janvier 2070, par villes et par groupes, pour fêter la venue de ses nouveaux membres. Nous y serons.

 

Janvier 2070, en direct du club des centenaires «100-2070 »

 

  • Te souviens-tu dit l’une, née en 1968 et récemment reçue dans le club, des manifs de 2023 ? J’avais 55 ans à l’époque et défilais contre la retraite à 64 ans. Mon père me racontait toujours ses manifs à lui, mais c’était pour faire la révolution, en 1968 bien sûr. Quelle époque, on courait encore !
  • Moi aussi je me souviens bien de ce temps, j’étais « verte » alors. J’allais dans les batailles, en pleine campagne, contre les « bassines ». C’étaient de grandes retenues d’eau que voulaient les paysans pour leurs cultures et que nous, les écolos, nous détruisions. C’étaient les symboles de l’agriculture intensive et productiviste : pas d’eau pour elle !
  • Moi, jeunes, j’étais à la ZAD de Notre Dame des Landes, contre l’extension de l’aéroport de Nantes !
  • Et moi, qui suis plus mûre encore que vous, j’étais à La Hague, contre le nucléaire et le retraitement des déchets !
  • Espèces de gauchistes, s’écrie une autre en riant ! Moi j’étais avec le jeune Macron.
  • Ah oui, Macron, qu’est-ce qu’il a pris à l’époque !
  • Oui, mais nous, nous n’avons jamais pensé à nous.
  • A nous ?
  • A nous, les centenaires d’aujourd’hui : travailler à partir de 22 ans, arrêter à 64, donc pendant 42 ans et « paresser » ensuite pendant plus de 36 au moins, comme nous ! C’est long. A l’époque, nous ne parlions que d’emplois pénibles, d’égoutiers, de terrassiers, de maçons, de tous ceux qui devaient mourir juste quelques années après leur retraite, sans en profiter. Ils nous ont bien servi à nous, ces métiers aussi pénibles que disparus ! Comme s’il n’y avait pas de progrès dans l’organisation du travail, comme si ces métiers manuels n’avaient pas évolué… Et comme s’il n’y avait pas d’emplois de services, pas de comptables, pas d’informaticiens, pas de cadres, et aucun fonctionnaire.
  • Que des hommes et pas de femmes !
  • Permettez à un homme, à un rescapé, de parler : pourquoi mourons-nous plus tôt ? Le travail, le stress, la responsabilité de faire vivre la famille, les excès de cigarettes, de nourriture, de boisson, de femmes ?
  • Quoi, les femmes feraient mourir les hommes plus tôt ? Et notre travail à nous, nous qui avons de plus en plus d’emplois « déclarés », plus les tâches ménagères « non déclarées » ? Et les hommes ne nous fatigueraient pas, puisqu’il nous faut les supporter, et les enfants ?
  • Disons que c’est une inégalité biologique, dit l’homme… Reste aussi à savoir qui avait raison avec cette histoire de retraite. On a vu ce qui s’est passé après.
  • En fait, ces calculs du COR, Conseil d’Orientation des Retraites, nous avaient désorientées !
  • C’est bien vrai !
  • Ils n’avaient fait que prolonger une seule tendance en la rendant un peu moins favorable : la productivité du travail, la base de la croissance. Ils la faisaient un peu ralentir. C’était malin : les calculs l’augmentaient de 0,7 à 1,6% l’an, oubliant les antérieurs, trop roses, où elle croissait de 1 à 1,8% l’an. C’était sortir un peu du rêve, mais sans intégrer l’allongement de la durée de la vie, nous savons de quoi il s’agit, et en oubliant la baisse des naissances.
  • Mélenchon, vous vous souvenez, voulait le SMIC à 1 600 euros et la retraite à 60 ans. Jadot voulait moins de pollution par moins de croissance. Les autres ne savaient plus. Les Macronistes voulaient un rapprochement avec… je ne sais plus. C’est dur de vieillir, avec ces politiciens qui rêvent de la prochaine élection, pas de la prochaine génération, moins encore de celle qui suivra.

 

STOP

 

Cria le metteur en scène du fond de la scène. « Nous perdons le fil de l’histoire ! » La lumière se fait. Nous sommes en 2023, encore jeunes, enfin : plus ou moins. Il nous reste quelque temps.