1929-2029

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Fêter le centenaire d’un événement, dramatique ou non, doit nous faire réfléchir. Ce temps qui passe nous permet de mesurer plus clairement nos erreurs de trajectoires, minimes au début, et aussi quelques-uns de nos succès. Il nous donne des leçons de comportement, ou plutôt une seule : attention aux excès de crédit, même parés de « bonnes » raisons.

 1929-2029

Wall Street, krach en 1929

Il est fameux, ce « jeudi noir » du 24 octobre. Il interrompt, avec -22% à Wall Street en un jour, une euphorie boursière financée à découvert. S’ouvre alors une série de fermetures de banques puis d’entreprises, avec son cortège de licenciements, chômage, pauvreté, faute d’assurance-chômage à l’époque, donc de misère. C’est la dépression, cette baisse conjointe des prix, dont celui du travail, le salaire, et de toutes les productions. Une spirale infernale commence, avec ses conséquences dramatiques, économiques et politiques. Elle s’arrête quand l’État américain soutient les emplois par des grands travaux, en s’endettant à long terme. Preuve qu’il le pouvait. Le New Deal de F.D. Roosevelt, en 1932, sauve les États-Unis et en fait repartir l’économie à la fin des années 30. Cette masse de crédits leur permettra d’être les gagnants de la Deuxième guerre mondiale, leur assurant soixante-dix ans d’hégémonie planétaire. C’est cette capacité d’émettre de la dette publique qui a sauvé la crise de la dette privée, mais il y a longtemps.

 

Weimar, 2,6% en 1928

C’est le côté tragiquement politique de la crise de la dette en Europe. 2,6%, c’est le score électoral du parti nazi en Allemagne, avant qu’il ne « profite » de la débacle qui suit le krach de Wall Street. 1200 jours plus tard, il sera au pouvoir. Partout, les choses vont très vite, entre finance et politique. La crise de la dette allemande, jointe à celle des États-Unis, a eu des effets catastrophiques sur les économies et systèmes sociaux du monde. Elles en renversent les logiques et remodèlent les rapports de force. L’Allemagne et l’Europe en sortent affaiblies et les États-Unis grandis, dans un partage du monde face à Russie/URSS. Il durera jusqu’en 2014, année où la Russie envahit la Crimée. Pendant toutes ces années, les dettes privées et publiques n’ont cessé de monter, sans trop inquiéter. Elles étaient « garanties » par un entrelacs de règles et de normes pour le privé, notamment bancaire, étayé par des règles et des normes pour les déficits budgétaires et l’émission de dette publique. La clef de voute de l’ensemble est le dollar, monnaie de la première puissance du monde, sauf si elle abuse de son hégémonie monétaire, en s’affaiblissant politiquement. Ce qu’elle fait aujourd’hui, entraînant les autres, par l’oubli des lois de l’économie et des leçons de l’histoire.

 

2014-2025

Le 28 février 2014, la Russie envahit cette Crimée qu’elle avait rendue à l’Ukraine en 1954 : une nouvelle période historique commence. Les raisons s’ajoutent pour expliquer cette attaque, perpétrée par un membre du Conseil de Sécurité, contre un pays qui voulait rejoindre l’Union européenne : crainte de la démocratie, désir de rebâtir l’Empire russe, volonté d’équilibrer l’Europe et l’Asie dans son territoire par rapport à la Chine… ? En réaction, les démocraties agitent les Traités. La Russie comprend que l’Occident ne sait lui répondre, pas plus qu’à la Chine, ces deux membres du Conseil de sécurité de l’ONU qui ne respectent plus les règles faites pour les autres. Il faudra à l’Occident du temps pour admettre que les montées de la Chine, dont la Russie reconnaît qu’elle l’a dépassée, puis de l’Inde et du Brésil ont tout bouleversé. Les rangs, donc les règles, ont changé, tandis que montent les dettes. Finance contre politique, les guerres s’étendent.

 

2025-2029 ou 2049 ?

Encore quatre ans pour « finir » le centenaire de 1929. Mais il faudrait une puissance assez forte pour imposer la paix à celles ruinées et s’accorder sur un nouveau départ, en le finançant. Qui peut le faire aujourd’hui hors les États-Unis, encore ? Et pourquoi parler de 2049 ? Parce que ce sera le centenaire du Parti communiste chinois, symbole qui implique que ses dirigeants prennent Taiwan pour bien « finir » leur centenaire. Annexion, conquête, réconciliation : nul ne sait. Tout dépendra des deux endettés et rivaux du monde, Chine cette fois, États-Unis toujours.

 

Les guerres du siècle passé opposaient fascisme, démocratie, communisme. Nos affrontements ne sont plus idéologiques, la guerre demeure, la dette monte : 2,4 fois le PIB mondial.