Docteur, que se passe-t-il sur les salaires ?

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Docteur, je sais bien que, quand le taux de chômage baisse, les salaires augmentent, et bientôt l'inflation. C'est une vieille règle, testée depuis plus d'un demi-siècle et qui sert à tous, non seulement dans la politique monétaire, mais aussi dans la vie sociale des entreprises.

 

Or aujourd’hui, aux États-Unis, avec un taux de chômage de 4,3 %, les salaires augmentent de 1,6 à 1,7 %, à peine plus que l’inflation. Alors que, dans les années 70, pour un taux de chômage 4,3 %, le taux d’inflation était à 6 %. Dans les années 1980 à 2000, pour un taux de chômage à 4,3 %, l’inflation était à 3 %. Au fond, avec le même taux de chômage, nous avons aujourd’hui aux États-Unis trois fois moins d’inflation qu’il y a 40 ans !

Et c’est la même histoire que l’on retrouve en Allemagne, avec un plein emploi et environ 2,5 % d’inflation ou, pire encore, au Royaume-Uni, avec un plein emploi et des salaires réels qui baissent !

Comment comprendre, Docteur ?

C’est d’abord le poids de la crise passée qui pèse sur les esprits et inquiète. C’est ensuite le poids de la révolution technologique en cours, qui accentue la concurrence, fait disparaître des métiers et angoisse les quadras ou les quinquas. Ils s’accrochent à leur métier, parfois largués. C’est aussi l’ouverture au monde, facilitée par la technologie.

Et il ne faut pas oublier non plus ce qui se passe avec les jeunes, en particulier peu ou pas qualifiés. Ils ont beaucoup joué à des jeux vidéo, quand ils étaient enfants. Aujourd’hui, ils veulent toujours jouer plusieurs heures par semaine, parfois par jour. Donc, quand on leur demande de travailler et surtout de travailler plus longtemps, ils ne le souhaitent pas.

Au fond, à côté des vieilles règles, il y a aujourd’hui non seulement la révolution technologique, mais aussi son effet sur les comportements de certains jeunes. Pas facile à changer !