e-euro ? Encore cet e ? Est-ce une menace ? Pourtant, nous en aurons tous en 2025 ou 2026, à côté de nos comptes à LCL ou à la BNP. Alors, pourquoi attendre ? Pourquoi « à côté » ? Est-ce que ce sera cher ? Risqué ? Et surtout, pourquoi se lancer dans cette opération qui peut tout troubler, nous et les autres ? Et surtout si vite !
D’abord, parlons de cette future « monnaie partielle » que l’on nous promet partout : l’e-euro. C’est un vrai euro, mais électronique. Il nous permettra de faire seulement de petites transactions, il est donc « partiel » (pour l’instant). Il va ainsi s’installer, « à côté » des pièces qui vivront leurs derniers jours, des billets (qu’il menace), de nos comptes et des chèques (en baisse eux aussi), des cartes de crédit, physiques ou en photo dans notre téléphone portable et sur nos montres connectées, pour payer plus vite que la banque traditionnelle. Plus vite, parce que c’est toujours la vitesse de l’électronique qui œuvre, mais qui saute cette fois une étape : celle de la banque commerciale. Payer en e-euro, par un clic, impactera alors notre compte… à la Banque centrale européenne, pas notre compte à LCL ou à la BNP. Ce sera donc encore plus sûr, car ce seront des euros de la BCE qui seront en mouvement et non ceux, inscrits en euros certes, légalement équivalents à l’euro-BCE certes, mais enregistrés dans votre banque commerciale et qui dépendent donc de sa solidité. Inquiétude folle ! En France oui, bien sûr, car aucune banque n’inquiète. Aucune fuite des dépôts ici. Mais ailleurs, en Afrique par exemple ? C’est pourquoi il nous faut développer l’e-euro, en faisant attention quand même.
Avec l’e-euro, nous sommes en effet dans le saint des saints : à la BCE. Il faudra veiller à ce que cet accès direct ne soit pas utilisé par des « hackers bandits », qui voudraient s’enrichir en détournant les fonds énormes qui y sont, ou par des « hackers politiques », qui voudraient affaiblir sa crédibilité. Ou les deux réunis. D’où les délais et inquiétudes dans sa mise en place, les discussions et tests, car on ne sait pas combien d’e-euros les ménages voudront détenir et ce qu’ils en feront. Ce sera au détriment des trésoreries de leurs banques, au risque de les fragiliser. D’où l’idée de limiter en France les encours à 3000 euros par compte selon la Banque de France, et de… 30 seulement pour les banquiers (qui veulent réduire la concurrence et les risques d’instabilité, le temps de voir les nouveaux comportements). D’où cette « monnaie partielle », au début.
Le e-euro derrière le e-yuan : pourquoi derrière ? Parce que la Chine est première dans la course ! Elle veut « bancariser » au plus vite sa population, surtout à la campagne, pas seulement pour la suivre et l’espionner, mais pour mieux et plus la fiscaliser. Ajoutons que, dans la concurrence avec le dollar, l’e-yuan avance ses pions à l’extérieur du pays, en Afrique et dans les pays émergents notamment, où il y a bien plus de portables que d’agences. Le yuan a pris depuis longtemps les routes de la soie, et maintenant celles du pétrole, des produits alimentaires et des terres rares. Dans toutes, l’e-yuan va l’escorter, en évitant ainsi le dollar.
Pendant ce temps, e-euro et e-yuan attendent toujours le e-dollar. Certes, ce dernier se prépare, dit la Fed. « Les autres » auront à essuyer les plâtres, d’autant que le dollar risque plus à ouvrir sa banque centrale : sa caverne d’Ali Baba est autrement fournie !
En fait, la concurrence des trois monnaies mondiales se poursuit, passant cette fois par les nouvelles technologies. La part du dollar baisse légèrement parce que celle du yuan monte dans les transactions avec la Russie, comme avec l’Arabie Saoudite. Le yuan monte aussi un peu dans les réserves par rapport au dollar, mais parce que l’euro monte grâce à… la Suisse qui l’entasse (pour freiner la montée du Franc suisse sans doute). Ceci sans oublier l’ascension de l’or, à un prix record de plus de 2 350$ l’once : l’Inde l’achète toujours, plus encore la Russie et la Chine, qui en extraient sans trop le dire. Personne n’oublie non plus les réserves gelées de 340 milliards de dollars de la banque russe « gérés » à New York. Le e-or n’existe pas.
Ce qui se joue derrière le moindre attrait du dollar est politique. Il regarde ce qui se passe à côté de la première économie du monde, rentable et aimée des boursiers, mais avec cette énorme dette publique. Surtout, pas d’inquiétude : l’e-dollar attendra.