Zuckerberg Mark pokes Marx Karl

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 Zuckerberg Mark pokes Marx Karl

Zuckerberg Mark : Que je suis heureux que vous m’ayez répondu, pour friender sur Facebook !

Marx Karl : Ne confondez pas mon intérêt pour le développement des forces productives avec celui pour les plus riches capitalistes du monde !

Z M : Mais je n’exploite pas les salariés de mon entreprise. Mes profits, pardon : nos profits, viennent surtout de ce que me payent mes clients-consommateurs pour pouvoir échanger entre eux. Je les aide. Je pourrais comprendre qu’un ouvrier boulanger soit exploité quand son patron vend « son » pain, mais pas quand quelqu’un paye Facebook pour dire à ses amis qu’il a trouvé un bon boulanger, en joignant la photo d’une miche !

M K : Mais vous avez des salariés et vendez leur expertise. C’est bien ce qui permet à vos clients entreprises de s’améliorer, grâce ce que vous avez pu savoir chez vos clients individuels !

Z M : Non, je les aide tous à choisir, à discuter, à élargir leurs connaissances et leurs savoirs, patrons ou non. Je ne m’occupe pas des classes, mais des réseaux. Je veux bien que les classes sociales soient assez peu affaire de choix, mais les réseaux oui. On peut être forcé d’être boulanger, et encore, mais pas d’être friend ou de liker.

M K : Mais ce vous faites est pire ! Vous faites du profit avec les informations que vous trouvez grâce aux algorithmes de vos ingénieurs et matheux : vous vendez alors leur travail à des entreprises pour qu’elles se développent en vendant plus et surtout mieux, donc avec plus de profit. Mais ces informations que vous leur vendez, vous les extrayez de vos clients individuels, à leur insu, gratuitement. Vous les faites payer pour qu’ils vous donnent leurs coordonnées, leurs revenus, goûts, comportements, puis vous revendez le tout ! Vous exploitez vos salariés grâce à ce que vous volez chez vos clients !

Z M : Mais j’aide tout le monde : les clients à être mieux informés, donc à mieux choisir, les entreprises à mieux produire et vendre, avec moins de gâchis !

M K : Bravo, le défenseur de tous : ouvriers, clients, entreprises, planète ! Émouvant ! Mais vous payez quand même vos prolétaires !

Z M : Oh oui ! Au point qu’ils en sont millionnaires : salaire, bonus, surtout actions ! Leur vrai capital n’est pas monétaire : il le sera quand ils vendront. C’est pourquoi ils travaillent si dur !

M K : Oh oui ! Au point de s’épuiser physiquement !

Z M : Oh non : intellectuellement ! Après, ils vendent leurs actions et… plage !

M K : Ils trouvent des salariés assez riches pour acheter leurs titres ?

Z M : C’est le problème. En plus, je passe mon temps à racheter mes actions pour en faire monter le cours. Ce n’est pas la baisse du profit qui m’inquiète, mais la montée du titre !

M K : Midas est mort de faim car il transformait en or ce qu’il touchait ! Vos salariés millionnaires mourront de soif, par incapacité de rendre liquide leur fortune.

Z M : Pas de quoi rire : c’est le drame du succès.

M K : Mais c’est la recherche du profit qui vous pousse au monopole !

Z M : Non, c’est toujours la satisfaction du client qui fait monter mes résultats et mon titre. L’énergie qui anime aujourd’hui le capitalisme, n’est plus la houille ou la vapeur de votre temps, puis l’électricité, mais l’information. C’est elle qui fait aller non pas plus vite, mais plus en avant et plus en détail, pour satisfaire au mieux les besoins des clients, même s’ils ne les ont pas encore formulés ! Alors le titre monte, par espoir du profit futur. Le profit n’est plus ce que l’on a gagné et distribue, le dividende : c’est sa perspective qui fait grimper le cours boursier ! Pas monopole donc, si c’est moi le meilleur !

M K : Mais tout cela va s’arrêter : vous allez trop loin, comme tous ceux de votre espèce, avec la Libra, votre fameuse « monnaie mondiale, stable et privée » ! Vous attaquez les politiques !

Z M : Mais c’est pour aider ces pauvres d’Afrique et d’ailleurs, sans banque et spoliés par les intermédiaires quand leurs enfants leur envoient des sous ! C’est pour avoir partout une monnaie plus stable, donc plus sûre.

M K : Belle âme ! Les politiciens bourgeois aident les capitalistes à maintenir leur emprise sur le peuple, mais à condition qu’ils ne les attaquent pas ! Quelle idée avez-vous eue de vouloir les déposséder de leur pouvoir monétaire, avec la Libra ? Trump sans dollar, zone euro sans euro, Xi sans yuan, vous imaginiez qu’ils n’allaient pas réagir ?

Z M : Mais c’est pour aider !

Z M : J’ai compris : un spectre hante le monde des puissants, Facebook !