Poussés par le candidat communiste, celui d’extrême-gauche et les trois trotskystes, tous les autres les rejoignent pour contacter l’auteur du Capital.
Karl Marx : Enfin vous voilà, après avoir parlé à Keynes et Schumpeter, ces deux libéraux honteux !
Les candidats : Mais non : nous interrogeons tous les plus grands experts, pour savoir ce qui se passe et comment ils peuvent nous aider, sans ordre établi.
Karl Marx : Ce qui se passe mondialement est pourtant très simple : les prolétaires avancent, à partir de Chine cette fois et dans tout le monde pauvre, Afrique notamment, grâce à cette grandiose stratégie des « routes de la soie », avec toujours des crédits. Et la Russie revient, en Europe et aussi en Afrique, avec toujours quelques armes. C’est la révolution sociale encore en marche, contre le nouvel épicentre du capitalisme : les États-Unis. Il commence à flancher ! Un spectre hante, désormais, le monde : le communisme !
Les candidats (même ceux de gauche) : Mais au Royaume-Uni, où vous pensiez que la révolution était imminente, elle n’est pas arrivée. Et ici, la gauche n’a jamais été aussi faible !
Karl Marx : Mais c’est parce que la France n’a pas que la droite la plus bête du monde ! Et les capitalistes, qui ne le sont pas, eux, en profitent partout.
Les candidats (de gauche) : Mais on ne peut quand même pas dire du bien de Xi et de Poutine !
Karl Marx : Alors, dites du bien des exploiteurs et des affameurs ! La révolution est une lutte de dictatures, celle de la bourgeoisie ultra-minoritaire, contre celle du prolétariat, les ouvriers et les employés, ultra-majoritaire. Il ne s’agit pas de céder à l’idéologie dominante, comme vos communistes mous, et à ses nouvelles couleurs, rose ou verte !
Les candidats (de droite) : Mais c’est trop dur, trop violent : même nos concurrents de gauche ne peuvent parler ainsi, et même si cela nous arrangerait. Mélenchon ? A peine.
Karl Marx : Mais comment faites-vous pour avoir encore de la croissance, si vous ne menez pas les prolétaires au minimum vital ?
Les candidats : L’inflation nous aide, et surtout la dette.
Karl Marx : Quoi, vous endettez les prolétaires, pour enrichir les capitalistes ! J’ai écrit des pages sur la paupérisation du prolétariat, mais leur paupérisation par la dette publique qu’ils achètent : je n’y aurais jamais pensé !
Les candidats : Ce n’est pas secret : tout le monde connaît les chiffres. 115%, c’est le rapport entre la dette publique et la richesse produite, on dit : le PIB. Tout le monde est inquiet, mais personne ne veut faire d’économies sur le « train de vie de l’état », donc tout le monde achète des bons du trésor ! Et vous, vous préférez la faillite et la misère, pour qu’ils se révoltent ?
Karl Marx : Non : les révoltes ne donnent pas des révolutions, mais des feux de paille. Mais vous, vous préférez les endetter pour les ruiner dans quinze ans ! Je suppose que vous serez pauvres retraités ici à gauche, et riches en Suisse, à droite, tandis que Russie et Chine seront reçues comme des sauveurs.
Les candidats (de droite) : Donc il n’y a qu’une solution : davantage de croissance et de compétitivité privée en France, pour exporter, et de compétitivité publique, en réduisant le nombre de fonctionnaires et la dépense publique. Donc des grèves : ce sera le prix à payer, mais il faut expliquer ce qui nous attend, si nous ne faisons rien.
Les candidats (de gauche) : Donc il n’y a qu’une solution : davantage de taxes et d’impôts, sur les hauts revenus et les gros patrimoines. Il faut encore réduire les inégalités.
Les candidats (de droite) : Mais les jeunes innovateurs et les vrais riches vont partir là où il y a de l’argent, pas de syndicats, peu de contrôles et d’impôts. Ici, la faillite viendra : qui voudra acheter nos bons du trésor et nos entreprises ?
Karl Marx : Mais ces bons ne vaudront plus rien et les prolétaires achèteront alors les entreprises en solde : faites des Coopératives ouvrières, nationalisez !
Les candidats : Des Kolkhozes ! Imprésentable !
Karl Marx : Mais, si à gauche, vous voulez une révolution tranquille, tandis que la droite sait toujours où mettre son argent, rien ne changera. Si vous ne voulez pas dire où mènent vos deux politiques, ce sera terrible pour tout le monde !
Les candidats : Vous êtes toujours aussi dur ! Rien de plus doux ?
Karl Marx : Plus doux que Poutine et Xi, c’est possible.
Les candidats : Je propose qu’on se concerte.
Karl Marx : Misère de la politique !