Zoom entre Carl von Clausewitz, l’auteur de « De la Guerre » et tous les candidats à la Présidentielle

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 Zoom entre Carl von Clausewitz, l’auteur de « De la Guerre » et tous les candidats à la Présidentielle

Avec l’Ukraine, les candidats se décident, après discussions, à consulter l’officier général prussien.

Carl von Clausewitz : Dieu, quelle surprise, un groupe d’ennemis venant de chez Napoléon !

Les candidats : Ennemis, mais il y a longtemps : l’Empereur est mort, le vôtre aussi ! Nous venons pour connaître votre analyse sur l’Ukraine. La Russie veut-elle « abattre l’adversaire… par un usage illimité de la force », comme vous l’écriviez ?

Carl von Clausewitz : D’abord, pardonnez ma réaction : un vieux réflexe ! Ensuite, sachez que je regarde, d’ici, les guerres de votre bas monde : pareil ! Enfin, faites attention à bien me lire, tant je suis caricaturé, sinon trahi.

Les candidats : Mais vous avez été terrible ! Car c’est bien vous qui avez écrit : « la guerre est un acte de violence et il n’y a pas de limite à la manifestation de cette violence ».

Carl von Clausewitz : Oui, mais c’est parce que j’ai «écrit : « la guerre est une simple poursuite de la politique par d’autres moyens ».

Les candidats : « Une simple » !

Carl von Clausewitz : Oui. Les activités militaires sont constamment politiques. La guerre ne se fait pas en un seul coup, mais dans la durée : elle est une menace permanente. J’ajoute que tous les pays riches sont aujourd’hui surarmés, avec leurs bombes nucléaires plus ou moins déclarées. Ils veulent éviter l’horreur de la conflagration, sans oublier surtout leur peur de mourir, typique des démocraties opulentes.

Les candidats : Alors, nous irions partout vers la paix ?

Carl von Clausewitz : Au contraire : regardez l’Ukraine ! D’abord, les guerres actuelles se font avec des armes classiques et des troupes au sol : les bombes servent pour les défilés. Ensuite, je me répète, mourir pour Kiev est impossible pour les riches démocraties : du sang, mais pas le leur, pas chez elles. Poutine et Xi le savaient, Biden leur a confirmé !

Les candidats : C’est pour cela qu’on ignore jusqu’où ira l’invasion. Macron pensait à une désescalade, avant l’anschluss du Donbass ! Scholtz négocie son gaz. Poutine se dit menacé par l’Otan, cette organisation défensive qui l’entoure de trop près ! Et ce président ukrainien qui voulait entrer dans l’Otan : hors de question, et dans l’Union européenne : elle a pris « acte de ses aspirations » !

Carl von Clausewitz : Vous avez peur ?

Les candidats : Mais non ! On se dit que la Russie est une puissance moyenne avec son PIB de 1500 milliards de dollars, moins que les 1900 de l’Italie. Mais on sait aussi qu’elle a les premières réserves de gaz du monde (19%) et les sixièmes de pétrole (6%), sans oublier le cuivre et ce qu’il doit y avoir en Sibérie ! Pour ses réserves monétaires, la Russie a empilé 585 milliards de dollars, largement bloqués, à côté de 6000 bombes nucléaires, comme les États-Unis, dit-on. Au fond, cette Russie n’est pas si « moyenne » que cela !

Carl von Clausewitz : Vous pensiez que Poutine n’avait pas réfléchi et vous voulez lui faire la guerre avec des sanctions, par Ukrainiens interposés ?

Les candidats : Mais non ! Malgré tout, Poutine a le temps devant lui et s’entend avec Xi. Il peut résister grâce à son gaz et à son peuple, habitué à souffrir en silence. En même temps, il reçoit des menaces de tous, ce qui fait qu’il en découvre certaines, pour s’en protéger. Ainsi de la fameuse menace financiaro-nucléaire des Américains : couper la Russie de SWIFT, donc des transactions financières mondiales. Sans SWIFT, le système bancaire et financier russe devait s’effondrer, sauf que les Russes ont développé l’équivalent, le SPFS, connecté à la Bank of China, Chine qui développe son système de paiement transfrontalier, le CIPS (Cross-Border Inter-Bank System). Donc plus de transactions échapperont aux sanctions américaines, en évitant le dollar !

Carl von Clausewitz : Alors vous allez négocier, si vous ne pouvez financièrement anéantir l’ennemi ?

Les candidats : Mais non ! Nous allons renforcer les sanctions, ce qui n’empêche pas d’écouter les propositions de Poutine. Il s’assouplit : fini le retour de l’Otan à ses frontières de 1997, pas d’Ukraine dans l’Otan bien sûr, mais une Ukraine désarmée et sans le Donbass – on en discutera. Il faut que chacun sauve la face !

Carl von Clausewitz : Bien sûr ! Comparez donc la guerre au commerce, qui est aussi un conflit d’intérêts et d’activités humaines. Alors : bon combat, les « commerçants » !

Les candidats : Il est sérieux ? Il se moque ?