Bonne nouvelle : la croissance s’accélère. Vers 3,2% en rythme annuel en fin d’année en zone euro ? L’euro passe au-dessus de 1,19 par rapport au dollar, le Cac tutoie 5400, le Dax 13000 et l’EuroStoxx50 3600. Derrière ces réactions de marché, les indices d’activité Markit battent des records : l’Indice de l’Activité Globale est à 57,5, au plus haut depuis 79 mois, l’Indice Services au plus haut depuis 6 mois, et celui de l’Industrie manufacturière au plus haut depuis 211 mois ! La croissance s’accélère donc partout, et avec elle les tensions sur les capacités, l’emploi et bientôt les prix.
Bonne nouvelle… compliquée : dans ce contexte, en effet, la BCE va devoir réviser à la hausse ses prévisions de croissance (de 1,8 à 2,1% pour 2018) et de prix : vers 1,4% en 2018 et 1,5% en 2019. Nous ne sommes pas à 2%, mais de plus en plus près, allant vers 1,8% en 2020, surtout si l’économie mondiale renoue avec l’inflation. Peut-être qu’alors la BCE devra annoncer la fin de ses achats de bons du trésor, alors que le message de Mario Draghi était « jusqu’à septembre 2019, puis au-delà si nécessaire ».
Benoit Cœuré avance ainsi l’idée que les nouveaux achats de bons du trésor pourraient cesser en septembre 2018. Il indique alors que la BCE continuera d’agir plutôt par le réinvestissement des bons qui arrivent à maturité, et plus encore par la forward guidance. Le lien entre achat d’actifs publics et inflation serait en train de s’affaiblir. Il serait moins nécessaire de les acheter pour faire baisser les taux et faire repartir l’économie.
N’empêche que le retour de l’inflation sera lent, sans compter les autres complications, qui viennent de la scène politique : alliance de la droite avec l’extrême-droite en Autriche, nouvelles tentatives de coalition en Allemagne entre CDU et SPD, élections proches en Italie et vote en décembre en Catalogne.