Xi joint Poutine

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 Xi joint Poutine

Pendant le vote en France, un échange tendu.

Xi : Qu’est-ce qui t’a pris, avec l’Ukraine ? La dernière fois qu’on s’était vus, tu m’avais dit que tu voulais occuper le Donbass, où ils parlent ta langue et que les Ukrainiens maltraitent, selon toi toujours. Mais tu attendrais la fin des J O. Alors, six jours avant ton équipée, je t’achetais des tonnes de charbon. Mais il ne s’agissait que du Donbass !

Poutine : Oui, je ne pouvais pas tout te dire : tu ne m’aurais pas permis. Ensuite j’ai été surpris de la résistance des locaux, ce qui a permis à cette lente Europe de se réunir derrière Biden, qui s’est réveillé !

Xi : Mais il ne fallait pas leur donner ce « courage » de te sanctionner, en les attaquant si mal ! Tu as fait renaître l’Otan, remilitarisé la zone euro, l’Allemagne se paye des avions neufs, américains d’ailleurs, et ils voudront moins de ton gaz ! Et moi, à cause de toi, impossible de m’occuper de Taïwan. Mon île va être aidée par eux pour se développer plus et se défendre mieux, entourée de patrouilleurs américains, australiens et même anglais !

Poutine : Je sais. J’avais pensé qu’en Ukraine ce serait plus rapide qu’en Afghanistan. Mais tout le monde voit ma force et ma ténacité !

Xi : Tout le monde va surtout reconstruire ce qui reste d’Ukraine en ultramoderne, comme pour la vitrine de Berlin Ouest. Tu as vu ce que ça a donné.

Poutine : Alors il leur faudra du gaz, du pétrole, du titane, du nickel, du cuivre : c’est moi qui les ai.

Xi : C’est surtout moi qui te les achète. Fais-moi donc penser à te demander une autre réduction : aucune raison pour que je te finance cette guerre, comme les Allemands. Et attention à ne pas abuser de la situation : ton Nordstream II va rester longtemps sans marcher. Tu risques de laisser dans ton sol tes richesses fossiles, jusqu’à ce qu’elles soient moins utiles, donc moins chères.

Poutine : Tu as raison, mais la croissance mondiale viendra surtout de chez toi, de ta région et de tes « routes de la soie ». Les autres pays vont ralentir et se fissurer.

Xi : Méfie-toi des secousses que tu provoques, de ces « grands bons en avant », comme on disait du temps de Mao. On ne sait jamais ce que ça donne. Deng Xiaoping  avait raison, quand il proposait de « traverser la rivière en tâtonnant pierre à pierre ». La Chine, grâce à mes prédécesseurs et à moi surtout, préfère la stabilité à la liberté.

Poutine : Je sais, mais moi, je ne veux pas tant aller « en avant » qu’« en arrière », pour reconstruire ma Russie historique que les États-Unis et l’Europe, ou plutôt la CIA, n’ont cessé de détruire. Et toi aussi, tu veux reconstruire la Chine historique, celle que l’histoire portait vers l’avant : celle des Han, avec le Tibet, dans le Xinjiang, pour résorber le problème des Ouïghours, avec Hongkong, pour avoir un centre financier « américano-compatible ». Te reste Taïwan. Mais pour consolider ta stratégie mondiale, il te faut, avec tes « routes de la soie », une armée moderne et des bases militaires. Et tu auras alors « mes » ennemis, unis contre « nos » valeurs !

Xi : Tu as raison, mais moi j’avale bouchée par bouchée, de plus en plus grosse chaque fois. J’attends, pour Taïwan, la récession américaine qui vient et « d’emprunter la soupe du voisin pour y cuire mes nouilles ». Mais à cause de toi, cette guerre d’usure sera plus longue.

Poutine : Moi aussi, j’ai agi par étapes : Transnistrie en 2006, détachée de la Moldavie, Abkhazie et Ossétie du Sud détachées de la Géorgie en 2008, Donbass à moi depuis 2014 au moins, comme pour la Crimée. Et j’ai souvent organisé des referendums et les Parlements, ainsi rattachés, ont tous été d’accord. Sans compter tout ce que je fais au Kazakhstan, au Haut Karabakh, au Tadjikistan ou en Afrique ! J’ai seulement sous-estimé le cas ukrainien.

Xi : Oh oui, mais du coup tu bloques tous mes « trains de la soie » : ils ne peuvent plus aller en Europe !

Poutine : Aide-moi. Nous voulons notre puissance ancienne contre un même ennemi : les États-Unis.

Xi : Oui. Et à propos d’Empire, fais-moi penser à Haishenwai, que tu m’as prise en 1860, avec ces « Traités inégaux », et que tu as baptisée Vladivostok. Et n’oublie pas que je te fournis seul, désormais, en high-tech. Se rapprocher davantage ferait parler d’un « club des illibéraux », or je dois diversifier mes clients !

Poutine : Mais les États-Unis sont La démocratie dominante et en déclin. Nous revoilà dans le Sens de l’Histoire.

Xi : Oui, mais pour dominer, il faut être attirant !

Poutine : Si tu le dis…