Xi et Poutine sur l’Ukraine, Taïwan, puis le reste

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 Xi et Poutine sur l’Ukraine, Taïwan, puis le reste

Xi : Les dernières nouvelles que j’ai de ta guerre en Ukraine me montrent que c’est dur pour toi. Et même si tu avances un peu avec ton armée, ton économie faiblit. Tu es forcé de vendre ton pétrole moins cher, puisque l’Europe n’en veut plus.

Poutine : Je t’en prie : n’écoute plus les médias américains ou anglais ! J’avance, et pas seulement en Ukraine. Regarde le Kazakhstan, l’Arménie et la Turquie, plus l’Afrique, le Mali et le Burkina Faso, que je découvre. Oui c’est vrai : je fais un rabais aux Indiens pour mon pétrole, mais plus petit que le tien. Et ce n’est pas « ma guerre », c’est « notre guerre ».

Xi : Mais, c’est toi qui as commencé ! Tu veux le Donbass, après la Crimée, puis tu te retireras du reste et tu demanderas des garanties pour que l’Otan reste où elle est.

Poutine : Fais attention : ce que tu viens de dire, ce sont mes conditions ultra-secrètes pour signer ! Et nous avons entre nous un accord « d’amitié sans limites » !

Xi : Accord que je regrette. « Sans limites » n’a aucun sens diplomatique. Sans limites… à la hausse, et c’est la guerre mondiale. Sans limites… à la baisse, et tu sautes tandis que moi je suis embêté dans le parti, ou par des nationalistes… qui voudront rediscuter des « traités inégaux », dont celui d’Aïgoun avec Alexandre II en 1858. On reparlera de Vladivostok ou de Haišenwai, ce « petit village balnéaire », en langue mandchoue, où tu gares ta flotte du Pacifique, à 1300 kilomètres de mon bureau !

Poutine : Arrête, nous sommes alliés. Je veux reconstruire l’URSS de Staline et la Russie de Pierre le Grand.

Xi : Et Lénine ?

Poutine : Ça, c’est pour l’Afrique ! Et Mao ?

Xi : C’est pour Taïwan. Il ne s’agit plus de Marx pour aucun de nous deux. De ton côté, tu veux affaiblir l’Europe. Et moi, puisque depuis 2004 nous avons enfin consolidé nos 4 800 kilomètres de frontière commune, je suis tranquille de ce côté, le nôtre désormais, et fais face aux seuls États-Unis, qui veulent m’encercler.

Poutine : Les pays de l’Ouest ont fini par comprendre et réagir. Pourtant, ils auraient pu s’inquiéter quand j’ai repris chez moi les bombes atomiques installées en Ukraine, en promettant de la protéger, ou quand nos stratèges écrivaient que la Russie sans l’Ukraine n’était plus un empire !

Xi : Ils ne lisent pas, ni ne voient au-delà des profits d’un trimestre. Et ils auraient pu penser que le go n’était pas seulement un jeu chinois pour enfants !

Poutine : Décadents !

Xi : En attendant, nous devons tenir un an.

Poutine : Un an ? Parce c’est, selon toi, le temps que je pourrai résister ?

Xi : Mais non : dans un an, nous serons en présidentielle américaine. Il nous faudra mettre l’accent sur ce que coûte aux USA leur soutien à l’Ukraine : ça ne les fait pas plus grands, comme dit notre allié Trump.

Poutine : Un « idiot utile », comme disait Lénine.

Xi : Pas le seul, mais le meilleur ! Nous allons l’aider. Il nous embête bien sûr, mais c’est ainsi que les Américains croient qu’il est indépendant de nous. Surtout, comme pour lui le business est plus important que le pouvoir, c’est parfait pour nous qui pensons le contraire.

Poutine : Moi aussi, je vais soutenir ses efforts pour qu’il soit réélu après le vieux Biden.

Xi : Et après ?

Poutine : Après il nous faudra nous renforcer plus en divisant davantage les États dits Unis. Ils sont sur une pente guerrière. Il faut leur montrer qu’ils n’ont rien à y gagner. Ça dépendra de toi avec Taïwan : un statut spécial pour l’île ?

Xi : Et toi pour la Crimée ?

Poutine : Il faudra voir ce qu’on obtient en échange. Moi j’aime l’Afrique.

Xi : Moi aussi ! N’oublie pas qu’il faut que tu te remplumes et payes pour ce que tu as fait en Ukraine.

Poutine : Moi payer, jamais !

 

Xi : Attention : je te soutiens, mais pas si tes limites mordent sur les miennes ! Tes alliés te craignent certes en Afrique, mais ils sont bien plus dépendants de moi avec mes « routes de la soie ». Je paie pour qu’ils m’approvisionnent. L’amitié sans limites dépend des limites que se donne l’ami.

Poutine : Tu veux dire que tu y perds, en me soutenant ?

Xi : Pas encore : l’Iran, la Turquie et même l’Arabie se rapprochent de moi. L’Arabie ! Elle regarde les USA te couper du système mondial des transactions qu’ils gèrent, pour faire effondrer ton système bancaire, et elle s’inquiète… Heureusement, j’avais un système de secours, on ne sait jamais avec eux, et je te l’ai passé !

 

Poutine : Quelle leçon de réal-politique

Xi : Avant tu disais de… matérialisme historique !