Vers une écologie sociale, verte et de marché ?

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 Vers une écologie sociale, verte et de marché ?

 

L’écologie sociale de marché devient-elle la pensée économique dominante… en politique ? De fait, on trouve partout des préoccupations et des idées « vertes ». Mais comment et jusqu’où vont-elles se concrétiser ? Avec quels effets, positifs ou non ? Allons-nous… vers un Vert moderne, utilisant les derniers ressorts de la science pour obtenir plus de croissance, avec moins d’empreinte carbone ? Ou vers les Verts de cultures variées, signant la fin des vastes monocultures monochromes (et moins chères) ? Ou encore vers de Verts potagers au lieu de parkings pour les voisins, puis sur les toits et aux balcons ?

Aux États-Unis, l’élection de Joe Biden amène un Vert américain, un green à définir.  Le pays rejoint l’Accord de Paris, mais on en voit les limites, avec ces « imprécisions » techniques, indispensables alors pour obtenir l’acceptation unanime des participants. C’était : « tous d’accord ou pas d’Accord » ! Il s’est donc fait, au bénéfice de la Chine et de l’Inde. Elles pouvaient croître, en modérant « volontairement » leurs émissions, ce qui « forcerait » les autres à s’ajuster, États-Unis d’abord. Mais l’Amérique s’est bâtie sur le pétrole et l’automobile, et ne veut pas aider la Chine ! D’où le sommet lancé par Biden, pour faire du verdissement US un avantage compétitif et pousser la Chine à aller plus vite, en faisant oublier Trump !

Verdir l’Allemagne est un vieux sujet, mais avec un grün devenu très politique après l’élection d’Annalena Baerbock comme candidate des Verts à la Chancellerie. Pour gagner, ce n’est pas comme en France : chaque parti en lice se présente aux élections, le mieux placé devant organiser ensuite une coalition avec d’autres, ce qui peut prendre des mois ! D’ores et déjà, les Verts allemands pèsent. Au niveau national, les sondages leur donnent plus de 20% des intentions de votes et ils participent à onze des seize gouvernements régionaux, tantôt centre-droit, tantôt centre-gauche. Ils viennent de publier un programme détaillé, quasi de gouvernement, ce qui sous-entend qu’ils sont au fait de leurs difficultés, sinon de leurs contradictions : énergie verte, son prix, sa disponibilité et ce que devient la compétitivité allemande. De son côté, la Chancelière Merkel a, depuis des années, arrêté le nucléaire… pour éviter le sujet et doit fermer les mines de charbon ! Ceci pousse à construire des forêts d’éoliennes en mer du Nord, à sous-traiter plus de pièces industrielles en Roumanie ou Hongrie sans trop mesurer leur empreinte carbone et à achever le gazoduc qui reliera, sous la mer, la Russie à l’Allemagne, au grand dam de Trump puis de Biden. En fait, aussi longtemps que le prix du carbone ne sera pas plus élevé, « importer de la pollution » sans taxe compensatrice aux frontières est commode, et pour les grünen et pour l’industrie automobile !

Verdir la France est plus partisan, surtout de gauche, à partir de grandes villes « conquises » (Bordeaux, Lyon, Grenoble), en liaison avec un (ou deux) candidats qui rêvent de l’Elysée ou, à défaut, de Matignon. Problème, les Verts français semblent moins ouverts à des percées scientifiques, notamment dans une agriculture génétiquement modifiée et moins encore dans le nucléaire, dont ils contestent le caractère « décarboné ». Ils préfèrent de nouveaux comportements de consommation : résiliences alimentaires locales, nouvelles mobilités, à vélo, chaînes de productions nationales, européennes à défaut, plus de recyclage et de réparations, avec plus de « sobriété ». Ils évoquent peu les effets de tous ces choix sur les emplois automobiles, nucléaires, textiles ou de distribution, sauf pour vanter des emplois municipaux verts… en compensation !

Mais il se trouve que tout boucle, aux États-Unis, en Allemagne, en France ! Le PIB ne fait pas forcément le bonheur, mais il n’est pas sûr qu’un PIB plus vert fasse un « meilleur PIB », avec de bons emplois à la clef dans la concurrence mondiale, sans réfléchir à long terme pour gérer la transition et sans beaucoup investir.  Une économie plus verte et efficace doit être plus moderne et scientifique. Il ne s’agit pas de réduire les herbicides en faisant arracher, à la main, les « mauvaises herbes » par des saisonniers roumains ! Oui le PIB date. Il cumule les Valeurs… Ajoutées, sans grand souci de leurs effets négatifs. Mais il permet aussi de les réduire par des règles et taxes à rendre valables pour tous, si on les veut efficaces.

Alors : Vert le marché mondial ?