France, regardons quatre faits : • l’activité se stabilise, avant de remonter légèrement. En janvier 2014 en France, l’indicateur du climat des affaires s’établit à 94. Certes le chiffre est au-dessous de sa moyenne de longue période (100), mais au moins il est stable depuis plusieurs mois. On retrouve cette même stabilité dans l’industrie et les services. Mieux, l'indicateur de retournement indique une situation conjoncturelle favorable et les enquêtes sur l’investissement commencent à être mieux orientées. • l’emploi continue de baisser. En décembre 2013, le nombre de demandeurs d’emploi s’établit à 3 303 200. C’est + 0,3 % sur un mois, soit + 10 200, et + 5,7 % sur un an. • les crédits aux entreprises n’augmentent pas. La croissance de l’encours des crédits aux sociétés non financières est faible en novembre (+0,3 % sur un an après -0,1 % en octobre, également sur douze mois). Le repli des crédits de trésorerie s’atténue un peu (- 3,9 % après - 6,1 % en octobre) et la faible progression des crédits à l’investissement se poursuit à 1,9 %, comme en octobre, • l’inflation reste toujours faible : elle s’établit sur un an à 0,8 %.
France, faisons attention :
- les salaires vont plus vite que l’inflation et la valeur ajoutée au troisième trimestre. La masse salariale gagne en effet 0,2 % et la valeur ajoutée baisse de 0,3 %. Sur les deuxième et troisième trimestres, la valeur ajoutée augmente en moyenne de 0,3 % par trimestre et la masse salariale de 0,4 %. Moralité, l’emploi baisse de 0,2 % au troisième trimestre après 0,1 % au deuxième,
- l’ajustement se fait sur les profits, l’investissement et l’emploi.
En France, c’est sans emploi (jobless), sans crédit (creditless), mais pas du tout sans salaire (wageless). Donc c’est sans profit (profitless), sans investissement (investmentless)… à tel point que ce n’est pas une vraie recovery !
Que se passe-t-il hors de France ? Trois cas se présentent :
- cas anglais, « l’illusion nominale » du cher Keynes : l’inflation est forte et dépasse les salaires. Depuis fin 2007, les salaires nominaux montent de 1,6 % en moyenne et l’inflation de 3 %. Le salaire réel baisse donc et l’emploi monte – même si la demande est faible – au détriment de la productivité. On peut se dire que les salariés anglais, en pleine illusion nominale, ne « voient » pas l’inflation, autrement dit la baisse de leur salaire réel. Les entreprises embauchent, au détriment de la productivité ce qui posera un problème quand l’activité repartira – mais ce n’est pas maintenant,
- cas américain, seuls les meilleurs salariés restent, une « sélection naturelle » à la Darwin : parce que l’inflation est faible et que les salaires nominaux ne peuvent pas aisément baisser, les salaires réels progressent, donc l’ajustement se fait par la baisse des emplois les moins productifs, ce qui fait monter les profits en début de reprise. Ensuite, comme on le voit aujourd’hui, l’emploi repart, avec retard par rapport aux reprises antérieures et surtout grâce à cette baisse de la population active potentielle. Cette baisse inquiète les experts car elle pèsera sur la croissance future et donc l’emploi à venir – mais c’est pour plus tard,
- cas espagnol, baisse des salaires nominaux et plus encore des prix, l’ajustement classique « à la Adam Smith ». C’est en effet le cas le plus violent. Les entreprises reconstituent alors leurs marges. Elles sont poussées à exporter face à une demande interne qui s’effondre et se trouvent aidées par une forte amélioration de la compétitivité coût. C’est bien ainsi que le Sud, au sens large, est en train de remonter.
Quel cadre pour le « pacte social » en France ? Implanter le théorème de Schmidt.
- il faut stabiliser les salaires nominaux : la désinflation est significative et va durer, sachant que l’euro restera fort, les taux d’intérêt sont plutôt à la hausse et que la concurrence du nord et du sud va croître. Il faut convaincre les partenaires qu’une hausse des salaires au-delà de l’inflation serait plus dangereuse que jamais et donc parler formation,
- il faut mener une véritable baisse des charges salariales, forte et rapide, de manière à gagner en compétitivité et à faire remonter les marges des entreprises. Les complications et incertitudes que l’on a aujourd’hui, notamment sur le CICE, rendent la mesure sans effet,
- cette baisse des charges salariales ne peut se gager que sur une réduction des dépenses publiques, pour des raisons d’équilibre budgétaire et pour bien montrer qu’il n’y aura pas de hausse d’impôts. Il faut annoncer que ce choix pèsera sur la croissance dans un premier temps, mais nous n’avons plus le choix. Ensuite, la croissance repartira, plus forte car plus saine.
En France, l’amélioration de l’emploi sera strictement conditionnée à la remontée des marges privées, un effort devant être fait pour réduire immédiatement et clairement les charges et former plus et mieux les jeunes (à l’école) et les adultes (dans l’entreprise). Le profit fera l’investissement en France, puis cet investissement en France fera l’emploi en France. C’est cela être social-démocrate… en France !