80 000 vaccinés en France, contre plus de 400 000 en Allemagne. Se faire vacciner ici contre le COVID-19 n’est pas à la portée de tous. Il vaut mieux être en EHPAD et, plus encore, pris en charge par un docteur qui aura lu les 45 pages du guide du Ministère sur le sujet et osera s’y lancer. On y lit en effet : « la vaccination est un acte médical (Merci de l’information !). Elle repose sur deux piliers : 1. Le respect des dispositions générales du code de la santé publique concernant l’information des usagers et l’expression de leur consentement ; 2. L’estimation au cas par cas des bénéfices et des risques pour le patient. » Et, au cas où cette « estimation » serait trop facile, « il est indispensable d’assurer la traçabilité du recueil du consentement » dans le dossier médical – easy. Contrairement aux critiques que l’on entend partout, on doit donc être surpris que le processus de vaccination soit si… rapide ici, avec tous ces obstacles ! Des centaines d’épaules les ont franchis! Et si on propose, pour aller plus vite, de se faire vacciner dans un dispensaire, par une infirmière, un pharmacien ou un dentiste, attention aux réactions effarouchées des lobbies réunis, devant les « risques » ainsi pris.
Revoilà notre cher « Principe de précaution » tout comme, sous une autre forme, dans « le droit d’alerte et de retrait ». C’est celui qu’a tout salarié de quitter son poste lorsqu’il juge que « sa situation de travail présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé ». Pas besoin de l’accord de l’employeur, pas de retenue sur salaire ni sanction ! En outre, ce salarié n’a pas à prouver qu’il y a danger : « il doit se sentir potentiellement menacé par un risque de blessure, d’accident ou de maladie ». Et ce risque peut être immédiat ou survenir dans un délai rapproché (Source : Service-Public.fr). Voilà qui est précis : saluons tous ces salariés qui bravent les risques conjoints du travail et du virus !
Bien sûr, ces textes et lois veulent protéger la vie humaine : noble souci. Mais on voit aussi à quel point leur interprétation peut s’étendre. Les soignants peuvent s’inquiéter de leurs responsabilités, comme les chefs d’équipes ou de chantiers, plus les enseignants. Chacun peut chercher à se couvrir, demander plus d’avis, conseils, papiers, tampons et signatures.
Qu’il était donc pesant et mal écrit, ce Principe de précaution qui entra dans la Constitution en février 2005, pour se prêter à un tel contre-sens viral ! « Lorsque la réalisation d’un dommage, bien qu’incertaine en l’état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l’environnement, les autorités publiques veilleront, par application du principe de précaution, et dans leurs domaines d’attribution, à la mise en œuvre de procédures d’évaluation des risques et à l’adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage. » On doit comprendre que, quand il y a risque et méconnaissance, il faut agir, pour empêcher. La précaution est l’inverse du proverbe : « dans le doute, abstiens-toi », mais c’est lui qui l’a emporté !
Quel dommage de ne pas traiter la précaution… avec précaution ! Pour les « experts », la chose était pourtant claire. Ils se souviennent du moratoire souhaité, en 1975, sur les manipulations génétiques. Ceci donnera en 1992, à la Déclaration de Rio : « En cas de risque de dommages graves ou irréversibles, l’absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l’adoption de mesures effectives visant à prévenir la dégradation de l’environnement. » La prévention veut empêcher, la précaution faire attention et surtout aller plus vite pour mieux savoir, comprendre, protéger et avancer.
Le « principe de précaution » est un appel à l’action et au courage. C’est l’opposé du « précautionnisme » qui fait tout retarder, tandis que les peuples veulent vivre mieux ou rattraper leur retard, poussés par leur foi dans l’avenir, la nécessité ou parfois la contrainte politique. Bien sûr, il y aura toujours des inquiets et des aventuriers, plus des esprits qui se disent que le collapsus étant certain, autant l’aimer. Viennent alors décadence, décroissance, déconstruction et désespoir, tous à cause « du pouvoir » bien sûr ! Suivent psychanalystes et médias. « D’abord, ne pas nuire », disait le vieil Hippocrate. Et nous aujourd’hui : « D’abord, faites-moi un vaccin ! »