USA, Chine, zone euro, UK, Russie, Iran : à quel jeu jouent donc ces pays ?

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Poker : c’est assez clair que les Etats-Unis en sont fous. On vient de le voir avec l’épisode du shutdown et de la dette publique. Il ne faut rien montrer de son jeu, attendre et voir celui qui tiendra le plus longtemps. Même avec peu de bonnes cartes. Mais le problème, avec ce poker actuel du plafond de la dette publique, est que le funding est entièrement externe : les billets qui s’entassent sur la table, dans la grande scène finale, sont tous empruntés. Jouer très gros avec l’argent des autres devient une adaptation qui lasse...

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Go : c’est chinois par excellence. Il s’agit d’entourer les Etats-Unis, de réduire peu à peu ses espaces de liberté. La Chine a besoin d’un port d’entrée en Europe. Or il se trouve que le Grecs ont besoin de quelques milliards d’euros… et voilà pour un bout du Pirée, sachant que les Grecs ne parleront pas trop fort (promis) quand il s’agira de savoir si le yuan est, ou non, sous-évalué. Même chose pour l’Espagne et pour le Portugal, le tout  au plus fort de la crise de la zone euro bien sûr. Bien joué. Et la Chine a toujours soutenu la monnaie unique européenne, pour que le dollar ne soit pas seul, bien sûr. Et voilà que l’Afrique a besoin de ressources financières et parfois même de main d’œuvre. Or  il se trouve que la Chine a besoin de terre agricole et aussi de votes à l’ONU, et qu’elle est peuplée, avec beaucoup de réserves de change. Et quand les Etats-Unis font encore et encore pression pour faire monter la monnaie chinoise, ce qui pose problème à la Chine en Asie surtout par rapport à ses voisins et concurrents, Indonésie, Malaisie, Corée en tête, alors la Chine développe des accords d’échange de devises avec ses voisins, au cas où une crise monétaire s’en prendrait à eux. Et voilà que les BRICS viennent de monter, eux aussi, une mise en commun de ressources monétaires en cas de crise de financement de l’un d’entre eux, et la Chine avance la moitié du « pot ». Tous ont aimé. Bien joué. Et au total, depuis 2008, la Banque centrale chinoise a ainsi noué des accords avec seize banques centrales, dont le dernier avec la Banque centrale européenne il y a quelques jours. Quant à l’Angleterre, c’est elle qui recevra le grand centre de traitement offshore du yuan…

Echecs : c’est le jeu russe par excellence, mais aussi iranien – son lieu de naissance. Pour la Russie, on a vu qu’il lui restait quelque expertise quand il lui a fallu protéger un accès à la Syrie, une expertise qu’on a d’ailleurs retrouvée en partage avec l’Iran, contre le joueur de poker américain. Et la Syrie va ainsi, peu à peu, perdre son arsenal chimique, tandis que l’Iran revient au milieu du jeu dans la région… Beaucoup de pays, Amérique et zone euro notamment, trouvent alors ce pays décidément très ouvert quand il s’agit de discuter d’enrichissement nucléaire.

Golf : jeu solitaire qui se joue à plusieurs dans des terres plutôt humides, il est anglais par nature. Il ne faut pas s’énerver mais énerver les autres, pivoter avec grâce, savoir frapper très fort ou très doucement, en fonction de son seul objectif : mettre la petite balle dans le trou.

Tir à la corde : le jeu de la zone euro. Il est assez simple, au moins au départ : il faut tirer les autres vers soi – et les faire ainsi avancer. Mais les terrains changent en permanence, comme les équipes, les cordes, les équipements, les nombres de joueurs de part et d’autre. On a souvent le sentiment que rien n’a beaucoup bougé, tout le monde est fatigué. C’est donc qu’il faut recommencer. C’est un jeu d’endurance qui fait l’admiration de tous, alors…

Jean-Paul Betbèze