USA - Chine - Arabie Saoudite - Iran : la guerre de Quatre aura-t-elle lieu ?

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 USA - Chine - Arabie Saoudite - Iran : la guerre de Quatre aura-t-elle lieu ?

Allons-nous vers cette configuration ? Elle superpose les tensions économiques et financières entre les deux premières puissances mondiales et les attaques entre les deux voisins du Moyen-Orient, deux puissances pétrolières mondiales, deux ennemis religieux. D’un côté, entre États-Unis et Chine, ce sont les armes des droits de douane qui sont surtout utilisées pour obtenir des conditions d’échange « équitables » et des droits de propriété « respectueux », entre capitalisme américain et étatisme chinois. D’un autre côté, des drones attaquent des installations pétrolières ou des cargos, entre deux systèmes opposés, religieux (sunnites contre chiites) et politiques (dynastie Al Saoud contre empire perse). Quatre : nous sommes face à quatre opposants, dans deux registres différents mais liés.

Chine contre États-Unis. La Chine est en net ralentissement. La croissance industrielle, à 4,4% en août sur un an, est à son plus bas depuis 17 ans et la croissance des ventes au détail, à 7%, à son plus bas depuis quatre mois. La Chine est frappée par les hausses des droits de douane américains, qui inquiètent. Elles font passer une partie des produits chinois par le Vietnam pour aller aux USA et payer plus cher ceux qu’ils achètent directement ! Surtout, les réseaux de production et d’achat sont en train de changer, intégrant plus l’Afrique côté chinois, l’Amérique latine côté américain. De leur côté, les États-Unis sont toujours à plus de 2% de croissance et en plein emploi. Mais ils s’inquiètent du ralentissement de leur cycle de croissance, pourtant le plus long de leur histoire : plus de onze ans. Ils veulent le prolonger par plus de dépenses budgétaires et de baisses d’impôts, et plus de baisses de taux d’intérêt. Ils ou plutôt : « il », Donald Trump.

Arabie Saoudite contre Iran : à l’évidence la rivalité monte pour dominer la région, politique et religieuse. Elle est accentuée par l’attitude par rapport à Israël : assez conciliante du côté de l’Arabie Saoudite, très hostile du côté de l’Iran. Alors les États-Unis dénoncent l’accord de paix de Vienne avec l’Iran, qui « gérait » l’enrichissement de l’uranium, et entrent dans une série de sanctions avec le pays. Ils font pratiquement cesser ses exportations officielles de pétrole, chuter sa croissance, effondrer sa monnaie et y grimper l’inflation à plus de 40%. La situation économique et sociale du pays se détériore gravement.

Alors, peut-être, le samedi 14 septembre, l’Iran attaque-t-il les installations pétrolières saoudiennes, ou aide-t-il les « rebelles Houthis » du Yemen à le faire. L’Iran nie. Pas équipées pour se protéger des drones, les installations s’enflamment. Alors les prix du pétrole montent de 20% dans l’heure, puis de 10% un jour après, puis les bourses mondiales baissent. Alors Donald Trump propose d’aider l’Arabie Saoudite à punir l’Iran, tandis qu’au G7 de Biarritz, fin août, un dialogue semblait se mettre en place entre eux !

Comment tout cela va-t-il finir ? La montée des tensions entre deux protagonistes, États-Unis et Chine, est déjà difficile à figurer, l’un (qui ?) paraissant plus indéchiffrable que l’autre. L’entrée de deux autres, dans une autre source de conflits, régionale mais à répercussion mondiale par le pétrole, peut produire des conflagrations en série. Les marchés financiers font le « service minimum » : baisse des bourses et des taux longs. Mais ceci ne peut suffire : le processus est engagé. Certes, la hausse du prix du pétrole n’ennuie pas directement les États-Unis exportateurs, mais la Chine, importante importatrice. L’essentiel n’est pas là : qui va calmer le jeu ? Arabie saoudite et Iran sont face à face, ennemis politiques et idéologiques. L’Arabie saoudite dépense près de 9% de son PIB, 60 milliards de dollars en dépenses d’armement, quatrième budget après USA, Chine, Russie, avant Royaume-Uni et France. Elle est proche du Pakistan, qui pourrait rapidement la « nucléariser » et de fait proche d’Israël qui, bien sûr, « n’a pas la bombe ». Il est donc difficile d’imaginer que le Guide suprême iranien renonce à un « équilibre des forces par la bombe », essentiel à sa stratégie d’extension.

« Cela ne te fatigue pas de ne prévoir que l’effroyable ? » demande Andromaque à Cassandre, dans la « La Guerre de Troie n’aura pas lieu ». « Je ne prévois rien. Je tiens seulement compte de deux bêtises, celle des hommes et celle des éléments », répond Cassandre.