Un krach boursier en 8 coups, et après ?

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 Un krach boursier en 8 coups, et après ?

Les faits : le CAC 40 se trouve à 6370, ce qui n’est plus les 7650 du 5 janvier : -17% et personne n’en parle. Depuis cette date, Apple a perdu 18%, Microsoft 17% et Amazon 35%, comme Tesla avec ce fantasque Elon Musk qui Twitte comme jamais.

1 : Les raisons « classiques » de cette baisse s’additionnent. On nous assure que des valeurs avaient « trop » monté, comme Netflix, Uber ou Meta (ex Facebook). C’est une « correction » !

2 : L’inflation arrive ensuite, conséquence des milliards de dollars et d’euros déversés pour faire repartir la machine, après ce Covid qui pouvait tout faire plonger. La demande va remonter, avec tout cet argent et cette « épargne forcée », faute de pouvoir sortir pour acheter, qui va se libérer.

3 : Mais comme les chaînes de production sont disloquées par le virus, d’autant que la Chine s’enferme pour le tuer, les puces manquent. Et ici ce sont les bras dans les services, donc les salaires augmentent.

4 : Plus d’inflation arrive alors, que de croissance : c’est la stagflation. En France, on compte 0% de croissance ce premier trimestre, à cause de la baisse de1,3% de la consommation qui vient des contractions dans l’hôtellerie-restauration, les achats de vêtements et la consommation d’énergie. Cette inflation qui réduit le pouvoir d’achat est une horreur pour la politique monétaire. Ainsi, en zone euro, avec 7,5% d’inflation, il faudra monter les taux. Mais, avec 0,2% de croissance seulement, il ne faudrait pas le faire ! Et c’est pire aux États-Unis, où le PIB baisse de 0,3% ce début d’année, tandis que les prix montent de 8,5% !

5 : Arrivent Poutine et la guerre d’Ukraine, préparée de longue date : on « découvre » notre dépendance au gaz, au pétrole, au blé et même aux engrais ! Le gazoduc Nordstream1 annonçait la couleur et plus encore Nordstream2, qui permettait d’éviter l’Ukraine. C’était moins cher, mais l’Ukraine avait vu le coup : moins de revenu pour elle, mais surtout plus de risque. Le gazoduc la « sanctuarisait » : la crainte géopolitique de Trump n’était pas si mal vue !

6 : Poutine continue par la finance. Il connaît la phrase communiste : « les capitalistes nous vendront la corde pour qu’on les pende ». Elle est de l’autre Vladimir : Lénine. De fait, l’Allemagne achète, chaque jour, pour plusieurs centaines de millions d’euros de gaz russe et l’Ostpolitik de Willy Brandt, depuis 1969, marque le coût de ce rapprochement : normaliser des relations politiques est une chose, instaurer une dépendance énergétique en est une autre !

7 : Plus efficace encore pour pendre les capitalistes est ce double krach : obligataire puis boursier. Covid plus tensions sino-américaines aujourd’hui, il fait tout empirer. Déjà, le krach obligataire est là : acheter aujourd’hui pour 100 euros d’obligations publiques françaises à 10 ans, rapporte 1,5 euro par an, contre 0,1 euro pour ce même montant, il y a un an ! Les épargnants qui ont acheté ces bons à l’époque se désoleront pendant neuf ans, et ceux qui voudraient en acheter, vont attendre que la hausse se calme. Pas encore, si l’inflation se poursuit et que se creuse le déficit public. Pire, il n’y a aucune raison pour que cette hausse s’arrête : ce krach obligataire s’auto-entretient !

8 : Le krach boursier ne peut alors que s’amplifier, puisque les marchés, en supposant qu’ils ne prennent pas peur de cette guerre nucléaire qu’on annonce côté russe, ni d’une attaque de Taïwan, vont refaire leurs calculs. Ils vont, au moins, prévoir un fort ralentissement mondial, sachant que la croissance américaine est actuellement négative, très faible en zone euro, nulle en France et que la Chine va encore décélérer, vers 4% au mieux. Moins de croissance, plus d’inflation et des taux qui montent !

Poutine a peut-être vu le gain à tirer de cette main tendue de l’Ostpolitik, et sûrement le piège… tendu, en « offrant » son gaz. Il ressent surtout l’éclatement de l’URSS et la montée de la Chine. S’il n’est pas à l’origine de la crise financière en cours, il entend l’exploiter : c’est « l’extension du domaine de la lutte ». D’un côté, la Russie doit gagner l’Ukraine pour renforcer son contrôle sur les anciens pays du bloc communiste et peser plus, face à la Chine. D’un autre côté, les États-Unis veulent affaiblir la Russie et étendre l’Otan… jusqu’au Pacifique. Le krach, arme non atomique mais financière de Poutine, devient stratégique et mondiale. Pour gagner, ici, il nous faut une finance bien plus stable. On s’en parle ?