Un an déjà ! Elargir le gouvernement ou approfondir le changement ?

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La crise est vraiment là, le Président Hollande va fêter son premier anniversaire « dans la gravité ». On le comprend : il n’y a pas de vraie raison de festoyer dans un pays en récession, avec un taux de chômage record. Le pouvoir use et s'use de plus en plus vite. Un rêve nouveau gagne alors la France : celui d’un gouvernement élargi. L’union des différences ferait ainsi la force des solutions. C’est peut-être vrai, mais à deux conditions : que les différences de propositions soient intégrables dans un programme qui permet effectivement plus de croissance et d’emploi - c’est la condition économique, et en même temps que les différences parties prenantes s’engagent à faire participer leurs propres troupes au changement espéré par tous – c’est la condition politique.

Le point de départ est donc celui d’un programme de réformes qui doit être assez cohérent et puissant pour changer suffisamment les comportements et obtenir une bascule visible de la dynamique économique. Pour cela, il faut se mettre d’accord sur quatre idées, avant de partir ensemble :

  • ce sont les entreprises qui créent la richesse en prenant des risques, c’est-à-dire en investissant et en embauchant,
  • pour avancer et créer, surtout dans la crise que nous vivons, ces entreprises doivent avoir encore plus de facilités que d’habitude, avec plus de simplicité et de flexibilité de mouvements. On vérifiera bien sûr ce qu’elles font, mais il faut d’abord leur faire confiance,
  • la réduction de la fiscalité dans le temps est une condition indispensable à toute prise de risque, pour que l’entreprise puisse s’étendre et attirer plus de ressources externes,
  • cette réduction de la fiscalité, pour être crédible, suppose une modernisation accélérée de la dépense publique. La dépense publique doit diminuer dans le temps.

On comprend alors que des troupes seront nécessaires pour mener les réformes, tant du côté de la sphère privée, entreprises, écoles, réseaux sociaux, que du côté de la sphère publique, pour moderniser l’organisation des villes, des régions, des systèmes de soins ou d’éducation. Pour changer, il faut proposer, décrire, puis expérimenter un ou des modèles alternatifs.

Le risque que nous courons aujourd’hui, avec ce thème du gouvernement élargi qui refait surface devant toute difficulté à changer, est d’organiser en fait une coalition paralysante. Personne ne voudrait perdre au jeu – pour pouvoir y jouer plus longtemps. Mais l’histoire connaît aussi des coalitions gagnantes, pour vraiment changer, il faut changer ensemble. Et il ne faut pas hésiter au début, pas être graduel. Il faut une masse critique, qui doit être importante dans la situation actuelle où il s’agit de frapper les esprits, pour continuer ensuite, de plus en plus.  Plus de croissance privée et plus d’Etat moderne, notre stratégie semble facile à écrire. Elle est plus compliquée quand il s’agit de la mettre en œuvre, largement… et profondément.