Trump me demande de mettre à jour son « art du deal »

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 Trump me demande de mettre à jour son « art du deal »

Quelle fut ma surprise…

Ce samedi 15 février quand mon téléphone sonne, le Président Donald J. Trump à l’autre bout du « fil » ! Son message est aussi direct que clair : il veut réécrire au plus vite son best-seller de 1987 : The Art of the Deal. Il a bien besoin, me dit-il, d’être adapté à l’extraordinaire histoire qu’il a vécue, et qu’il vit, plus encore d’être adapté à ce qui se passe et à ce qu’il veut faire. Il me propose alors d’être le ghost writer d’une mise à jour, avec ses nouvelles idées, tout ce qu’il a en tête ! Comme il est pris, il lui faut une main de confiance (inconnue). Ce livre, déjà le plus important depuis la Bible, sera un formidable succès, et fera ma richesse. Pas la sienne ! En effet, comme il l’avait écrit dès 1987 : « je ne fais pas ça pour de l’argent. J’en ai eu assez, bien plus que je n’en ai besoin ». Il poursuivait : « les deals sont ma forme d’art… J’aime les deals, de préférence les gros ». Il a gardé ce choix de grandeur, mais le sens de ses récents spectacles peut échapper, d’où son appel.

 

C’est alors que j’ai lu les experts en communication

J’y ai vu que Donald Trump faisait systématiquement l’inverse de ce qu’ils conseillaient. Il ne préparait pas son argumentaire, avec questions et réponses. Il improvisait, exalté sans doute par ses propres mots. Il ne cherchait pas à être sympathique ou empathique. Il voulait marquer. On dira qu’on retient de ses innombrables prises de parole un message simple qu’il n’hésite pas à répéter, comme si son auditoire ne l’avait pas compris : MAGA, Make America Great Again. C’est le retour à la grandeur du pays, au tournant du siècle dernier. En plus, il ne recule pas devant des grossièretés, des sobriquets ou des appellations malveillantes pour ses contradicteurs, qui deviennent ses ennemis. Il répète sleepy Joe pour Biden, qui finit par lui donner raison. Tout cela est déconseillé !

Pour lui, l’art de convaincre devient celui de vaincre : il ne s’agit même pas de prévoir les contre-arguments pour les démonter. Il faut asséner positions, menaces et propositions, dans sa version surréaliste et musclée de l’art du deal. Et ceci capte l’attention, puis attire : le succès ! Et quand il s’agit de chiffres, de dollars ou de personnes, peu importe qu’ils soient vraisemblables, l’important est qu’ils soient gros. Il parlera de centaines de milliers de spectateurs à ses meetings, de millions d’immigrants à expulser, de milliards de dollars à couper dans les dépenses publiques pour les investir dans la recherche informatique, et d’aller au trillion pour l’Intelligence artificielle.

 

Mais que faire alors de tous ses tweets ?

Comme si cela ne suffisait pas, le vrai problème de la communication de Trump est son usage immodéré des tweets (ou « truths ») : plusieurs dizaines par jour lors de son premier mandat, moins maintenant, trop de travail sans doute. Or le tweet est ce qu’il y a de plus contraire à la négociation. Il s’agirait donc pour moi, dans ses milliers de textes, d’extraire les morceaux qui pourraient former des arguments. Et maintenant qu’il est revenu au Bureau ovale, il me faudra faire plus attention encore pour les interpréter, si j’accepte.

 

Ce qui m’ennuie le plus…

C’est quand il écrit, en 1987 : « vous ne pouvez pas être imaginatif ou ‘entrepreneurial’ si vous avez trop de préparation. Je préfère aller au travail chaque jour et voir simplement ce qui se passe ». Comment parler tout un livre de négocier les affaires du monde, si c’est au feeling ?

 

Frapper très fort

Ce sera plus difficile, dans notre monde hystérisé. Quatre ans que Donald Trump rage et ronge son frein, sachant qu’il ne pourra se représenter et qu’il y aura des élections de mi-mandat en 2027. Bientôt, on parlera de ses successeurs ! Donc il lui faut aller très vite en coupant dans les dépenses publiques américaines, en traitant les questions d’immigration entre Mexique, Canada et États-Unis, du Canal de Panama, du Groenland, de Gaza et d’Ukraine. Quelle liste !

 

Donc ce n’est pas négocier, mais sidérer que fait Trump

Sidérer, le mot est partout avec lui : c’était, pour les Romains, subir l’influence néfaste des astres. Mais pour lui, c’est frapper, alors que le deal est un arrangement. Le pire, c’est que l’on peut avoir divers deals séparés, alors que les « coups médiatiques » ne peuvent être, chacun, que plus forts que l’autre.

 

Dring

President Trump : your answer?

Moi: Sorry Mister President, I’m not feeling it.

President Trump : I knew it, deal!