Tous centenaires !

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Enfin une bonne nouvelle : notre durée de vie s’allonge. A leur naissance, les hommes nés en France métropolitaine vivent 79,3 ans en moyenne, les femmes 85,5. Sur cette lancée, les Françaises naîtront centenaires dans cinquante ans et les Français dans cinquante-cinq à soixante !

 Tous centenaires !

Avant de fêter la nouvelle et de revoir notre épargne future, partons de ce que l’on sait : notre espérance de vie à la naissance est déjà très élevée. L’explication vient de la baisse du taux de mortalité infantile. A 3,5 pour mille, elle semble ne plus diminuer : il faudra donc chercher ailleurs.

La bonne conduite… automobile vient ensuite. L’écart d’espérance de vie entre les sexes n’a cessé de se réduire. De 8,2 ans en 1994, il passe à 7,1 ans en 2003 et 6,2 ans en 2014. Dans les années 1980, l’espérance de vie masculine rejoint le rythme de croissance, rapide, de l’espérance féminine. Ce rattrapage vient surtout de la baisse de la mortalité des hommes dans leur jeunesse. Leur espérance de vie entre 20 et 59 ans a augmenté de presque deux ans entre 1990 et 2010 : c’est le recul des décès liés aux accidents !

Cependant, l’âge limite peut toujours sembler trop proche. On peut souhaiter rejoindre l’Espagne et l’Italie (le soleil ?) et mieux encore la Suède et la Suisse (le sérieux ?). Mais, dans ces deux pays où l’espérance est la plus élevée, elle commence à plafonner. Il faudra donc se comporter autrement, en commençant plus tôt. Nous avons tout à y gagner : un Français métropolitain de 60 ans peut aujourd’hui espérer vivre 23,2 ans, une Française 27,7 ans.

Pour vivre vieux, il faut :

  • naître dans le meilleur environnement possible. Là, nous sommes quasiment au meilleur niveau mondial ;
  • faire attention aux excès dans sa jeunesse : nourriture, boisson, vitesse, ceci concernant surtout les hommes. Là, des progrès sont faits, mais à consolider ;
  • s’entretenir dans la maturité. Là, le surpoids et la nourriture sont à mieux surveiller ;
  • et exercer des activités sportives adaptées à la retraite, pour que ces années gagnées soient agréables, et augmentent. Là, nous commençons.

Pour bien vivre vieux, il faut donc :

  • ne pas copier les Américains. Le dernier Prix Nobel d’économie Angus Deaton (avec Anne Case) montre en effet que le taux de mortalité remonte aux Etats-Unis seulement pour les américains blancs non hispaniques ! C’est une lost generation: vie dissolue, obésité, alcool, drogues, violence…
  • combiner son hygiène de vie à son hygiène de finance, pour gérer son épargne individuelle et collective dans la longue durée. Si le déficit budgétaire français continue de se creuser, il n’y aura pas d’autre solution que de repousser l’âge de la retraite. Il faut donc entretenir son capital humain (physique et mental) et prévoir des compléments de retraite. Les systèmes par répartition résisteront très mal à l’allongement de la durée de vie. Les systèmes de retraite par capitalisation impliqueront des produits financiers très longs, notamment en assurance vie. Les fonds de pension à la française, dont on commence à peine à nous parler, ne seront qu’un pâle soutien, car ils seront trop « jeunes ».
  • surveiller de plus en plus. Les taux d’intérêt resteront bas, avec les politiques monétaires de la BCE et de la Fed, et plus profondément avec des économies vieillissantes et épargnantes. On peut penser que notre épargne se portera alors vers le seul continent en expansion démographique : l’Afrique. Ceci nous pousse à diversifier, en surveillant et en ajustant. Investir trop en actions peut en effet s’avérer problématique si, devant des besoins croissants, nous devons, centenaires, vendre nos actions à des jeunots de 80 ans impécunieux ! Les actions, c’est le produit financier de longue garde, mais avec l’âge, il en faut moins et plus d’obligations !

Au fond, pour bien vieillir, maintenant qu’on sait que c’est très largement possible, nous devons maîtriser les techniques informatiques qui nous permettent, déjà, de surveiller notre épargne. Ce sont en effet leurs cousines qui maintiendront notre santé dans la durée ! C’est la marche, mesurée par la montre. Ce sont des contrôles réguliers (poids, tension, rythme cardiaque…), surveillés par notre balance, notre montre, notre portable ! Les amis techniques de nos sous vont devenir ceux de nos vieux jours. Ils nous permettront de rester plus longtemps dans nos domiciles, de nous entretenir mieux, sans que ceci soit pesant, avec une épargne sous contrôle.

Tous centenaires ? Oui si branchés et pas américains !

 

Voir sur ce sujet Vivre plus vieux en France, le Zoom du 3 décembre.