Top Chef : recette pour un bon plan de relance

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 Top Chef : recette pour un bon plan de relance

C’est le moment : l’horizon s’éclaircit un peu, pour l’économie et l’emploi en France

Il y a quelques semaines, chacun était chez soi, le moral au plus bas, ouvrant des boîtes de conserve et cuisant des pâtes. Rien n’allait : aucun appétit. La croissance plongeait, le moral des ménages et des entrepreneurs était en berne, le futur sombre. Aujourd’hui, on nous dit que le PIB qui devrait chuter de 11% cette année mais remonter de 7% en 2021, pour se retrouver en 2022 au niveau de début 2020. Trois ans de perdus, avec un taux de chômage autour de 15% contre 8% fin mars cette année et une dette à 130% du PIB, contre 100% ce début janvier. Ce sera plus dur et exigeant, mais pas impossible. Allons : il nous faut un bon plat, roboratif mais pas trop, pour remonter la pente d’un pas assuré et surtout tenir la distance.

 

Préparez les ingrédients, d’abord toniques

Prenez du sucre – en aides et moindres charges pour les jeunes et les entreprises, plus de liquide bancaire – pour les entreprises : il s’agit de renforcer le nouveau départ. Le plus inquiétant est le chômage des jeunes : avant les ravages du virus, son taux était de 7,8% de la population active, 7,7% pour les hommes et 7,9% pour les femmes – donc là n’était pas le vrai problème, mais de 19% pour les 15-24 ans, 7% pour les  25-49 ans et 5% pour les 50 ans et plus. Si rien n’est fait, le taux de chômage des jeunes risque de passer à 30% à la rentrée. Outre que c’est politiquement risqué, c’est injuste et grave pour assurer le redémarrage, avec ces jeunes aux compétences les plus récentes et aux appétits des plus affirmés. Donc des exemptions de charges pour les jeunes sur deux ans, devenus ainsi moins chers à l’embauche. Bon pour les entreprises et pour eux : c’est du sucre rapide !

Ajoutez encore plus de crédit bancaire pour les entreprises, surtout petites et moyennes. Vous avez arrosé l’économie au tout début, en « priant » les banques de soutenir les trésoreries. Soyons clairs : ces pressions étaient d’autant plus efficaces que l’état se portait garant, quelques mois, des crédits. Mais que va-t-il arriver aux entreprises à qui les banques n’ont pas voulu faire crédit, même avec ces garanties publiques ? Et pour celles qui ne pourront pas rembourser plus tard ? Et pour celles qui pourront juste le faire, mais sans assez investir et innover après ? Donc il faudra beaucoup de liquidités bancaires, avec des banques qui prennent plus de risques et/ou acceptent d’entrer dans le capital des entreprises.

 

Ajoutez ensuite des sucres lents, sous formes de profits

Les sucres lents classiques, pâte et pain, sont connus des cyclistes et des marathoniens. Mais cherchez plutôt le « sucre qui dure », avec l’idée qu’il aidera plus longtemps encore : le profit ! Les entreprises allemandes ont visiblement un régime qui leur va mieux, avec 10 points de valeur ajoutée de marge en plus des françaises : ça donne plus de productivité, d’innovation et de cohésion sociale. Cet ingrédient-là, faites-les naître ici. Pour le trouver, il faut plus discuter dans la cuisine, tester et changer, en regardant ce qui plaît ailleurs. Ce « sucre qui profite » vient autant de l’art et de la manière du Chef que du moral de son équipe.

 

Tout doit être autant que possible naturel et local

Vous avez vu à quel point vous étiez dépendant de fournisseurs moins chers certes, mais plus lointains. Préférez des produits au moins européens, proches et de saison. L’épreuve que nous venons de vivre vient de nous donner quelques leçons, mais pas sûr qu’elles soient suivies d’effets ! Profitez-en pour vous éloigner des complications et étrangetés excessives : la bonne chaîne de production est celle qui résiste aux chocs. Elle permettra de vous étendre, d’exporter plus qu’importer et de faire de meilleures affaires.

 

Profitez des Frugaux, mais regardez quand même à  la dépense

Pour aider, les Frugaux, Hollandais et autres, donnent même de l’argent ! Celui des banques reste presque gratuit et le Président ne compte pas. Profitez-en, mais sans excès : en regardant loin. Ne dites pas que ce seront « les autres » et leurs enfants qui paieront toujours. Ce n’est pas ainsi que vous deviendrez Top Chef : plus votre relance sera un succès, mieux nous irons, vous, eux, tous ! Mais si vous ratez par manque de conviction, de capacité d’entraînement et de vision, alors cette relance retombera sur vos pieds. L’ambiance sera terrible et vous irez vous reconfiner, dans votre restaurant, fermé.