Tocqueville : de 1789 à la Révolution COVID-19

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 Tocqueville : de 1789 à la Révolution COVID-19

Alexis de Tocqueville n’y tient plus, lui qui a tant analysé le « passage » de l’Ancien régime à la Révolution.

Alexis de Tocqueville : La Révolution COVID-19 est là ! Voici la suite de ce que j’écrivais en 1856. Je voyais alors monter en France ses deux passions : l’égalité et l’individualité, au détriment de la liberté et du souci des affaires publiques.

La Newsletter : Mais, la passion de l’individualité, ce n’est pas si mal ?

A T : Sauf, si chacun ne se soucie que de sa situation, que de l’inquiétude de « descendre » dans l’échelle sociale, ne cherche qu’à augmenter ses richesses, pour y « monter », sans s’occuper des affaires publiques, de la cité. Je crains même que ce ne soit le fondement de ce que j’appelle le « despotisme », que de favoriser ce goût de l’argent. Étant devenu la principale marque qui classe et distingue les hommes, l’État se donne alors pour objet de le gérer, pour se développer lui-même. Regardez ce qui se passe avec votre peste, ces nouvelles attestations et ces contrôles : plus d’État!

L N : Quoi, vous pensez toujours que soucis d’égalité et individualité alimentent le « despotisme » ?

A T : Oui. Plus que jamais, s’il s’agit de mener ses affaires privées sans se soucier des conditions qui permettent les libertés de tous, la santé d’abord, comme actuellement. Plus que jamais, si la volonté de sortir, fêter, profiter de la vie détourne du bien public, comme porter le masque. Et si l’accroissement de sa seule richesse se fait au risque d’une nouvelle « vague » virale. Bien sûr, je n’ai jamais pensé que les hommes ne cherchaient pas à satisfaire leurs intérêts, mais ceci doit se faire dans le cadre de lois auxquelles ils acceptent d’obéir, dans une nation aussi exemplaire que possible. La liberté de tous, pas seulement médicale, dépend de la maîtrise que chacun manifeste dans sa propre liberté.

L N : Donc vous êtes inquiets de tous ces papiers et vérifications ?

A T : Oui : c’est toujours le pays qui a le plus de libertés qui les menace le plus ! Je vois cette dérive et n’en suis pas surpris. La Révolution française est née sous une forme religieuse, abstraite et prosélyte. Elle défendait « l’Homme », pas l’homme concret, d’ici et de maintenant : elle était en réalité politique. Elle avançait masquée. La preuve : l’aristocratie avait depuis longtemps perdu ses pouvoirs en 89, au bénéfice d’une administration centralisée, à partir des administrateurs de provinces jusqu’au roi. L’aristocratie était une caste recroquevillée sur ses privilèges, en fait disparus. La « détruire » a été un prétexte, pour renforcer l’État.

L N : Aujourd’hui, l’aristocratie ce serait l’énarchie ?

A T : Non, la petite administration ! Tout s’accélère : les nouvelles techniques polarisent les richesses comme jamais, les tensions entre pays croissent. Et survient cette peste qui fait demander à l’État encore plus de protections – qu’il est trop heureux d’accorder… à crédit. Aujourd’hui, vous mettez en péril ce qui reste de vos libertés pour des « raisons médicales », qui s’ajoutent aux autres. Avoir des vaccins sûrs est une chose, mais surveiller les déplacements en est une autre ! Et vous allez vouloir éradiquer les « inégalités » de sexe et de race par de nouvelles contraintes, pas par plus de liberté.

L N : Donc vous pensez que ces « crises identitaires » sont dangereuses.

A T : Oui : tout s’ajoute. Elles alimentent, après les bonnets rouges et les gilets jaunes, le grand écart entre nos deux passions : notre haine séculaire de l’inégalité, notre goût plus récent et moins enraciné de la liberté.

L N : D’où la fraternité !

A T : Si elle résiste ! Lorsqu’on a plus de normes, on les transgresse plus. Elles renforcent notre désir de désobéir, pour prouver notre liberté contre le Pouvoir. Alors il contrôle plus, pour maintenir l’égalité !

L N : Donc la liberté perd et la violence augmente ?

A T : Comme en 89 ! Les tensions ont monté alors, dans cette « union » entre liberté et égalité, jusqu’à la Terreur ! Après, bien sûr, une certaine paix est revenue, mais avec moins de liberté, par un effet  cliquet, avec un Pouvoir plus étendu et détaillé, pour de « meilleures raisons », bien sûr !

L N : Et ceci va se répandre encore ?

A T : Regardez la concurrence mondiale, entre les régimes qui ne cherchent pas la liberté mais la stabilité et ceux, ici, qui tentent de gérer les deux, quitte à réduire nos libertés.

L N : Pas facile de préférer la liberté à l’égalité !

A T : Oui : il faut être vacciné.