C’est la déflation du COVID-19, avec chute du PIB et explosion du chômage
Après tous ces confinements, arrêts d’activité, ruptures de chaînes de production et fermetures de magasins ou de restaurants, les prix ne montent plus, voire commencent à baisser. Aux États-Unis, c’est -0.1% en mai sur un mois et -0,1% sur un an. En zone euro, c’est 0,3% en juin sur un an, avec des baisses possibles en fin d’année. C’est pire dans les pays émergents, où les prix des matières premières chutent : pétrole -38,7% depuis janvier, soja (-9,7%), blé (-25,4%) ou bétail vivant (-24,8%). Seul l’or monte (+14,7%), belle preuve des inquiétudes !
En France, il n’y a que 0,1% d’inflation en juin sur un an, venant des produits alimentaires frais : 11% ! Le confinement fait son effet, car les autres prix sont stables. Les prix industriels continuent leur baisse régulière, l’énergie chute, ceux des services montent à peine. L’inflation est partout très basse et va le rester, avec la faible remontée qui s’annonce. Les soutiens budgétaires, plus l’appui de la Banque Centrale Européenne ont évité le pire, mais ils ne peuvent faire de miracle : le chômage va peser sur les salaires, l’inquiétude se dissiper lentement, le taux d’épargne rester élevé. Ces mesures de soutien font monter la dette publique. Et comment rembourser si la déflation empire, puisque la valeur réelle de la dette aura augmenté ?
Le risque déflationniste est plus fort encore dans les pays émergents, avec les baisses des prix des matières premières liées à celles de la demande, plus la guerre sur le pétrole menée par l’Arabie Saoudite et la Russie, en pleine pandémie ! Alors les pays émergents puisent, s’ils le peuvent, dans leurs réserves, leurs fonds souverains et s’endettent sur les marchés. Sinon : le FMI ! Ils sont 77 au guichet, pour 83 milliards de dollars, sachant que l’institution assure qu’elle peut en prêter 250 à ses membres. Le risque déflationniste est si puissant qu’il dépasse l’inflation importée qui vient des baisses des taux de change. Le Brésil aurait ainsi 1,9% d’inflation contre 4% il y a un an, malgré une baisse du Réal de 33% depuis janvier : le PIB y baisse de 9,1% !
« Déflation ? La bonne ou la mauvaise » ?
Qu’est-ce donc que « la bonne » ? C’est celle du progrès économique et technique, qui augmente le niveau de vie. Elle vient de la productivité industrielle et servicielle, des innovations, des brevets, des réorganisations. Cette « bonne déflation » fait baisser les prix des automobiles ou des réfrigérateurs, en produisant plus et mieux. Mais elle a bien changé, ces dernières années ! Pour aller plus loin dans l’efficacité, sous l’aiguillon de la concurrence, donc pour faire davantage baisser les prix, elle nous a fait aller plus loin et nous installer dans les pays à bas salaires, Chine surtout. Elle nous y a fait monter des chaînes pour produire au mieux pour moins cher, ce qui fait bouger les capitaux, les idées et les hommes. « C’est moins cher ! » Mais cette « bonne déflation» se fragilise alors, avec les allongements et complexités croissants des chaînes de production. Arrive le COVID-19 qui marque la fin de cette logique, en faisant apparaître ses risques industriels, sociaux, géopolitiques et surtout sanitaires.
La bonne déflation devient « mauvaise » quand elle exagère, avec le crédit car elle oublie les risques qu’elle crée.Crises de 29, des subprimes américains de 2007 ou des dettes souveraines en Europe du sud en 2010-2012 : toutes ont été « faites » de la même manière. « Bonne déflation productive » d’abord : grâce à ses montages industriels (chaînes de production), financiers (subprimes) ou sectoriels (immobilier en Espagne), les prix de l’entreprise baissent et renforcent sa part de marché, en bénéficiant aux acheteurs. Les profits de l’entreprise montent Partout, le crédit permet d’accélérer, l’exubérance se répand, la bulle des profits naît… puis explose. Les cours boursiers s’effondrent, les dettes et le chômage restent.
Alors, contre la déflation COVID-19 : l’inflation verte ?
Avec la taxe carbone et les productions de proximité, l’écologie pourrait-elle être créer une inflation qui contrebalancerait la déflation COVID-19 ? Non : il ne s’agit pas d’éco-logis, mais de combiner innovation, prix et sécurité sanitaire, écologique, sociale. Avec plus d’investissements, de réorganisations et de formation, la « nouvelle bonne déflation » sera compétitive et européenne.