L’objectif central est d’obtenir une croissance supérieure par l’export. Le Secrétaire au Trésor Mnuchin parle même de 3% de croissance cette année, pour aller vers 3,5% : autant dire que la stratégie de D. Trump conduira à la surchauffe.
La psychologie est l’élément premier de la stratégie de D. Trump. Il s’agit d’inquiéter et de convaincre : inquiéter le Mexique, peut-être la Chine, convaincre (et inquiéter ?) les entrepreneurs américains. Vis-à-vis de ces derniers, D. Trump manifeste son « désir » de rapatriement des activités offshore et son opposition à toute fermeture d’usine. Il veut ainsi profondément chambouler les chaînes de production et rapatrier non seulement de la valeur ajoutée, mais encore de l’emploi, dans le pays. Pour cela, D. Trump veut soutenir les exportations et freiner les importations.
Son message à moyen terme est son intention de renégocier le NAFTA, avec le Mexique et le Canada, sachant qu’il vient de signer un ordre indiquant que les Etats-Unis se retirent du Traité Transpacifique.
Au-delà, trois taux de change sont dans la ligne de mire de D. Trump : yuan, yen et euro qu’il trouve trop faibles. Concernant le yuan, il continue de dire que la Chine est un « grand manipulateur ».
Dans cette stratégie de soutien à l’économie américaine par l’extérieur, la politique fiscale va jouer un rôle décisif. Il s’agit ici du projet de taxes (DBCT, Destination-Based Cash-flow Tax) pour faire en sorte que les profits des entreprises US à l’export ne soient pas taxés ! On l’imagine, le processus sera complexe, mais il est en première ligne des travaux du Congrès. Cette Taxe sera la base de la politique fiscale de D. Trump, plus encore peut-être que la baisse des impôts sur les sociétés. La bourse attend, les grandes sociétés exportatrices américaines ont fait part de leur enthousiasme.
Dans ce contexte, le déficit budgétaire américain a toute chance de monter fortement dans les deux années à venir : il atteindrait 5% du PIB en 2027, contre 2,9% en 2017 et le ratio dette sur PIB avoisinerait 90%. Evidemment, tout ceci ne sera possible qui si le Congrès l’accepte.
La Fed risque d’être un obstacle à cette stratégie. Dans sa dernière note, elle a annoncé qu’elle s’apprêtait à monter ses taux, au plus tard en mai. Et ceci va se poursuivre d’autant plus que la politique de surchauffe de D. Trump se mettrait en place.
Pour le moment, les marchés financiers voient l’évolution positive des profits et de la bourse (valorisée à 19,7 fois les bénéfices estimés à un horizon de 12 mois, au-dessus de sa moyenne à long terme de 17,2), mais ils pourraient moins apprécier la mise en cause de l’indépendance de la Banque Centrale américaine.