Soutenir l'investissement de long terme ou… de court terme ?

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L’investissement de court terme bien sûr, contrairement à ce qu’on entend ! Simplement parce que le court terme est le premier pas dans l’acte d’investir de toute entreprise privée. C’est l’acte le plus risqué, et le plus nécessaire.

 Soutenir l'investissement de long terme ou… de court terme ?

L’investissement court dans le privé n’a rien à voir avec cet emprunt perpétuel public qui ne dit pas son nom : les livrets d’épargne. De quoi s’agit-il ? Des 600 milliards d’euros d’épargne réglementée des ménages Français sur un total de 4000. En théorie, cette épargne est liquide. En réalité elle ne fait que croître car elle est sans fiscalité. Livret A, livret Bleu, LEP (Livret d’épargne populaire) et LDD (Livret de développement durable) : voilà le placement proposé aux classes populaires et moyennes. Liquidité, simplicité, rémunération réelle nette positive : rien de mieux. L’Etat le sait : c’est sa garantie en cas de tension externe sur le financement de son déficit. Alors : investissement long ou fiscalement allongé ?

L’investissement court dans le privé n’a rien à voir avec les 250 milliards d’euros des Compte épargne logement et Plan d’épargne logement. Ils bénéficient d’une fiscalité faible (mais pas nulle) pour aider au financement du logement. Alors : investissement long ou socialement affecté ? 

L’investissement court dans le privé n’a rien à voir avec les 1300 milliards d’euros de l’assurance vie en « supports euros », en réalité en bons du trésor français. C’est là l’épargne la plus stable des catégories moyennes et supérieures, à condition de la garder six ans. Alors : investissement long ou fiscalement étiré ?

L’investissement court dans le privé n’a pas grand chose à voir avec les actions fiscalement immobilisées, les 90 milliards d’euro des PEA (classique plus PEA PME-ETI) et les 250 milliards d’euros d’actions en « unités de compte » de l’assurance vie. Cet investissement est « patient » parce qu’il sait qu’il perd son avantage fiscal en redevenant liquide. Entrer, c’est ne pas sortir pendant cinq ans. Alors : investissement long ou fiscalement structuré ?

Tout investissement rêve d’être de long terme, mais il doit bien commencer par être de court terme ! C’est alors qu’il est le plus risqué car il ne sait rien de son avenir, par exemple dans les nouvelles technologies de l’information, le big data, les biotech ou les cleantech. C’est là qu’il y a le plus de risques, donc le plus d’espoir. C’est là qu’on peut tout perdre ou beaucoup gagner, pour soi bien sûr et aussi pour la communauté – car l’essentiel de la croissance en dépend. Ce qu’on ne dit jamais.

Le plus risqué, ce sont les 800 milliards d’actions non cotées qui ont les avantages fiscaux les plus réduits. Le plus risqué se trouve dans ce Venture capital qui fera la croissance de demain. Le venture capitalist sait vite, sous deux ans en général, s’il gagne ou perd. Alors il doit prendre sa perte et aller voir ailleurs, ou continuer si les choses se passent bien… et devenir cet « investisseur de long terme » dont tout le monde rêve. C’est lui qu’il faut aider à investir et prendre des risques sur ce temps court, pour recommencer. Or aujourd’hui, s’il perd, il perd – et s’il gagne, il est le plus taxé !

Lisibilité et liquidité. Soutenir l’investissement de long terme, c’est commencer par encourager la facilité et la lisibilité de l’investissement court, entretenir sa liquidité – en poussant à la distribution de dividendes sans surtaxer les plus-values à court terme, et lui permettre des relais – en donnant un rôle spécifique à des fonds intermédiaires (par exemple BPI France).

On ne peut demander à personne de s’engager sur 8 ans pour bénéficier d’une fiscalité compréhensive ! Au contraire le cas américain montre comment on passe très vite de la Silicon Valley au Nasdaq – pilier de l’expansion américaine. Ne confondons pas « patient » avec « rentier » : c’est le court qui fait le long.