Shakespeare : Boris Johnson, le marchand de Londres

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 Shakespeare : Boris Johnson, le marchand de Londres

 

Incroyable ! Nous venons, chez un bouquiniste, de trouver ce texte, comme s’il s’agissait d’un manuscrit de William Shakespeare. Sa modernité, malgré nos doutes sur son authenticité, nous force à le rendre public.

Argument :

Boris Johnson, maire de Londres, entend divorcer de Bruxelles, mais en en tirant quand même tous les bénéfices. Il ne veut payer ni les frais du procès, ni les pensions alimentaires à sa progéniture laissée sur le continent. Il plaide ses risques : les embouteillages à Douvres, la cherté accrue des aliments importés du continent, pour se faire plaindre. Mais il veut bénéficier du vaste marché qu’il quitte pour pouvoir y vendre, sans se soumettre à ses règles, étant ainsi moins contraint que ceux qui s’y débattent. En même temps, par émissaires secrets, il signe des accords que Bruxelles ne lit pas avec d’autres lieux et contrées, Japon, Australie, Singapour…Il prépare son rebond, après avoir berné les Bruxellois. Et, s’il n’y parvient pas, ce sera leur faute.

 

Personnages :

Boris Johnson : maire de Londres, fidèle à sa parole comme en amour, veut entrer dans l’histoire pour avoir fait sortir sa ville de la Ligue européenne dans les meilleures conditions possibles. D’abord, pour convaincre ses concitoyens, il fait écrire des mémoires prouvant tous les avantages qu’elle y trouverait. Il y aura plus de croissance, d’emplois et de richesses, grâce à plus de liberté de manœuvre, avec toutes les simulations qu’il faut. Puis, ayant à chercher de nouveaux alliés après cette sortie sans frais ni contraintes, il n’en fait plus mention à Bruxelles. Il y cherche plutôt un traitement compréhensif, et avertit ses navires de défendre les poissons anglais, si nécessaire.

Ursula von der Leyen : mairesse de Bruxelles et cheffe de la Ligue des villes européennes. Frêle autant que Boris est replet, elle paraît sous influences. Comprend t-elle le rôle qu’on pourrait lui faire endosser : coupable d’un divorce qu’en fait elle subit ? Avec elle, les dates limite n’en sont plus, les lignes rouges changent de couleur, suite aux appels enjôleurs de Boris.

Angela Merkel : mairesse de Berlin. Visage triste et costume strict, elle avance – lentement – pour défendre ses intérêts, ceux de sa mairie et des communes limitrophes. Sans le dire mais en le faisant entendre, elle est la caution des autres maires qui s’endettent ainsi à bon compte, et qu’elle laisse jouer.

Emmanuel Macron : maire de Paris. Jeune idéaliste disciple de Kant mais ayant travaillé aussi sur Machiavel, il échafaude de brillantes théories qu’écoutent ses pairs, ayant par devant eux la liste de ses déficits et dettes, plus ses perspectives de faible croissance. Séduisant peut-être, son PIB l’handicape.

Michel Barnier : ambassadeur de la Ligue de Bruxelles, bavard, soit inquiet, soit moins inquiet. En dépit de son âge, il porte beau. Skieur, il doit slalomer et endurer, faire des voyages et des rencontres, suite aux injonctions de la mairesse de Bruxelles. Est-il très fort ou trop souple, très malin ou trop direct, Talleyrand ou Chamberlain ?

Lord Frost : ambassadeur de la mairie de Londres, petit rôle. Il laisse parler Michel Barnier, de façon à ce que ce soit lui qui annonce une « mauvaise nouvelle », le no deal, ou bien, si tout se passe bien, un accord qu’il devra lui attribuer au moins en partie, politesse oblige, sauf à reconnaître qu’il aurait tout cédé !

BBC : Personnage retors. Il est, depuis des siècles, contre les Français et a des relations « ambivalentes » avec l’Allemagne depuis 1939. Il a donc le coupable, le maire de Paris, défenseur de la pêche française, un leurre pratique, et la riche mairesse de Berlin, à convaincre en la culpabilisant.

Presse française : Brave fille. Elle s’inquiète des risques du Royaume Uni : l’inflation, les pénuries alimentaires, la crise sociale, la City en péril. Elle comprend que Boris en ait assez chez lui de toutes ces protections sociales, qu’elle défend ici pour les Français.

 

Acte I, scène I

Boris Johnson (seul, dans son bureau du 10 Downing Street, un crâne à la main)

Être, en sortant de l’Union européenne, ou ne pas être en y restant : telle est la question. Y a-t-il pour l’âme plus de noblesse à endurer les coups et les revers de ces maudits bruxellois, ou à s’armer contre eux, pour mettre frein à une marée de douleurs ? Mourir… dormir : que nenni ! Quand un simple petit coup de pointe viendra à bout de tout cela, ce sera le mien ! Mon royaume pour leur euro : jamais !